Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fonne, quand on ne l'aime que par irterêt: ainfi Plaute a tort de dire qu'il faut aimer ceux qui ont de quoi donner. Il eft pourtant vrai que c'eft affez l'ufage du monde, car on ne s'attache ordinairement à une perfonne qui n'a que du merite fans bien: c'eft peut-être pour cela qu'Ovide a dit qu'un homme riche ne fçait pas fi on l'aime. Felix nef

cit amari.

pas

Cependant les riches ont beaucoup d'amis; le pauvre au contraire eft 0dieux à fes proches mêmes. Prov. 14.

20.

Amare oportet omnes, qui quod dent, habent. Flant. Trucul

On ne fçauroit aimer ce qu'on defelpere de pouvoir obtenir.

Ferrea, crede mihi, non fum, fed amare recufo Illum, quem fieri vix puto poffe meum. Ovid. Helen. Parid.

Celui qui veut qu'on l'aime doit s'attacher à fe rendre aimable.

Sit procul omne nefas; ut ameris, amabilis efto. De art. mand,

Il faut auffi qu'il aime fincerement: car pour être un Pylade,il faut trouver un Orefte.

Ut præftem Pyladem, aliquis mihi præftet Oreftem. Hoc non fit verbis, Marce, ut ameris, ama. Mart. 1.6. Ep. 11. By

On doit préférer le plaifir d'être aimé

à celui d'être craint.

Nolo ego metui; amari mavolo. Plaut,

On s'aime plus foi-même qu'on n'aime les autres.

Verum illud verbum eft vulgo, quod dici folet Omnes fibi melius malle quam alteri. Ter. Andr. L'amour propre empêche qu'on a voue fes defauts.

Seipfum nullus fatetur effe malum. Menand.

Perfonne ne s'eft jamais imaginé qu'il dût aimer quelque chofe plus que foi

même.

Quemquamne hominem in animo inftituere, aut
Parare, quod fit carius, quam ipfe est sibi. Ter.

Chacun aime & defend ce qui lui ap? partient.

Eft amor & rerum cunctis tutela fuarum.Val. Flac.l.şa

Amant.

Tous les momens paroiffent longs aux amans: le moindre retardement les inquiete. L'abfence de la perfonne qu'ils aiment, leur eft infupportable.

Longa mora eft nobis omnis que gaudia differt
Da veniam faffe, non patienter amo. Ovid. Hero.
Leand

Un amant riche & liberal, fut-il le

[ocr errors]

plus groffier du monde, fera préféré à un autre qui n'aura que de l'efprit : les belles aiment les vers, mais elles aiment encore mieux les préfens.

Quid tibi præcipiam teneros quoque mittere verfus, Hei mihi non multum carmen honoris habet. Carmina laudantur, fed munera magna petuntur. Dummodo fit dives barbarus, ille placeat. Ovid. de art.um. 1. 2.

On ne fçauroit fe fâcher contre une perfonne qu'on aime.

Nec tamen irafcor, quis enim fuccenfet amanti?
Si modo quem præfers non fimulatur amor. Helen
Parid

Et fi cela arrive, une feule parole eft capable de les raccommoder.

Quam facile irati verbo mutantur amantes. Ovid.

On ne peut pas tromper les amans.

At regina dolos, quis fallere poffit amantem?
Præfenfit, motufque excepit prima futuros. Virg.

Ils prennent garde à des chofes qui échappent à la vue des indifferens.

Novi ego amantum animum, advortunt graviter qua non cenfeas. Ter. Heauton.

L'âge ou le dégoût font que l'on quitte une perfonne qu'on aimoit.

[ocr errors]

Stulta es plane

Quæ illum tibi æternum putas fore amicum & bene

volentem:

Moneo ego te: te ille deferet, ætate & fatietate.

Plaut. Muft

Une autre femme dans Terence pen

[ocr errors]

fe bien plus jufte que celle-ci. Elle convient de bonne foi que les hommes n'aiment les femmes que pour leur beauté, & que dès quelle eft paffée, ils changent & portent leur cœur ailleurs.

Quippe forma impulfi noftra nos amatores colunt
Hæc, ubi immutata eft, illi fuum, animum aliò confe-

[blocks in formation]

Ceux qui aiment fe repaiffent de belles efperances.

Quid non fperemus amantes. Virg.

Il faut beaucoup d'art pour se faire aimer.

Arte leves currus, arte regendus amor. Ovid.

Pour y parvenir il faut regler fes actions fur celles de la perfonne aimée. C'est le plus für moyen de s'infinuer dans l'efprit des Grands.

Arguit, arguito; quidquid probat ille, probato
Quod dicit, dicas; quod negat ille, neges.
Riferit, arride; fi flerit, flere memento;
Imponat leges vultibus ille tuis. Ovid.

Plus on aime tard, & plus fortement on aime.

Urit amor gravius, quo ferius urimur intus. Idem.

Il n'eft point donné aux hommes, pas même aux Dieux d'aimer & d'être fages en même tems.

Amare & fapere vix Deo conceditur.

Folie ou vifion des amans.

Jamais leur paffion ne voit rien de blâmable,
Et dans l'objet aimé tout leur devient aimable;
Ils comptent les défauts pour des perfections,
Et fçavent y donner de favorables noms.
La Pâle eft au jafmin en blancheur comparable;
La Noire à faire peur, une brune agréable;
La Maigre a de la taille & de la liberté ;
La Graffe eft dans fon port pleine de Majefté;
La Malpropre fur foi de peu d'attraits chargée,
Eft mife fous le nom de beauté negligée;
La Geante paroie une Déeffe aux yeux;

La Naine un abregé des merveilles des cieux:
L'Orgueilleufe a le cœur digne d'une couronne;
La Fourbe a de l'efprit; la Sotte eft toute bonne;
La trop grande parleufe eft d'agréable humeur ;
Et la Muette garde une honnête pudeur. Mol.

Il faut dire avec Lucrece, que c'eft la coûtume de la plupart des hommes que l'amour aveugle; leur paffion déguife les difformitez de ce qu'ils aiment & quelquefois ils trouvent du merite où il n'y en eût jamais : c'est ce malheureux entêtement qui fait qu'on adore fouvent des beautez fans charmes, & qu'on encenfe des femmes, dont les faveurs prodiguées devroient faire naître les derniers mépris. Traduc. du Baron des

Coutures.

Nam hoc faciunt homines plerumque cupidine cæci;
Er tribuunt ea, quæ non funt his commoda verè.
Multimodis igitur pravas turpefque videmus
Effe in deliciis, fummoque in honore vigere:
Atque alios alii inrident, Veneremque fuadent
Ut placent, quoniam foedo afflictantur amore;
Nec fua refpiciunt miferi mala maxima fæpè.

« AnteriorContinuar »