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qu'à le réduire à changer fa maffue contre une quenouille & à filer parmi les femmes d'Omphale.

Ifte lafcivus puer ac renidens
Tela quam certo moderatur arcu !
Labitur totas furor in medullas
Igne furtivo populante venas.
Non habet latam data plaga frontem
Sed vorat tectas penitus medullas.
Nulla pax ifti puero per orbem
Spargit effufas agilis fagittas, &c.
Natus Alcmena pofuit pharetram,
Et minax vafti fpolium Leonis;
Paffus aptari digitis fmaragdos,
Et dari legem rudibus capillis.
Crura diftin&to religavit auro,
Luteo plantas cohibente focco:
Et manu Clavam modo qua gerebar,
Fila ducit properante fufo. Sen. Hipp.

La naiffance ne détermine pas l'amour à favorifer une perfonne de qualité plûtôt qu'un autre. Il ne fe laiffe pas gagner aux titres de nobleffe.

Nec tibi nobilitas poterit fuccurrere amanti.
Nefcit amor prifcis cedere imaginibus.

C'eft une étrange maladie, puifqu'on feroit fâché d'en guérir. On cherche des remedes à toutes les autres hors à celle-là.

Omnes humanos fanat medicina dolores,

Solus amor morbi non amat artificem. Ovid.

On a beau fe retirer dans les pays les plus fauvages, on n'y eft pas en fûreté contre les atteintes de l'amour.

Quo fugis ah demens ? nulla eft fuga; tu licet usqué
Ad Tanaim fugias, ufque fequetur amor.
Non, fi Pegafeo vecteris in aëra dorfo.
Nec tibi fi Perfei moverit ala pedes.
Vel fi te fecta rapiant talaribus aure;
Nil tibi Mercurii proderit alta via.
Inftat femper amor fupra caput, inftat amanti
Et quavis ipfe fuper libera colla fedet..
Excubat ille acer cuftos & tollere nunquam

Te patietur humo lumina capta femel. Propert. l.z.

L'amour & le vin ont été, font & feront toûjours caufe de grandes guerres: outre cela l'un & l'autre ruine la fanté du corps & de l'ame; par confequent celui qui s'y livre, n'a ni crainte, ni pudeur, ni probité. On ne fçauroit donc être trop en garde contre ces deux ennemis de la fanté & du falut.

Nec Veneris, nec tu vini capiaris amore.
Uno mamque modo vina, Venufque nocent.
Ut Venus enervat vires, fic copia vini:
Et tentat greffus, debilitatque pedes.
Multos cæcus amor cogit fecreta fateri.
Arcanum demens detegit ebrietas.
Bellum fæpe petit ferus exitiale Cupido,
Sæpe manus itidem Bacchus ad arma vocat.
Perdidit horrendo Trojam Venus improba bello.
Et Lapithas bello perdis Jache gravi.
Denique cum mentes hominum furiarit uterque
Et pudor & probitas, & metus omnis abeft.
Compedibus Venerem; vinclis conftringe Lyxum ;
Nec te muneribus lædat uterque fuis.

Vina fitim fedant, Natis Venus alma creandis;
Sed fines horum tranfiliffe nocet.

Ces vers font attribuez à Virgile: mais de qui ils puiffent être, ils meritent d'avoir place dans ce recueil.

:

Leandre écrivant à Hero, lui marque que s'il ne peut la fuivre de corps qu'au moins il l'a fuit en efprit.

Rupe fedens aliqua fpe&to tua littora triftis
Et quo non poffum corpore mente feror.

C'eft une conftance parfaite, quand le tems ni les travaux d'Hercule ni la mort même ne feroient pas capables de faire changer. C'eft ainfi que Properce parle à Cynthie.

At me non ætas mutabit tota Sibyllæ :
Non labor Alcidæ, non niger ille dies..

Quand l'amour a pouffé de trop profondes racines, il n'eft pas aifé de les arracher: le plus sûr eft de s'y opposer d'abord.

Quifquis in primo obftitit

Repulitque amorem, tutus ac victor fuit.
Qui blandiendo dulce nutrit malum
Sero recufat ferre quod fubiit jugum, &c.
Obftare primum eft velle, nec labi via.

Pudor eft fecundus,noffe peccandi modum. Sen.Hippol.

Il ne faut pas omettre ce que Phedre répond à fa confidente, qui vouloit excufer fa foibleffe par celle de beaucoup d'autres:mais elle qui avoit conçû toute l'horreur qu'elle devoit avoir pour des feux fi illegitimes, s'écrie,

Qu'entens-je ! quels confeils ofe-t'on me donner?
Ainfi donc jufqu'au bout tu veux m'empoifonner
Malheureufe? Voila comme tu m'as perduë.

