avoit dit de Jupiter au commencement de fon Livre des Phenomenes. Idem ubi fupra. En voilà affez pour faire connoître d'où peuvent venir ces beautez, ces veritez lumineufes qui brillent dans les Ouvrages des Poëtes. On ne fçauroit trop les lire, pourvû qu'on le faffe avec la précaution que demande la Religion. Car la plûpart s'attachent plûtôt, comme on ľa déja observé, à ce qu'il y a de mauvais & de capable de gâter le coeur, qu'à ce qui peut le porter à la vertu. C'est ce qui a engagé des hommes fçavans & vertueux d'en purger plufieurs de ce qu'il y a d'impur pour éviter ce danger. Mais on n'en court aucun dans la lecture de cet Ouvrage, puifque, ainfi qu'on l'a déja dit, on n'a extrait des Poëtes que ce qu'il y a de meilleur & de plus utile pour enrichir l'efprit & pour remplir le coeur de grandes maximes capables de donner de l'amour pour la Vertu & de l'éloignement pour le vice; de ramener l'homme à luimême, de lui ôter les fauffes idées de fa grandeur imaginaire, de fes & richeffes, de fes dignitez ; & de lui faire comprendre, que toutes ces chofes ne font qu'exterieures n'ajoûtent rien au merite perfonnel; ou plûtôt ne rendent pas un homme plus eftimable; qu'il n'eff grand qu'à proportion qu'il a de droiture, d'honneur, de modeftie & de probité. Quand on y fait un peu de reflexion, on eft furpris de voir des Poëtes Payens déclamer contre le vice avec tant de force, & le montrer par ce qu'il y a d'affreux pour en infpirer de l'horreur. L'ambitieux, l'avare, l'envieux, le fourbe, le voluptueux y font peints avec des traits fi noirs,, qu'on ne peut s'empêcher de détefter des hommes de ce caractere, Quelles louanges au contraire ne donnent - ils pas à un homme moderé, fage, généreux, bienfaifant & fidele à fes amis, Au refte quoi qu'on ait dit à l'avantage de ce Recueil, on ne prétend pas le faire valoir plus qu'il ne vaut mais quand on confiderera le tems & la peine qu'il en coûte pour parcourir tant de volumes, on doit fçavoir gré à ceux qui nous épar gnent le foin de faire ces laborieuLes recherches. Si celles-ci peuvent plaire aux amateurs des belles Lettres, l'Auteur ne regretera ni l'un ni l'autre, n'ayant eu d'autre vûës que de contribuer au plaifir & à l'utilité publique. LA BIBLIOTHEQUE DES POETES LATINS ET FRANÇOIS A. 'Admiration. 'ADMIRATION n'eft pas toûjours ce mouvement de l'ame, par lequel on regarde avec étonnement quelque chofe de beau, de grand & de furprenant. L'admiration dont il s'agit ici, est cette paffion de l'ame qui nous fait confiderer les grands biens, les dignitez, & tout ce qui peut fatisfaire l'ambition, comme capables de nous rendre heureux. C'eft une erreur où tombent la plupart des hommes, & dont Horace tâche de les détromper. Car, A felon ce Poëte, celui qui n'admire rien, Nil admirari, [I]prope res eft una, Numici, 1. Le plus court chemin pour guerir les hommes de leurs paffions, ce n'est pas toûjours de leur donner des armes pour les combattre feparément les unes après les autres ; il vaut mieux tâcher s'il eft poffible, de les réduire toutes à un feul & même principe. Car ce principe étant bien expliqué & bien connu, on réuffira toûjours mieux à les déraciner de notre cœur. Voilà le deffein d'Horace dans la 6 Ep. du l. 1. où il veut faire voir que c'eft à tort que F |