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Kari quippe boni: numero vix totidem, quot
Thebarum portæ, vel divitis oftia Nili.
Nunc tas agitur, pejoraque fæcula ferri
Temporibus, quorum fceleri non invenit ipsa
Nomen, & à nullo pofuit natura metallo.
Nos hominum,divumque fidem clamore ciemus.Sat.3.

On croit que ce Poëte fait allufion aux fept Sages de la Grece qui font Thales, Solon, Periander, Cleobule, Chilon, Bias & Pittacus..

Voici un autre portrait de l'homme de bien ; l'homme de bien eft celui qui garde inviolablement les loix & dont l'équité eft fi connue que fes décisions: font fuivies comme des arrêts; qui fait le bien pour l'amour de la vertu, & non pas par la crainte du châtiment, comme font la plûpart.

Vir bonus quis eft?

Qui confulta patrum, qui leges juraque servat :
Quo multæ magnæque fecantur judice leges:
Quo refponfore & quo caufæ tefte tenentur, &c.
Oderunt peccare boni virtutis amore.

Tu mihi admittes in te, formidine pœnæ.Hør, 1.Ep.16,

Il n'eft pas difficile de gouverner des gens de bien.

Facile eft imperium in bonis. Plaut. Moft el. L'homme de bien ne haït point un autre homme de bien.

Vir autem bonus bonum non odit unquam.

Toutes les actions font bonnes & vertueuses.

Mentis enim bonæ vir opera bona facit.

Il faut le prendre pour modele de fa conduite.

Imitare bonum virum & fapientem. Menand.

On peut regarder comme un homme de bien, celui qui l'eft dans toutes les

occafions.

Semper autem bonus, eft bonus. Leonid.

La corruption des hommes eft fr grande, que fans la crainte des châtimens ils fe jetteroient dans toute forte de défordres.

Sit fpes fallendi,mifcebis facra profanis. Hor.l.1.Ep.16.

Dieu tient un regiftre des noms de tous les de bien,& les exauce vogens lontiers: mais il n'écoute point les méchans qui s'imaginent qu'on peut l'appaifer par toutes fortes de victimes.

quia

Bonos in aliis tabulis exfcriptos habet:
Atque hoc fcelefti illi in animum inducunt fuum
Jovem fe placare poffe omnibus hoftiis,
Et operam & fumptum perdunt: ideo fit,
Nihil ei acceptum eft à perjuriis fupplicii.
Facilius fi quis pius eft à Diis fupplicans,
Quam qui fceleftus eft, inveniet veniam fibi.
Iccirco moneo vos ego hæc, qui eftis boni
Quique ætatem agitis cum pietate, & cum fide
Retinere porro, poft factum ut lætemini. Flaut. Rud

9:"

Dieu les prend fous fa protection,

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Quis curam neget effe te Deorum

Propter quem fuit innocens ruina. Mart. 1. 1. Epig. 8 zē

Ce poëte avoit dit à l'occasion du même Regulus que les pertes & les peines que nous fouffrons nous doivent être agréables, parce que c'eft une marque de la mifericorde de Dieu fur nous. Farnab.in hunc locum.

Nunc & damna juvant : funt ipfa pericula tanti : Stantia non poterant tecta probare Deos. Idem. ¡bił. Ep. 13.

L'homme de bien prolonge fes jours, pour ainfi dire, & vit deux fois par le fouvenir d'une vie paffée dans l'innocence.

Ampliat ætatis fpatium fibi vir bonus; hoc eft, Vivere bis, vita poffe priore frui. Idem l. 10. Ep.23. On ne fçauroit douter de la vertu 'd'un homme qui eft loué par fes ennemis mêmes.

Namque eo pacto maxume apud te meo erit ingenio
fides

Cum illa, quæ in me iniqua eft, æqua de me dixerit.
Ter. Hecir.

Celui-là eft veritablement vertueux qui s'attache à acquerir les vertus que les autres loüent en lui,

I

Tu rectè vivis fi curas effe quod audis : [ 1 ]
Jactamus [2] jam pridem omnis te Roma beatum.
Sed vereor, nec cui de te plus, quam tibi, [3] credas:

Ne-ve putes [4] alium fapiente: bonoque beatum. Hor. 1.1. Ep. 16.

1. Voilà un des plus beaux precep tes de la Morale. Il ne faut pas fe croire heureux, parce qu'on nous estime tels. Il faut voir fi nous le fommes véritablement, & pour cela il faut bien plus examiner notre propre confcience que les fentimens d'autrui.

2. Le public ne juge que fur des ap parences, qui le plus fouvent font trompeuses, mais notre propre cœur, quand nous voulons bien l'examiner, ne nous trompe pas.

3. Il n'y a rien de plus ordinaire aux hommes que de croire plûtôt ce qu'on dit d'eux, que ce qu'ils en fçavent eux-mêmes. Ils fe trouvent heureux quand tout le monde vante & admire leur bonheur: mais s'ils vouloient defcendre dans leur interieur & fe confulter, ils verroient qu'il y a bien de la difference entre être heureux dans l'opinion des autres, ou l'être par fon propre fentiment. Voyez-ci après au mot Se connoître.

4. Pour être heureux dans l'opinion des autres il fuffit d'avoir ce qu'on appelle les biens de la fortune: mais pour être heureux par fon propre fentiment,

il faut avoir les biens de l'ame & les qualitez du cœur, & c'eft ce que la fortune ne donne point. Dacier.

C'est une fotte&ridicule honte qui fait qu'on s'opiniâtre à diffimuler fon mal. Stultorum incurata pudor malus ulcera celat.Idem ibid.

Il n'eft rien de plus vrai; c'eft une maudite honte qui empêche les hommes de découvrir leurs maux, & d'y chercher des remedes. Le public les trouve heureux, les trouve fages ; & ils aiment mieux demeurer incurables, que de détromper le public. Auffi Horace dit-il plus bas qu'il n'y a que les gens dont la vertu eft apparente, & dont les vices font réels, qui tremblent, lorfqu'on dit du mal d'eux, & qui fe plaifent aux fauffes loüanges.

Falfus honor juvat & mendax infamia terrer
Quem, nifi mendofum & mendacem. Ibid.

Et quelques vers avant ceux-ci, ce Poëte dit qu'il ne feroit pas non plus infenfible aux louanges, mais que le: peuple qui les donne aujourd'hui vous les refufera demain, qu'ainfi quand on n'a rien à fe reprocher, on doit faire peu de cas des louanges ou des calom-nies d'un peuple inconstant.

Vir bonus & prudens dici delector ego, ac tu.
Qui dedit hoc hodie, cras, fi volet, auferet: &

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