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lui avoit donnée, que par un vrai zele pour

la reli

AN. 1562. gion Catholique, & pour procurer le repos à toute la Chrétienté, il embrafferoit avec joye toutes les occafions qui y pourroient contribuer, & qu'il étoit dans une ferme réfolution d'obéir aux légats avec une pleine foûmiffion, comme aux Miniftres du fiege apoftolique; auquel il fe reconnoissoit infiniment redevable, tant pour la pourpre qu'il en avoit reçûë, que pour beaucoup d'autres bienfaits, ce qui l'attachoit inviolablement au pape. Enfuite après avoir falué les légats de la part du roi fon maître, il dit que sa majesté leur expofoit les malheurs prefens de fon royaume, autrefois fi glorieux, & qu'elle n'attendoit le remede à tous ces maux que du faint concile; comme ses ambassadeurs leur avoient expofé, & comme ils le verroient par les nouveaux ordres qu'il leur avoit apportez lui-même, & fignez du roi, de la reine fa mere, de fes freres, du roi de Navarre, & des grands du royaume : qu'il fouhaitoit qu'on l'écoutat dans une congregation générale, où il expoferoit ces mêmes ordres. Il ajoûta qu'il ne pouvoit dissimuler que le bruit qui s'étoit répandu en Allemagne, qu'on feroit dans le concile une ligue de tous les princes Catholiques contre lesProteftans,n'eut donné lieu à beaucoup de foupçons parmi ces derniers, & ne fût capable de renouveller les troubles. Enfin il conclut qu'en fe retranchant dans les bornes de fesfonctions, il laifferoit la direction des affaires publiques aux ambassadeurs, & qu'il employeroit ses soins comme archevêque & fimple particulier à procurer les avantages du concile, en confervant & même augmentant selon son

pouvoir la dignité du fouverain pontife.

AN. 1562.

XIII.

ce cardinal.

lib. 19. c. 1. n. 2.

Fra Paclo l. 7.

Les légats fans confulter entr'eux répondirent, le cardinal de Mantouë portant la parole, qu'ils ap- Réponse des léprouvoient avec plaifir le choix que le roi & fon con- gats au difcours de feil avoient fait de fa perfonne; qu'ils étoient char-Pallavicin ut fup. mez de fon arrivée, qu'ils concevoient une haute idée de fes confeils, & qu'ils avoient une pleine Pag. 607. & 6C8• confiance que tout réüffiroit heureusement à l'avantage de la republique Chrétienne, & pour l'honneur du concile : qu'enfin ils feroient tous d'accord entr'eux, conformement aux defirs de fa Sainteté pour rendre au cardinal tout l'honneur qu'il meritoit & déferer en tout à fes jugemens.

Sur l'autre chef ils témoignerent leur reconnoiffance des lettres que fa majefté avoit eu la bonté de leur écrire; ils parurent très-sensibles aux malheurs qui défoloient la France; & dirent qu'ils efperoient néanmoins que la tranquillité y feroit bien-tôt rétablie, qu'il y avoit lieu de le conjecturer par le recouvrement que fa majefté venoit de faire de la ville de Rouen qu'elle avoit réduite fous fon obéïffance : mais qu'on ne pouvoit arriver à cette heureuse fin qu'en renouvellant les peines feveres que François I. de glorieuse memoire avoit ordonnées contre les rebelles à JESUS-CHRIST.

Ils ajoûterent que le bruit qui s'étoit répandu d'une ligue des princes Catholiques contre les Proteftans, n'avoit aucun fondement; puifqu'au contraire le pape n'avoit convoqué le concile que pour établir l'union dans l'église, & qu'il avoit fortèment recommandé à fes légats d'y travailler, en approuvant la vraye doctrine & condamnant la fauffe;

qu'ils s'y employeroient avec le fecours du cardiAN. 1562. nal, qu'ils recevoient comme un ange de paix, que Dieu leur envoyoit pour reparer quelques brêches que la difcorde ne peut manquer de produire dans des affemblées auffi nombreufes qu'étoit le concile, où les hommes ne penfent pas toûjours de même. Enfin ils lui offrirent de tenir le jour même une congregation générale s'il l'agréoit: mais le cardinal ne pût être entendu que le vingt-troifiéme de No

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vembre.

