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chimeriques grandeurs.Selon ce Poëte, il ne faut point fortir de fon état pour être heureux & ne faire amitié qu'avec Les égaux.

Ufibus edocto fi quidquam credis amico;
VIVE tibi & longe nomina magna fuge.
VIVE tibi, quantumque potes prælustria vita.
Sævum præluftri fulmen ab arce venit.
Nam quamquam foli poffunt prodeffe potentes
Non profit potius fi quis obeffe poteft.
Effugit hybernas demiffa antenna procellas
Lataque plus parvis vela timoris habent, &c.
Qui cadit in plano, vix hoc tamen evenit ipfum,
Sic cadit, ut tactâ furgere poffit humo, &c.
Quid fuit, ut tutas agitaret Dedalus alas;
Icarus immenfas nomine fignet aquas?
Quippe quod hic alte, demiflus ille volabat, &c.
CREDE mihi, bene qui latuit, bene vixit, & intra
Fortunam debet quifque manere fuam.
Non foret Eumedes orbus, fi filius ejus
Stultus Achilleos non adamaffet equos.
Nec natum in flamma vidiffet, in arbore natas
Cepiffet genitor, fi Phaethonta Merops.
Tu quoque formida nimium sublimja semper;
Propofitique memor contrahe vela tui.
Vive fine invidia, moltefque inglorius annos
Exige. Amicitias & tibi jungere pares. Trift 1.3. El.4.

Selon Seneque, l'amitié n'est point fincere, quand elle peut ceffer.

Quos amor verus tenuit, tenebit. In Thieft.

Exhortation à perfeverer dans l'ami

tié, & à ne pas abandonner fes amis.

Qua potes excufa: nec amici defere caufam.
Quo pede cœpifti: fic bene femper eas.

Surge age: & in duris aut unquam defice colo
Mox aderis: teque aftra ferent. Tu femper amoris
Sis memor: & cari comitis ne abfcedat imago.Val.Flaci

Sis memor oro mei: contra memor ipfe manebo
Crede, tui. Idem.

Amitié feinte & diffimulée: rien n'eft plus abominable qu'un ami qui abandonne fon ami dans fon befoin. Ce nom fi faint & fi vénérable eft foulé aux pieds.

In caput alta fuum labentur ab æquore retro
Flumina, converfis folque recurret equis,
Terra feret ftellas: cœlum fcindetur aratro.
Unda dabit flammas; & dabit ignis aquas.
Omnia naturæ præpoftera legibus ibunt:
Parfque fuum mundi nulla tenebit iter.
Omnia jam fient: fierique poffe negabam:
Et nihil eft de quo non fit habenda fides.
Hæc ego vaticinor, quia fum deceptus ab illo,
Laturum mifero quem mihi rebar opem.
Illud amicitiæ fan&tum & venerabile nomen

Re tibi pro vili fub pedibusque jacet. Trift, l.1.El.7;

Il faut facrifier à l'amitié tout ce qui n'eft que contraire à nos interêts, & rien de ce qui bleffe l'honnêteté. Que l'amitié l'emporte donc toujours, lorfqu'elle ne demandera de nous que des choses honnêtes, & qu'elles ne feront balancées que par quelques unes de celles qui n'ont qu'une apparence d'utilité. Mais que la Religion & la fidelité à notre confcience, l'emporte fur l'amitié, lorfqu'elle nous demandera quel

que chofe de malhonnête. Voilà de quoi nous conduire fûrement dans toutes les occafions où il s'agira de demêler nos devoirs par raport à ce que que l'amitié demande de nous, Cic. L. 3. des Offic. ch. 10.

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Il dit ailleurs que ce n'eft pas par l'ardeur & l'empreffement qu'on doit juger de l'amitié, comme font d'ordinaire les jeunes gens ; c'est par ce qu'elle a de ferme & de folide. Sed ftabilitate potius & conftantiâ judicemus. Offic. 1. c. 15.

Ceux qui ignorent, ou qui affectent d'ignorer les principes de la veritable amitié, les verront bien détaillez dans la piece fuivante. M. de Saulx, Profeffeur à Rheims & Académicien de l'Ordre Social, en est l'auteur.

STANCES fur l'amitié.

