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1

Sic ego nec furias, nec deteriora videbo
Tartara, & Elyfias felix admittor ad oras. Stat.
Sylvar. l. s.

La vie des perfonnes, qui font dans l'affliction, eft une espece de mort.

Mortis habet vices

Lente cum trahitur vita gementibus. Sen. Herc. Oet. Il n'eft pas aifé à un homme affligé de diffimuler fon mal; on ne sçauroit feindre en cette occafion.

Hei mihi difficile eft imitari gaudia falsa,
Difficile eft trifti fingere mente jocum;
Nec bene mendaci rifus componitur ore
Nec bene follicitis ebria verba fonant.
Vos ego nunc moneo, felix quicumque dolore
Alterius difces poffe carere tuo. Tibul. l. 3.

El.

7:

C'eft refuser du fecours aux perfonnes affligées que de leur donner une réponfe vague & incertaine.

Dubiam falutem qui dat afflictis, negat. Sen.

Pourquoi les gens de bien font dans l'affliction & les méchans dans la prof perité.

Cum duris premitur juftus, cum floret iniquus,
Percutit anne tui pectoris ima dolor?

Ne te præcipitem trahat hic dolor, æthera mente
Atque adytum ftudeas promptus adire Dei.

Illic confpicies ingentis numinis iræ

Ad mala fervari non moritura malos.
Confpicies fexcenta piis incommoda mitti:
Præmia quæ pofthac uberiora ferant.

Que l'adverfité eft preferable à la profperiré. Beau fentiment d'une Prin ceffe là-deffs.

b

2

Optio fi detur fortis mihi, fœmina prínceps
Dicebat, mediâ vivere forte velim.
Si nequeam mediâ, tum durâ vivere malim
Quam nimiâ rerum profperitate frui.
Egregium fanè dictum; ratioque perinde
Egregia, & clara principe digna fuit.
Non defunt miferis folatia, dixit, at illum
Qui nimis eft felix, mens bona fæpè fugit.
Anthol. facra Jacob. Bill

'Age,

Les Poëtes Grecs & Latins diftinguent quatre âges du monde, fçavoir, l'âge d'or, l'âge d'argent, l'âge de bronze, & l'âge de fer.

L'Age d'or.

Ce que l'Ecriture nous a appris de l'innocence & de la felicité dans laquelle Dieu créa l'homme, de la dépravation du genre humain, qui attira enfin le Deluge, & du rétablissement qui fe fit après le Deluge, semble avoir donné occafion à ce que les Poëtes ont dit des quatre Ages du monde. Ovide en a fait une belle defcription, & voici de quelles couleurs il a peint l'âge d'or, qui fut celui de l'innocence.

Aurea prima fata eft ætas, que vindice nullo
Sponte fuâ fine lege fidem rectumque colebat:
Poena metufque aberant, nec verba minacia fixo
Ere legebantur, nec fupplex turba timebat ilo
Judicis ora fui, fed erant fine vindice tuti,

Voila

par

Voilà la premiere innocence, qui n'étoit reglée ni par les loix, ni par les juges, ni par la crainte des peines, mais par les lumieres naturelles de la raison, par les attraits de la beauté de la juftice, & les inclinations pures & vertueufes que le Créateur avoit gravées dans le fond du cœur. Les navigations, les fortifications des places, les armes, & les guerres n'étoient ni connuës ni compatibles avec le calme & la douceur de cette premiere felicité. Les fruits de la terre fans aucun penible travail donnoient aux hommes une nourriture simple & delicieuse, la terre étant d'elle-même trèsféconde, & les ruiffeaux de lait & de miel coulant de toutes parts:

Nondum cæfa fuis, peregrinum ut viseret orbem,
Montibus in liquidas pinus defcenderat undas:
Nullaque mortales, præter fua, littora norant,
Nondum præcipites cingebant oppida foff:
Non turba directi, non æris cornua flexi,
Non galeæ, non enfis erat, fine militis usu
Mollia fecura peragebant otia gentes.
Ipfa quoque immunis, raftroque intacta, nec ull
Saucia vomeribus, per fe dabat omnia tellus :
Contentique cibis nullo cogente creatis.
Arbuteos fœtus, montanaque fraga legebant,
Cornaque & in duris hærentia mora rubetis,
Et que deciderant patula Jovis arbore glandes.
Ver erat æternum: placidique tepentibus auris,
Mulcebant Zephiri natos fine femine flores.
Mox etiam fruges tellus inarata ferebat 3
Nec renovatus ager gravidis canebat arift s..

B

Flumina jam lactis jam flumina nectaris ibant:
Flavaque de viridi ftillabant ilice mella.

On ne peut rien imaginer de plus femblable à la defcription que Moïse a faite de l'état de la premiere innocence de l'homme, de fa pieté, de fa religion, de fa felicité, du Paradis terreftre, des beautez & de la culture de ce Jardin de délices. Il faut avouer que la raifon naturelle nous montre fort clairement que l'homme étant le chef-d'oeuvre des mains de Dieu entre les natures corporelles, il ne devoit pas fortir des mains de ce divin Ouvrier, qu'il ne fût accompli de tous les avantages & de toutes les perfections de fa nature: mais c'eft ce point même qui doit le plus fouvent & le plus agréablement occuper nos efprits, je veux dire cette conformité admirable entre les veritez de l'Ecriture & les lumieres naturelles de la raifon, foit que ce foit ces veritez ou ces lumieres, ou ce qui eft plus vraifemblable, & les unes & les autres, qui ont communiqué tant de beautez & tant de traits de verité & de fageffe aux ouvrages des Poëtes.

L'Age d'Argent.

Le fecond Age, ou le printems ne

fut pas la feule faifon de l'année étant fuivi de trois autres moins belles & moins commodes; & où la terre commença à refuser fes fruits, fi le travail d'une longue culture ne les lui arrachoit ; enfin où les hommes eurent befoin d'habits & de maisons, & furent obligez de s'appliquer aux arts, pour fatisfaire aux befoins de la nature.

Poftquam Saturno tenebrofa in Tartara miffo,
Sub Jove mundus erat, fubiit argentea proles,
Auro deterior, fulvo pretiofior ære:
Jupiter antiqui contraxit tempora veris,
Perque hiemes, æftufque & inæquales autumnos.
Et breve ver fpatiis exegit quatuor annum.
Tum primum ficcis aër fervoribus uftus
Canduit, & ventis glacies aftricta pependit.
Tum primum fubiere domos: domus antra fuerunt:
Et denfi frutices & jun&tæ cortice virge.
Semina tum primum longis Cerealia fulcis
Obruta funt, preffique jugo gemuere juvenci.

Voilà comme après le peché le premier homme fut chaffé du Paradis terreftre; où regnoit un Printems éternel, & habitant dans les autres païs où les quatre faifons fe fuccedoient les unes aux autres, la terre n'y produifoit auffi que des ronces à moins d'être arrofée de la fueur des hommes, que Dieu avoit condamnez à ce pénible travail.

L'Age de bronze & l'Age de fer.

Les deux Ages fuivans, fçavoir ce

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