mable de toutes les vertus pafferoit pour fou plûtôt que pour fage. Car la vertu ne fe trouve jamais dans l'excès. C'eft dans ce fens que Ciceron a dit dans le 4. 1. de fes Tufculanes: Studia vel optimarum rerum, fedata tamen &: tranquilla effe debent. Que l'étude des plus excellentes chofes doit être moderée & tranquille : & quelques pages après vers la fin: Etiamfi virtutis ipfius vehementior appetitus fit, eadem fit omnibus ad deterrendum adhibenda oratio. Si les defirs que la vertu même excite dans nos cœurs font trop violens, nous devons tous employer les mêmes remèdes pour les moderer. Horace a fi bien prouvé fa propofi tion que l'admiration eft la caufe de tous nos maux,& fon contraire la cause de tous nos biens, qu'il ne craint pas de dire à fon adverfaire: Allez prefentement malgré tout ce que j'ai dit, laiffez-vous éblouir à l'éclat de l'or, &c. Dacier. I nunc, argentum & marmor vetus ceraque & artes Sufcipe, &c. Enfin la grandeur d'ame & de courage.confifte, felon Ciceron, dans un parfait mépris pour tout ce qui eft hors de nous; mais il faut être vivement perfuadé que l'homme ne doit ni admirer, ni fouhaiter, ni rechercher que l'honnêteté, la droiture & la probité, & qu'il eft indigne de lui de fe laiffer emporter ni par la crainte ou la confideration de quelque homme que ce foit, ni par les paffions, ni par les revers de fortune. C'est-là ce qui fait les grands hommes. Adverfité. L'adverfité eft un état fâcheux où l'on fe trouve réduit par la perte de la fanté, de l'honneur ou des biens. Elle eft, pour ainfi dire, la pierre de touche de l'amitié ; car il eft rare qu'en cette trifte fituation nos amis ne nous abandonnent pas, & je ne fçai fi entre mille it s'en trouveroit un affez genereux & affez fidele pour adoucir les peines de fon ami. Ovide se plaint ici d'un des fiens qui l'abandonna quand il le vit dans le malheur. Dum mea puppis erat validâ fundata carinâ, &c. Il fait voir enfuite à ce faux ami qu'il a tort de l'oublier dans fes difgraces, puifque la fortune étant inconftante, il lui en peut autant arriver. Quid facis ah demens? cur fi fortuna recedat,- Le même Poëte écrivant à un fidele ami, il lui dit que les fervices qu'il lui a rendus demeureront gravez dans fon cœur, puis il ajoûte que fans l'adverfité, on ne feroit pas für fi on a de veritables amis, ce qu'il confirme par Fexemple de Thefée & de Pirithous.. Hæc mihi femper erunt imis infixa medullis, Di tibi fint faciles & opis nullius egentem Quod fors feret, feremus æquo animo.... Iftuc viri eft officium. Therent. in Phorm. C'est le confeil qu'Ofellus donne à fes enfans dans Horace. Sat. 2. 1. 2. après avoir perdu leur bien. Quocirca vivite fortes Fortiaque adverfis opponite pecora rebus. Puifqu'il eft certain que toutes les chofes du monde font fujettes au changement, & que le changement est la détermination de leur être ; c'est être fou de s'affliger, quand on voit qu'elles vont leur train. Il faut que notre efprit acquiefce à cette loi generale & univerfelle. Faire autrement, c'eft gronder contre la nature, & chercher plutôt à corriger Dieu, qu'à fe corriger foi-même. Exhortation à fouffrir patiemment les maux qui peuvent arriver, & à moderer les exceffives joies que cause la profperité. Equam memento rebus in arduis Letitiâ, moriture Deli: Seu mæftus omni tempore vixeris, Cedes coëmptis faltibus, & domo, Divef-ne ptifco, natus ab Inacho, Victima nil miferantis Orci. Omnes eodem cogimur: omnium Exilium impofitura cymba. Hor. 1. 2. Od. 3. Ingenium eft miserisque venit folertia rebus. Ovid. Metam. l. 6. Ingenium mala fæpè movent : quis crederet umquam Aereas hominem carpere poffe vias. Idem de art. am. Quelquefois auffi elle fait le contraire. C'eft Sapho qui parle dans les vers fuivans. Nunc vellem facunda forem. Dolor artibus obftat Nec tamen ingenium nobis refpondet ut ante El. 2. Et au 4. 1. des Trift. ce Poëte dit, Utque foporifera biberem pocula lethes Temporis adverfi fic mihi fenfus abeft: |