chimeriques grandeurs.Selon ce Poëte, il ne faut point fortir de fon état pour être heureux & ne faire amitié qu'avec Les égaux. Ufibus edocto fi quidquam credis amico; Selon Seneque, l'amitié n'est point fincere, quand elle peut ceffer. Quos amor verus tenuit, tenebit. In Thieft. Exhortation à perfeverer dans l'ami tié, & à ne pas abandonner fes amis. Qua potes excufa: nec amici defere caufam. Surge age: & in duris aut unquam defice colo Sis memor oro mei: contra memor ipfe manebo Amitié feinte & diffimulée: rien n'eft plus abominable qu'un ami qui abandonne fon ami dans fon befoin. Ce nom fi faint & fi vénérable eft foulé aux pieds. In caput alta fuum labentur ab æquore retro Re tibi pro vili fub pedibusque jacet. Trift, l.1.El.7; Il faut facrifier à l'amitié tout ce qui n'eft que contraire à nos interêts, & rien de ce qui bleffe l'honnêteté. Que l'amitié l'emporte donc toujours, lorfqu'elle ne demandera de nous que des choses honnêtes, & qu'elles ne feront balancées que par quelques unes de celles qui n'ont qu'une apparence d'utilité. Mais que la Religion & la fidelité à notre confcience, l'emporte fur l'amitié, lorfqu'elle nous demandera quel que chofe de malhonnête. Voilà de quoi nous conduire fûrement dans toutes les occafions où il s'agira de demêler nos devoirs par raport à ce que que l'amitié demande de nous, Cic. L. 3. des Offic. ch. 10. Il dit ailleurs que ce n'eft pas par l'ardeur & l'empreffement qu'on doit juger de l'amitié, comme font d'ordinaire les jeunes gens ; c'est par ce qu'elle a de ferme & de folide. Sed ftabilitate potius & conftantiâ judicemus. Offic. 1. c. 15. Ceux qui ignorent, ou qui affectent d'ignorer les principes de la veritable amitié, les verront bien détaillez dans la piece fuivante. M. de Saulx, Profeffeur à Rheims & Académicien de l'Ordre Social, en est l'auteur. STANCES fur l'amitié. L'Amitié, dans mon cœur, grava fes douces loix : J'en fis dès mon enfance, un noble apprentissage: Quand mes yeux, par les ans, s'ouvrirent davantage Perfonne n'en fçut mieux les devoirs & les droits. 7 Vous qui voulez goûter fes douceurs ineffables Sur la feule Vertu, l'Amitié fe fonde, Ne crois point nous feduire, attachement coupable, Tu t'en pares en vain, ce voile refpectable, Oui, cherchons dans nos cœurs la timide innocence, Nous goûterons alors des charmes raviffans; Et fans craindre d'un Dieu la terrible vengeance, Lui-même approuvera nos plaisirs innocens. A d'autres biens encore l'Amitié nous invite, Il en eft un fur-tout, & c'est le dernier trait; Joignons a la vertu, le folide mirte Heureux qui l'a trouvé, son bonheur eft parfair. Méprifons la beauté, cherchons celle de l'ame, Que les attrais puiflans attachent notre cœur: Quand les graces du corps allument notre flâme, L'Amitié meurt bientôt, & l'Aour eft vainqueur. On peut, même il est doux,des charmes d'un visage Fatter de l'Amitié l'innocente douceur ; Mais refpe&tons toûjours la main qui fait l'ouvrage, Et dans la créature, aimons le Créateur. Des défauts d'un ami montrons-nous l'adverfaire, Que le vice en fecret, foit par nous combattu; Ce zele different d'une morale auftere En corrigeant l'Ami, fait aimer la vertu. Que le cœur ingenu, d'accord avec la bouche, D'un air fimple & naif ouvre fes sentimens, Un taftueux difcours n'eft point ce qui nous touche L'Amitié n'entend point la langue des Romans. Bravons avec mépris les coups de la Fortune, Tendres épanchemens, confiance secrete, Mortels, pour retracer ce bien ineftimable; Le cœur connoît alors qu'une union semblable Mais tu viens la troubler, cruelle maladie, Quel coup!l'Arrêt d'un Dieu vient d'éteindre fa vier Telles de l'Amitié font les fages maximes, C'eft de quoi fe plaint M.lle Scuderi, Amitié, tout eft charmant, Je l'en croirois à demi Les amis que vous avez L'un fçait aimer tendrement, L'autre eft ferme, l'autre eft fage M. Scuderi raporte dans fes conver fations un trait qui prouve bien la veri té |