L'Amitié, dans mon cœur, grava fes douces loix : J'en fis dès mon enfance, un noble apprentissage: Quand mes yeux, par les ans, s'ouvrirent davantage Perfonne n'en fçut mieux les devoirs & les droits.

7

Vous qui voulez goûter fes douceurs ineffables
Approchez & prêtez l'orcille à mes leçons;
L'Amitié m'a remis fes preceptes aimables,
Je peux fans m'abufer former fes nourriffons.

Sur la feule Vertu, l'Amitié fe fonde,
Ce n'eft qu'avec ces nœuds qu'elle unit les mortels,
Ces Amis corrompus, dont l'Univers abonde,
Peuvent-ils nous aimer, ennemis des Autels.

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Ne crois point nous feduire, attachement coupable,
Qui prend de l'Amitié le titre glorieux,

Tu t'en pares en vain, ce voile refpectable,
Tombe bientot, & montre un fantôme odieux.

Oui, cherchons dans nos cœurs la timide innocence, Nous goûterons alors des charmes raviffans; Et fans craindre d'un Dieu la terrible vengeance, Lui-même approuvera nos plaisirs innocens.

A d'autres biens encore l'Amitié nous invite, Il en eft un fur-tout, & c'est le dernier trait; Joignons a la vertu, le folide mirte

Heureux qui l'a trouvé, son bonheur eft parfair.

Méprifons la beauté, cherchons celle de l'ame, Que les attrais puiflans attachent notre cœur: Quand les graces du corps allument notre flâme, L'Amitié meurt bientôt, & l'Aour eft vainqueur.

On peut, même il est doux,des charmes d'un visage Fatter de l'Amitié l'innocente douceur ;

Mais refpe&tons toûjours la main qui fait l'ouvrage, Et dans la créature, aimons le Créateur.

Des défauts d'un ami montrons-nous l'adverfaire, Que le vice en fecret, foit par nous combattu; Ce zele different d'une morale auftere En corrigeant l'Ami, fait aimer la vertu.

Que le cœur ingenu, d'accord avec la bouche, D'un air fimple & naif ouvre fes sentimens, Un taftueux difcours n'eft point ce qui nous touche L'Amitié n'entend point la langue des Romans.

Bravons avec mépris les coups de la Fortune,
Lorfqu'un fidele ami fe mêle à nos foupirs,
Oui, quand le cœur lui rend notre douleur commune
Nos plus cuifans chagrins deviennent des plaifirs.

Tendres épanchemens, confiance secrete,
Charitables amis, conformire de mœurs,
Eftime mutuelle, à l'Amitié parfaite,
Vous ajoûtez encore les plus vives douceurs,

Mortels, pour retracer ce bien ineftimable;
Il faut à fes plaifirs avoir participé;

Le cœur connoît alors qu'une union semblable
Eft des celeftes biens le goût anticipé.

Mais tu viens la troubler, cruelle maladie,
Pourquoi d'un tendre ami menaces-tu les jours ?
Ah! fouffrons avec lui; par cette fimpathie,
On peut à fes douleurs donner un vrai fecours.

Quel coup!l'Arrêt d'un Dieu vient d'éteindre fa vier
Refpe&tons fes decrets au milieu de nos pleurs
Prenons en ces momens la genereuse envie,
De retrouver au Ciel l'objet de nos douleurs.

Telles de l'Amitié font les fages maximes,
Tout mortel ici bas veut bien les approuver :
Mais faut il en tenir des routes legitimes?
A peine en eft-il un qui les veuille obferver.

C'eft de quoi fe plaint M.lle Scuderi,

Amitié, tout eft charmant,
Sons ton équitable empire
On te trouve rarement
C'est ce que j'y trouve à dire,

Je l'en croirois à demi
Ce galant homme de Grece
Ami, il n'eft point d'ami,
Difoit-il, parmi la presse.

Les amis que vous avez
Hors de la foule importune,
Les avez-vous éprouvez
En la mauvaise fortune?

L'un fçait aimer tendrement,

L'autre eft ferme, l'autre eft fage
Mais peu joignent également
Amitié, fens & courage.

M. Scuderi raporte dans fes conver fations un trait qui prouve bien la veri

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