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B.

Barbe.

A barbe eft l'ornement de l'hom

La barbe et l'ornement

l'arbre, & le crin au cheval.

Nec mea quod duris horrent denfiffima fetis
Corpora, turpe puta: turpis fine frondibus arbor,
Turpis equus, nifi colla jubæ fluentia velent:
Pluma tegit volucres, ovibus lana decori eft.
Barba viros, hirtaque decent in corpore fete. Ovid.

Beauté.

Metam. l. 13.

La beauté est tout ce qui plaît à nos fens & fur-tout à la vûë;& elle confifte en une certaine proportion agréable, qui fe trouve entre les parties d'un tout. Socrate definiffoit la beauté, une tyrannie de peu de tems; Platon l'appelloit une principauté établie par la nature, & Carneade un regne folitaire, d'autres un royaume fans armes & fans gardes. On dit que la beauté eft plus en imagination qu'en réalité & parconfequent dépendante des goûts. C'eft ce qui fait qu'elle eft differente felon

les differens païs. Il y a des beautez
Grecques & des beautez Romaines. On
appelle beauté Romaine, celle dont
l'air eft grave & majestueux, & qui a
de grands traits, un grand front, le
nez un peu grand, la bouche medio-
crement ouverte, les levres bien re-
bordées, au contraire, on appelle
beauté Grecque, une perfonne qui a
tous les traits petits & mignons, le nez
un peu retrouffé, & l'air badin, vif &
enjoué. Quoi que ce foit, c'est un bien
fragile & de
peu de durée.

Anceps, forma, bonum mortalibus
Exigui domum breve temporis,
Et velox celeri pede laberis
Non fic vere novo prata decentia.
Eftatis calidæ difpoliat vapor;
Sævit folftitio cum medius dies,
Et noctem brevibus præcipitat rotis;.
Languefcunt folio lilia pallido,
Et grate capiti deficiunt rofæ :-
Et fulgor teneris qui radiat genis
Momento rapitur, nullaque non dies
Formofi fpolium corporis abftulit.
Res eft forma fugax. Quis fapiens bono
Confidat fragili Dum licer, utere,
Tempus fed tacitum fubruit, horaque
Semper præterita deterior fubit, &c. Sen. Hipp.

Seneque prouve enfuite que la beau té eft souvent caufe de la perte de ceux qui en font pourvûs, comme il eft arrivée à Hippolyte & à plufieurs autres. Les femmes leur dreffent des pieges,

&c.

Rara forma viris [ fæcula profpice]
Impunita fuit, &c.

Quid finat inaufum fœminæ præceps furor?
Nefanda Juveni crimina infonti parat;

In fcelere quærit crine lacerato fidem.
Decus omne turbat capitis, humectatque genas.
Inftruitur omnis arte fœmineâ dolus. Ibid. chor. loq.

Ovide appelle auffi la beauté un bien fragile, que les années & les rides effa cent;la feule beauté, qui eft à l'épreu ve du tems, c'est celle de l'efprit, elle dure jufqu'au tombeau.

Forma bonum fragile eft, quantumque accedit ad annos
Fit minor, & fpatio carpitur ipfa fuo.
Nec femper viola, nec femper lilia florent;
Et riget amifsâ fpina relicta rosâ.

Et tibi jam venient cani formofe capilli.

Jam venient ruga, que tibi corpus arent.!

Jam molire animum, qui duret, & aftrue formam
Solus ad extremos perduret ille rogos.De art,am.1,2,
Et Marot

N'y a fi belle dame auffi

De qui la beauté ne chancelle
Par tems, maladie, ou fouci,
Laideur les tire en fa nacelle,

Ovide exhorte fa fille Perille à em braffer le parti de la vertu, & pour l'y porter, il lui fait faire réflexion que la beauté fe paffe bien vîte, qu'elle n'est point à l'épreuve des années, & que quand fon front fera fillonné de rides, elle aura du chagrin d'entendre dire qu'elle a été belle, & plus encore de trouver fon miroir trop fidele.

Ifta decens facies longis vitiabitur annis
Rugaque in antiqua fronte fenilis erit.
Injicietque manum formæ damnosa senectus.
Quæ ftrepitum paffu non faciente venit.
Cumque aliquis dicet: Fuit hæc formofa; dolebis ;
Et fpeculum mendax effe querêre tuum. Trift. l. 3.
Eleg. 7.

Le confeil qu'il donne ailleurs aux femmes n'eft pas moins utile. Il leur fait remarquer qu'il n'y a point d'attraits fi puiffans que de bonnes mœurs & un bon efprit;que ces qualitez ont un charme fecret beaucoup plus capable de les faire aimer & eftimer que la beauté ; qu'il viendra un tems où elles auront honte de fe voir dans leur miroir, autre fujet de douleur ; mais que la vertu dure autant que la vie & leur conferve l'affection de leur mari.

Prima fit in vobis morum tutela puellæ
Ingenio facile conciliante placent.

Certus amor morum eft. Formam populabitur ætas
Et placidus rugis vultus aratus erit.
Tempus erit, quo vos fpeculum vidiffe pigebit.
Et veniet rugis, altera caufa dolor.

Sufficit & longum probitas perdurat in ævum:

Perque fuos annos hinc bene pendet amor. De
Medic, fac

Seneque a dit la même chofe.

Probitas fidefque conjugis, mores, pudor
Placent marito. Sola perpetuo manent
Subje&ta nulli, mentis atque animi bona.
Florem decoris finguli carpunt dies. In Octav.

La jeuneffe fuit,pour ainfi dire,l'em

bonpoint fe perd, & au teint fleuri & vermeil, fuccede une pâleur qui annonce la mort.

Fugit juventas & verecundus color

Reliquit offa pelle amicta lurida. Her Epod. 7.

Le confeil de Bias eft utile aux deux fexes qui fe picquent de beauté quand on eft disgracié de la nature, il faut réparer ce défaut par des vertus acquifes.

In fpeculum cum infpicias contemplare.
Et fi quidem pulcher appares, dignum te
Fac. Si vero deformis, faciei

Defe&um illuftra probitatibus.

La beauté & la laideur ne dépendent pas de nous, par confequent il ne faudroit ni fe piquer de l'une ni s'affliger de l'autre, & fe fouvenir qu'on eft affez beau, quand on eft bon, c'eft ce que nous enfeigne Phedre dans la fable du frere & de la fœur, qui avoient eu une difpute à l'occafion d'un miroir. Le pere accorda ainfi leur differend.Je veux, leur dit-il, que vous vous ferviez tous les jours de miroir, vous, mon fils, afin que vous ne deshonoriez pas votre beauté par la laideur des vices; & vous, ma fille, afin que vous répariez les défauts de votre vifage par la pureté de vos mœurs.

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