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la fureur des plus féditieux faifoit naître continuel Il rétablit lement d'obstacles, il fit réparer à Thonon l'Eglife le culte pu

la

blic de la

de S. Hypolite ; & la nuit de Noël il y célebra pour Religion premiere fois le Saint Sacrifice : il la regarda deCatholique puis, comme l'Eglife Paroifliale dont il étoit le pro-àThonon. pre Curé.

Avant cela, il étoit obligé d'aller tous les jours au Château des Allingues pour célébrer la Messe; & comme il falloit paffer la Durance pour y arriver, il ne faifoit aucune difficulté, lors même que les glaçons flottoient fur cette riviere, de fe mettre fur une pièce de bois, & à l'aide de fes bras & de fes jambes, dont il fe fervoit comme d'avirons, il la paffoit & la repaffoit le même jour, avec autant de tranquillité que s'il eût eu la commodité d'un pont, ou celle d'un batteau.

& il l'entre

prend

Quelque-tems après il reçut un Bref du Pape, par Il eft charlequel le S. Pere le chargeoit de travailler à la con- gé par le verfion de Théodore de Beze, difciple de Calvin, vailler à la Pape de tra& le plus habile Miniftre de la prétendue Réforme. converfion Ce Bref étoit le fecond que François recevoit à de Théodoce fujet ; & fi d'abord il n'avoit pas fatisfait aux re de Beze, intentions du Pape, c'est que les conjonctures ne l'avoient pas permis. Pour exécuter ce qui lui étoit ordonné, il fe rendit à Geneve où étoit le Miniftre, & lui propofa des Conférences, Celui-ci voulut bien y entrer François le convainquit, il le toucha même jusqu'à lui faire verfer des larmes, mais il n'eut pas la confolation de le convertir. Le Seigneur livre, quand il lui plaît, ceux qui retien- 18. & 24 nent la verité dans l'injuftice, aux paffions de leur cœur corrompu.

Dieu dédommagea fon Serviteur de la peine que lui faifoit fouffrir l'endurciffement du Miniftre, par les grands fruits dont il bénit fes travaux dans

Rom. 1.

un tems de

peste.

le Chablais, dans les Bailliages de Ternier & dé Gaillard. Le don des miracles que le Seigneur lui accorda, rendit encore ces fruits plus abondans, & l'on peut mettre au nombre de ces miracles tout ce qu'il fit à Thonon, lorfque cette Ville fut affliSon grand gée de la peste : à tout moment il affronta la mort : zéle dans celle du grand nombre de perfonnes qui l'accompagnoient dans les vifites qu'il faifoit aux malades, ne rallentit jamais tant foit peu la charité qui le tenoit continuellement auprès des affligés ; & comme fi l'ardeur de fon zele eût repouffé & éloigné de lui la malignité de l'air qui infectoit les autres, il entendoit le jour & la nuit la confeffion des mourans, il leur adminiftroit les autres Sacremens, il leur inf piroit la patience & la foumiffion à Dieu, il employoit fes propres mains à les foulager dans tous les befoins du corps.

kité.

Grands

L'entêtement des plus attachés au parti Proteffruits qu'o- tant ne put tenir contre ces prodiges, fur tout pere fa cha- quand on fçut qu'il s'étoit excufé de recevoir les fecours d'argent que l'Evêque de Geneve lui avoit offerts. Tous les cœurs fe réunirent en fa faveur, & la docilité des peuples fit l'éloge des actions qui donnerent à fa parole toute l'efficacité qu'on pouvoit en attendre.

L'Evêque de Geneve qui vint à Thonon, le Cardinal de Medicis, Légat du Pape en France, qui y In 1598. paffa en retournant à Rome ; le Duc de Savoye, qui alla jufqu'à cette premiere Ville au-devant du Légat, furent témoins des merveilles que François avoit operées; & après en avoir rendu graces à Dieu, ils donnerent au faint Miffionnaire toutes les marques de reconnoiffance que méritoient les grands fervices qu'il avoit rendus.

