Je vous aimois, Seigneur, une fuprême loï PHILOCTETE. Je fai qu'Oedipe eft votre époux: Je fai qu'il en eft digne; & malgré fa geunesse, L'Empire des Thébains fauvé par fa fagefle, Ses exploits, fes vertus, & fur tout votre choix Ont mis cet heureux Prince au rang des plus grands Rois. Ah! pourquoi la fortune à me nuire constante, Vous ne connoiffez pas quel eft votre malheur. dre encore? JO JOCASTE. Vous éres dans des lieux qu'un Dieu vangeur abhore. Un feu contagieux annonce fon couroux, PHILOCTETE. Madame, je me tais, une pareille offenfe Etonne mon courage, & me force au filence. Qui moi de tels forfaits! moi des affaffinats! Et que de votre époux... vous ne le croyez pas, JOCASTE. Non, je ne le croi point, & c'est vous faire injure, Que daigner un moment combattre l'imposture. Votre cteur m'eft connu, vous avez eu ma foi, Et vous ne pouvez point être indigne de moi. Oubliez ces Thébains que les Dieux abandon nent, Trop dignes de périr depuis qu'ils vous soup çonnent; Et fi jamais enfin je fus chere à vos yeux, PHILOCTETE. Jocafte! pour jamais je vous ai donc perduë? JOCASTE. Ouï, Prince, c'en eft fait, nous nous aimions en vain, Les Dieux vous reservoient un plus noble deftin; Vous étiez né pour eux; leur fageffe profonde, N'a pû fixer dans Thébe un bras utile au monde, Ni fouffrir que l'amour rempliffant ce grand cœur, Euchaînât près de moi votre obfcure valeur. Non d'un lien charmant le foin tendre & timide Ne dût point occuper le fucceffeur d'Alcide; Ce neft' qu'aux malheureux que vous devez vos foins. De toutes vos vertus comptable à leurs béfoins, Allez, libre des feux dont vous fûtes épris, Seigneur, mon époux vient, fouffrez que je Nou que mon cœur troublé redoute fa foibleffe: Mais j'aurois trop peut-être à roguir devant vous, Puifque je vous aimois, & qu'il est mon époux. SCE. SCENE IV. OEDIPE, PHILOCTETE, Hidalpe, HIDASPE OE DIPE. Idafpe, c'est donc là le Prince Philoctete? Oui, c'eft lui qu'en ces murs un fort a veugle jette; Et que le Ciel encore à fa bas. Si fur les mêmes pas nous marchons l'un & l'autre, Ma gloire d'affez près eft unie à la vôtre. Thefée, Hercule & moi, nous vous avons montré Le chemin de la gloire où vous êtes entré ; L'honneur que je vous fais de vous metre au près d'eux. OE DIPE. Etre utile aux mortels, & fauver cet Empire, Les héros que j'admire, & que vous imitez. J'aurois tranché mes jours, & défendu les vôtres; Vous êtes accufé, fongez à vous défendre; Je veux bien l'avouer, fur la foi de mon nom |