Au jour que je fuyois, c'eft toi qui m'a renduë,
Tes prieres m'ont fait oublier mon devoir.
J'évitois Hippolyte, & tu me l'as fait voir,
De quoi te chargeois tu? Pourquoi ta bouche impie
A-t'elle en l'accufant ofé noircir fa vie?

Il en mourra peut-être, & d'un pere infenfé
Le facrilege veu peut être eft exaucé.

Je ne t'écoute plus. Va-t'en Monftre execrable.
Va, laiffe moi le foin de mon fort déplorable.
Puiffe le jufte Ciel dignement te payer; ·
Et puifle ton fupplice à jamais effrayer

Tous ceux qui comme toi, par de lâches adreffes,
Des Princes malheureux nourriffent les foibleffes;
Les pouffant au penchant où leur cœur eft enclin,
Et leur ofent du crime applanir le chemin ;
Deteftables flatteurs, préfent le plus funeste
Que puiffe faire aux Rois la colere celefte.

Celui qui aime partout n'aime nulle part; il en eft de l'amour comme du cœur, quand il eft partagé il ne peut

vivre.

Cor ubi difcideris, vita fugiente peribit
Sic quoque divifus vivere nefcit amor.

Contr'amour.

Amour Roi des fanglots, prifon cruel & dure, Meurtrier de tout repos, monftre de la nature, Breuvage empoisonné, ferpent couvert de fleurs, Sophifte injurieux, artisan de malice,

Paffagere fureur, exemple de tout vice,
Plaifir mêlé d'ennuis, de regrets & de pleurs.
Amour, que dis-je amour? mais inimitié forte,
Appetit dereglé, qui les hommes transporte,
Racine de malheur, fource de déplaifir,
Labirinthe fubtil, paffion furieufe,
Nid de déception, pefte contagieufe,
Entretenu d'espoir, de crainte & de défir,

Sitôt que notre efprit s'abandonne à te fuivre,
Helas prefqu'auffitôt nous délaiffons de vivre,
Nous mourons fans mourir, nous perdons la raison,

Nous changeons à l'inffant notre forme premiere,
Nos yeux chargez d'erreur font privez de lumiere
Et n'avons pour logis qu'une obfcure prison.

Tu romps l'heur de la vie avec mille traverses,
Tu rechange nos cœurs de cent fortes diverfes
Boüillans & refroidis, craintifs & genereux :<
Or' nous volons auĊiel fans partir de la terre,
Or nous avons la paix, or nous avons la guerre
Et n'avons rien de sûr que d'etre malheureux.
S'il advient quelquefois que parmi nos détresses
Tu mêles rarement quelques fauffes lieffes,

Ce n'eft pas qu'il te plaife alors nous contenter,
Ce n'eft pas que nos pleurs plus doux t'aïent pû rendrer
Mais afin que la peine en nous venant reprendre
Nous foit plus difficile & forte à fupporter.

Tout ce qu'on peut apprendre en tes vainės écoles,
Ce font des trahifons, des feintes, des paroles,
Ecrire deflus Ponde, errer fans jugement,
Suivre en la nuit trompeufe une idole fuitive
Faire guerre à fon ame & la rendre captive,
Et pour fe retrouver fe perdre follement.

Les fruits qu'on en reçoit pour toute recompenfe, C'eft d'un longtems perdu la vaine repentance, Un regret devorant, un ennuyeux mépris :

Helas j'en puis parler, je fçai comment on s'en treuve,
J'en ai fait à ma honte une trop longue épreuve,
Honte le feul loyer des travaux que j'ai pris.

Je ne puis tenir de remettre en memcire,
Ce tems que cet aveugle, ennemi de ma gloire,
Poffedoit mon efprit yvre de fon erreur:
Et penfant de mes faits l'étrange fantaisie,
Prefqu'il ne peut entrer dedans ma fantaisie,
Que j'aye été troublé d'une telle fureur.

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Ores j'étois craintif, ores plein d'afurance,
Ores j'étois conftant, ores plein d'inconftance,
Ores j'étois content, ores plein de paffions:
Or' je defefperois d'une chofe affurée
Puis je me teneis für d'une defefperée
Peignant en mon cerveau mille conceptions.
Quantefois par les prez, les bois & les rivages,
Ai-je conté ma peine aux animaux fauvages,
Comme s'ils euffent pû mes douleurs fecourir
Les autres pleins d'effroi, les rochers folitaires,
Les deferts feparez étoient mes fecretaires,
Et leur contant mon mal, je penfois me guarită”.

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