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chien portier des Enfers, les furies & l'affreux Tartare n'ont été imaginez, felon Lucrece, que pour montrer que pendant la vie, on eft perfécuté par une crainte proportionnée à la grandeur des crimes: & que l'efprit s'examinant & fe voyant complice de fes crimes, il craint la punition, il fent déja par avance la rigueur des châtimens qu'il mérite, & devient par là fon propre bourreau. Ce qui fait voir le malheur de ceux qui vivent dans le crime & dans la débauche, les remords: de leur confcience ne les laiffant jouir d'aucun repos. Dii Deaque quam male eft extra legem viventibus. Petron.

Cerberus & furiæ.... & lucis egenus

Tartarus horriferos eructans faucibus æftus,
Hæc neque funt ufquam, neque poffunt efle profecto:
Sed metus in vita pœnarum pro malefa&tis
Eft infignibus infignis, fcelerifque luela,
Carcer & horribilis de faxo ja&ù deorfum
Verbera, carnifices, robur, pix, lamina, teda :-
Quæ tamen & fi abfunt. At mens fibi confcia facti
Præmetuens, adhibet ftimulos, torretque flagellis : **
Nec videt interea, qui terminus effe malorum
Poffit, nec quæ fit pœnarum denique finis:
Atque eadém metuit, magis hæc in morte gravefcant:
&c. Lo3.

Lucrece, qui s'efforce par tout de prouver la mortalité de l'ame, avec tout fon efprit, prouve ici tout le contraire, fans y faire reflexion: car fi l'ame, ou l'efprit, s'il le veut ainsi, étoit mortelle, qu'auroit-elle à craindre, de quel remord pourroit-elle être falfie? Il n'a pas fenti, que cette même crainte, qui agire l'ame,à l'occafion de fes crimes, eft cela même qui prouve fon immortalité

Hinc Achurifia fit ftultorum denique vita.

Certain.

Il n'y a rien d'affuré,ni de certain dans cette vie:on n'y peut compter fur rien. Nil homini certum eft: fieri quis poffe putaret Ut facerem mediis hæc ego facra Getis. Scilicet adverfis probitas exercita rebus Trifti materiam tempore laudis habet. Sed nihil infefti durus vidiffet Ulyffe's Penelope felix, fed fine laude foret. Ovid.

La fin de la vie eft fort incertaine

Vita data eft utenda: data eft fine fænore nobis
Mutua: nec certa perfolvenda die. Idem.
Nemo tam divos habuit faventes
Craftinum ut poffet fibi polliceri.
Res Deus noftras celeri citatas
Turbine verfat. Sen. Thyeft.

Sur ce qu'Horace avoit penfé perir par la chute d'un arbre, il dit que quelque prudence qu'on ait, on ne fçauroit prévoir les accidens qui peuvent arriver.

Quid quifque vitet, numquam homini fatis
Cautum eft in horas, &c.

Sed improvifa lethi

Vis rapuit, rapietque gentes.

Quam pene furvæ regna Proferpinæ,

Et judicantem vidimus

acum

Sedefque difcretas piorum, &c. L. 2. Od. 13.

Quis fcit an adjiciant hodiernæ craftina vitæ
Tempora Di fuperi̟. L. 4. Od. 7.

Il ne faut pas quitter le certain pour l'incertain.

Incerta pro fpe non munera certa relinque,
Ne rurfus quæras, forte nec invenias, Avien.

Changement.

Tout eft fujet au changement dans

cette vie.

Omnium rerum heus viciffitudo eft. Ter. Eun.

Chagrin.

Le chagrin eft une inquiétude qui tourmente les hommes & ne les laiffe jouir d'aucun repos. Balzac parlant de celui qu'il reffentoit, dit que fon chagrin empoisonne les plus doux momens de fa vie, qu'il ne trouve pas même la lumiere belle, &c.

Les chagrins qui font renfermez dans le cœur affligent & tourmentent plus que ceux que l'on répand au-dehors. Lachrymas lachrymis miscere juvat. Mais exurunt quos fecretæ

Lacerant curæ. Sen. Agam.

Ils s'adouciffent avec le tems. Lentefcunt tempore curæ. Ovid.

Ils ne fe diffipent point par la poffeffion des grands biens. Les dignitez, les honneurs ni tout l'or du monde ne fçauroient écarter les troubles mortels de l'efprit, ni les foucis qui voltigent autour des lambris dorez.Au con

traire un Particulier qui fe contente du petit héritage de fes peres, vit heureux & tranquille, la crainte ni l'ambition ne troublent point fon fommeil. Pourquoi donc former tant de vaftes projets, puifqu'on a fi peu à vivre? Pourquoi changer de climat, puifqu'on fe porte par tout. Les chagrins viennent de notre fond. Ils montent avec nous dans le même vaiffeau, & nous fuivent à la guerre. Ainfi contens du prefent & tranquilles für l'avenir, tâchons d'adoucir par une certaine égalité d'ame, les amertumes de la vie; puifqu'il n'y a point ici-bas de bonheur parfait.

Non enim gaza, neque confularis
Summovet lictor miferos tumultus
Mentis, & curas laqueata circum
Tecta volantes

Vivitur parvo bene, cui paternum
Splendet in mensâ tenui falinum
Nec leves fomnos timor aut cupido
Sordidus aufert.

Quid brevi fortes jaculamur ævo
Multa? quid terras alio calentes
Sole mutamus? Patriæ quis exul
Se quoque fugit?

Seandit æratas vitiofa naves
Cura: nec turmas equitum relinquit
Ocior cervis & agente nimbos
Ocior Euro.

Lætus in præfens animus quod ultra eft®
Oderit curare, & amara lato

Temperet rifu. Nihil eft ab omni

Parte beatum, &c. Hor. l. 2. Od, 160}}

Et dans l'Ode 1. du 1.3.

Sed timor & minæ.

Scandunt eodem quo Dominus: neque
Decedit ærata triremi, &

Poft equitem fedet atra cura,

Quod fi dolentem nec Phrygius lapis,
Nec purpurarum fidere clarior
Delenit ufus, nec Falerna

Vitis, Achæmeniumque coftum

Cur invidendis poftibus & novo

Sublime ritu moliar atrium, &c. L.-3. Od. 1.

C'est au repos d'efprit que nous afpirons tous:
Mais ce repos heureux fe doit chercher chez nous.
Un fou rempli d'erreur que le trouble accompagne,
Eft malade à la ville ainfi qu'à la campagne,
En vain monte à cheval pour tromper fon ennui,
Le chagrin monte en croupe & galope avec lui.
Que crois-tu qu'Alexandre en ravageant la terre
Cherche parmi l'horreur, le tumulte & la guerre
Poffedé d'un ennui, qu'il ne fçauroit domter,
Il craint d'être à foi-même & fonge à s'éviter.
C'eft là ce qui l'emporte aux lieux où naît l'aurore,
Our le Perfe eft brûlé de l'aftre qu'il adore.
De nos propres malheurs auteurs infortunez

Nous fommes loin de nous à toute heure entraînez..
A quoi bon ravir l'or au fein du nouveau monde ?
Le bonheur tant cherché fur la terre & fur l'onde,
Eft ici, comme au lieu où meurit le Coco,
Et fe trouve à Paris de même qu'à Cufco.
On ne le tire point des veines du Potose.
Qui vit content de peu poffede toute chose.
Mais fans ceffe ignorans de nos propres befoins
Nous demandons au Ciel ce qu'il nous faut le moins.
Despre

Tibulle avant Horace avoit en la même pensée. Siles richeffes, la pouri pre, les belles maifons, les grands be

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