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liberté, n'en abusent point.

Nam nihil invite triftis cuftodia prodeft:
Quam peccare pudet, Cinthia tuta fat eft.Proper,

Maniere de punir l'adultere.

Ce crime a toujours été détesté prefque de tous les hommes, & même des plus barbares : les Grecs & les Romains avoient établi des peines contre les perfonnes qui en feroient coupables, ainfi qu'Horace nous l'apprend dans fon Art poëtique, & liv. 1. Sat. 3.

Fuit fapientia quondam

Concubitu prohibere vago, dare jura maritis,
Oppida moliri; leges incidere ligno.

Ne qui fur effet, neu latro, neu quis adulter. » Autrefois on ne reconnoiffoit d'autre fageffe, que de réprimer la fureur » des hommes, qui croyoient avoir » droit de difpofer de toutes les fem» mes, de donner des regles aux gens » mariez, pour les faire bien vivre dans »leurs familles, de bâtir des villes & » d'établir des loix.... & qu'il n'y eut >ni larron, ni brigand, ni adultere.

Solon le Légiflateur des Lacedemoniens, vouloit qu'on punît une femme furprise en adultere par le dépouillement des ornemens de fa condition par le banniffement de toutes les af

femblées de la religion & de la focieté des femmes d'honneur. Les Thuriens ordonnerent par une loi expreffe que les perfonnes qui feroient trouvées coupables de ce crime, fuffent repréfentées fur les Théatres, pour les expofer par-là à une infamie publique. Parmi les loix Romaines, il y en a une celebre, appellée la loi Julia, faite par Augufte, & non par Jules-Céfar,comme quelques-uns fe font imaginez trompez par le mot Julia, puifqu'il eft conftant qu'Octavius, qui fut furnommé Augufte, ayant été adopté par le teftament de fon grand oncle, fut depuis appellé Jules- Céfar, fuivant la coûtume dans les adoptions, de prendre le nom des peres adoptifs. Cette loi ordonnoit des peines très-rigoureufes contre les adulteres, les condamnant à l'amende & au banniffement dans quelque ifle déferte, au fouet, & à être fait Eunuque, comme on le peut voir par ces vers d'Horace, Sat.2.1.1.

Hic fe præcipitem teto dedit: ille flagellis
Ad mortem cæfus: tugiens hic decidit aerem
Prædenum in turbam: dedit hic pro corpore nummos
Hunc perminxerunt Calones : quin etiam illud
Accidit, ut cuidam teftes, caudamque falacem
Demeteret ferrum:

Lucien dans la mort de Peregrinus,

dit

que ce Philofophe ayant été furpris en adultere, fut contraint de se jetter du haut en bas d'une maison, après avoir été bien frotté.

Les loix déclaroient les adulteres in, fames & incapables de pouvoir rendre aucun témoignage en juftice. Celles d'Athenes permettoient au pere de la femme, au mari, & même au frere, de tuer impunément un homme furpris en adultere. On a fur cela un discours de Lyfias, qu'on peut confulter.

Tacite rapporte qu'Emilia Lepida étant accufée d'adultere fut condamnée à l'interdiction de l'eau & du feu, qui étoit une espece d'exil. Le même Auteur nous apprend encore qu'Augufte donnoit aux adulteres des Princeffes le nom de crime de leze-majefté & de facrilege.

Le même Auteur dit auffi que l'adultere étoit rare parmi les Allemands: & quand il s'en trouvoit, on le puniffoit fur le champ: le mari rafoit fa fem

me,

& l'ayant dépouillée en présence de fes proches, il la chaffoit de chez lui à coups de bâtons, la promenant ainfi ignominieufement par toute la Ville. La loi de Moyfe vouloit qu'on lapidât la femme furprise en adultere.

Les loix Romaines ne donnoient la liberté de tuer l'adultere qu'au pere de la femme: " & fi le mari fe laiffoit aller

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dans fa jufte douleur à venger fon ≫ deshonneur par la mort du corrup»teur de fon épouse, & par celle mê

me de fon épouse, on lui pardon»noit fa faute, fans punir comme meur

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triers ni lui ni fes efclaves. Si maritus in adulterio deprehenfam uxorem occidat quia ignofcitur ei; non tantum mariti, sed etiam uxoris fervos pœnâ liberari, fi juftum dolorem exequenti Domino non reftiterunt. Moreri ex Ant. Grec. & Rom.

Chrétien.

Plainte d'un Chrétien fur les contrarietez qu'il éprouve au dedans de luimême, tirée de faint Paul aux Romains, chap. 7. par M. Racine.

Mon Dieu quelle guerre cruelle!
Je trouve deux hommes en moi.
L'un veut que plein d'amour pour toi
Mon cœur foit toûjours fidelle.

L'autre à tes volontez rebelle
Me revolte contre ta loi.

L'un tout efprit & tout celefte
Veut qu'au Ciel fans cefle attaché
Et des biens éternels touché
Je compte pour rien tout le reste;
Et l'autre par fon poids funefte
Me tient vers la terre panché.

Helas en guerre avec moi-même,
Où pourrai-je trouver la paix?
Je veux & n'accompli jamais.
Je veux. Mais ô mifere extrême !
Je ne fais pas le bien que j'aime
Et je fais le mal que je hais.

O grace, 8 rayon falutaire

Vient me mettre avec moi d'accord:
Et domptant par un doux effort
Cet homme qui t'eft fi contraire,
Fai ton efclave volontaire

De cette efclave de la mort.

Il ne faut par avoir honte d'être Chrétien.

Un Ch étien ne craint, ne diffimule rien, Aux yeux de tout le monde il eft toujours Chrétien.

Ciel.

Corn.

On entend par le Ciel, le fejour de Dieu, des Anges & des Bienheureux. C'eft ce qui eft bien exprimé dans ces deux vers de Manilius.

Illa Deùm fedes: hæc illis proxima Divûm
Qui virtute fuâ fimiles veftigia tangunt. 1.1.
Aftra tenent cœlefte folum formæque Deorum. Ovid.
Metam.

Lucrece en fait une defcription à sa maniere. Les Bienheureux, felon lui, y font à couvert de toutes les injures de l'air, & y joüiffent d'une tranquillité que rien ne peut interrompre. On en peut conclure que les hommes ont toujours l'idée d'un bonheur éternel

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