Dans cette premiere vifite qu'il rendit aux légats,, on s'entretint familierement fur beaucoup de chofes. Le cardinal leur dit qu'il n'étoit pas du bien public de mettre en difpute la dignité du faint fiege, & du fouverain pontife, de la diminuer ou de la restraindre; que pour le falut non-feulement de la France, mais de tout le monde Chrétien, il falloit s'appliquer à une bonne réformation des mœurs, établir des loix feveres, & retrancher tous les abus; que fi le concile n'y mettoit toute fon attention & tous fes foins, il étoit à craindre qu'on ne vît une guerre plus fanglante contre les ecclesiastiques que celle qu'on faifoit aux Huguenots, à caufe de la licence effrenée, & de la perverfité des mœurs qui se glissoit de jour en jour dans le clergé. Il fe plaignit encore qu'on accordoit à Rome des beneficeseures à des fujets tout-à-fait indignes; il dit que ce n'étoit pas un remede fuffifant à cet abus › que de permettre aux évêques de faire leur procès & de les dépofer, parce que cela étoit d'une longue difcuffion, & de plus honteux au fouverain pontife, qui les avoit choifis comme des fujets capables.

Parlant enfuite de la guerre, après avoir loüé le roi Catholique, les Venitiens, & les ducs de Savoye AN. 1562. & de Florence, fur les fecours qu'ils avoient accordez à la France, il ajoûta, que dans le royaume on fe plaignoit vivement du pape, qui ne vouloit l'affifter qu'à des conditions très-dures, demandant qu'on revoquât auparavant les édits contre les Annates & les préventions; ce qui n'avoit pû se faire à caufe de l'oppofition des Seigneurs, dont le confentement étoit néceffaire; & que le faint pere devoit se contenter de la promeffe qu'on lui faisoit, que ces édits ne feroient point exécutez.

Les légats pour éviter ce détail qui ne leur faifoit pas plaifir, lui répondirent que cette affaire ne regardant ni la foi ni les mœurs, n'étoit pas du reffort du concile, & ne concernoit que le pape. Mais le cardinal de Lorraine continuant fon difcours, affura que le souverain pontife avoit souvent reparti qu'il avoit renvoyé au concile l'affaire des Annates & des préventions, & toute autre chofe; ce qui avoit procuré le départ des évêques François pour Trente; fur quoi les légats voulant justifier le pape, il ajoûta, que l'ambassadeur du Ferrier qui étoit prefent, pouvoit fe reffouvenir de ce que fa fainteté lui avoit dit à Rome, où le roi Très-Chrétien l'avoit envoyé, que le droit des Annates étoit fi incontestable, qu'il avoit été contraint de l'approuver; ce que le cardinal affuroit avoir entendu dans le confeil du roi. Enfin il conclut qu'il ne diroit & ne feroit rien qui pût déplaire au pape ni à fes lé gats, qu'il ne propoferoit que des chofes convenables & falutaires à la France; & pour donner une:

a

preuve plus affurée de fa bonne volonté, il s'offroit AN. 1562. de communiquer fes avis aux légats, & même au fouverain pontife, avant que de les proposer à la congregation. A quoi les légats répondirent, qu'il étoit un fujet propre à les reconcilier avec les ambaffadeurs de France.

XV. Ordres donnez

au cardinal de Lor

France.

Pallavicin lib. 19.

concile de Trente,

Suiv.

Avant que

d'entrer dans un plus grand détail des faine en partant de négociations de ce cardinal, il est à propos de faire connoître de quels ordres il avoit été chargé en parcap. 1. n. 8 feq. tant de la cour de France. C'étoit un Memoire figné Memoires pour le du roi Charles IX. de la reine fa mere, d'Alexandre in-4°. p. 335. &fon frere, qui fut depuis Henri III. d'Antoine roi de Navarre, de Charles de Bourbon prince de la Roche-fur-Yon, de François de Lorraine duc de Guife, & du Connétable de Montmorency, lefquels tous prioient & requeroient le cardinal de Lorraine, l'archevêque de Sens & l'évêque d'Orleans qui étoient du confeil privé, de pourfuivre au concile avec beaucoup d'instances les points & articles fuivans. 1o. La réformation de l'église univerfelle, & fur-tout de celle de France, afin que le fervice divin s'y faffe purement, toutes fuperftitions retranchées, les ceremonies corrigées, & tous les autres abus, qui fous prétexte de pieté ne fervent qu'à tromper le peuple; la réformation des mœurs des ecclefiaftiques, afin qu'ils puiffent édifier par leurs bons exemples; des élections & provifions pour les benefices, de forte qu'ils ne foient conferez qu'à des fujets irrepréhenfibles, tant dans les mœurs que dans la doctrine, capables d'annoncer la parole de Dieu, & d'adminiftrer les Sacremens. On leur recommandoit toutefois de ne pas infister au commen

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