Pendant le féjour que le Duc fit à Thonon, Fran

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çois foutint & affermit contre les Députés de Geneve l'ouvrage qui lui avoit coûté tant de travaux. Ces Députés entreprirent par des raifons de politi- Il résiste que, d'engager le Prince à révoquer une partie des aux EnEdits qu'il avoit donnés pour faire fortir du Cha- voyés de Genêve qui blais tous les Miniftres de la nouvelle Religion; vouloient mais le fage & courageux Miffionnaire rendit tous détruire leurs efforts inutiles. L'Evêque étoit alors retourné à fon OuvraAnneffy. Peu après que le Duc fut forti de Thonon, ge. ce Prélat appella François auprès de lui, & dès qu'il, L'Evêque eût appris l'état où il avoit laiffé la Miffion dans le Chablais, il lui déclara qu'il l'avoit choifi pour être fon Coadjuteur.

de Genève

le choifit

pour fon Coadju

Il accepte

torerie de

Genêve.

VIII.

Le faint Prêtre fut effrayé de la propofition: il teur. demanda huit jours pour faire ses réflexions, & les Ilrésiste auinstances que lui firent pendant ce tems le Duc & le tant qu'il Prélat ; inftances qu'ils appuyerent des plus puiffans peut. motifs de Religion, lui ayant fait connoître que Dieu lui parloit par la bouche de ceux qui étoient la Coadjurevêtus de fon autorité, il fe rendit. Il partit enfuite pour aller à Rome demander au Pape fa bénédiction. Le S. Pere* informé par le Cardinal de Me- * Clément dicis du mérite extraordinaire de François, le reçut avec de grandes marques d'eftime; & uniquement pour faire honneur au Coadjuteur défigné, il vou- Son érudilut qu'il répondît en fa préfence & en celle de grand tion paroît nombre de Cardinaux, à plufieurs queftions qui à Rome en avoient rapport au miniftere dont il alloit être charPape & des gé. François fut écouté avec un applaudiffement gé- Cardinaux. néral; & il mérita que le Pape après l'avoir embraffé, lui adrefsât ces paroles des Proverbes : Buvez, Prov. 5.15. mon fils, des eaux de votre citerne....& faites que ces eaux fe répandent par les places, afin que chacun en boive à fouhait.

Pendant fon féjour à Rome il ménagea les moyens

présence du

de rétablir entiérement la Foi dans le Diocèfe de Geneve : il eut pour cela de fréquentes conférences avec les Cardinaux, qui ne pouvoient trop admirer fa fageffe & fa vertu, entr'autres le Cardinal Baronius, qui qui ne fit point difficulté de dire qu'Adam n'avoit point péché en ce faint Miniftre de J. C. Il obtint outre les Bulles pour la Coadjutorerie, dont il ne parloit pourtant point au Pape tout ce qu'il avoit demandé en faveur du rétabliffement de la Religion Catholique ; & ce ne fat pas fans une admiration égale au défintereffement de François, que le Pontife lui permit de faire ce qu'il jugeroit à propos au fujet d'un droit done il demandoit l'abolition, & qui, quoique fondé fur l'ufage, paroiffoit odieux à ce vrai Pafteur du TrouSon grand peau de Jefus-Chrift. Ce prétendu droit confiftoit défintéres- en ce que les Evêques de Geneve s'emparoient de

tement.

la fucceffion de grand nombre de leurs Diocésains qui mouroient fans enfans ; ainfi en privant les collateraux d'un bien, qui naturellement devoit retourner à eux, ils augmentoient le nombre des pauvres, fous prétexte de fe mettre plus en état de les foulager.

En 1599. François étant de retour à Turin, obtint du Prince, nonobftant les traverses qui lui furent fufcitées, l'enregistrement des Bulles qu'il avoit apportées de Rome; mais dans le tems qu'il croyoit recueillir les fruits qu'il s'étoit promis de l'exécuGuerre en- tion de ces Bulles, la guerre qu'Henri IV. détre Henri clara au Duc de Savoye, lui donna de nouvelles Duc de Sa- inquiétudes, & l'obligea de prendre de nouveaux foins. Les Officiers Proteftans qui fervoient en grand nombre dans l'armée du Roi, maltraitoient fans ménagement les Catholiques, fur-tout les Prêtres ; & ils réduifoient en cendres les Eglifes & les

IV. & le

voye.

En 1600.

Monafteres. François employa tout fon crédit pour faire ceffer ces cruautés ; & à fes inftances, le Roi fir défenfe, fur peine de la vie, de commettre de pareils excès.

Miffion au

guerre.

Les troubles de la guerre ne l'empêcherent pas Il entred'entreprendre une Miffion dans le Diocèfe de Ge- prend une nêve, pendant le cours de laquelle il rétablit trente- milieu des cinq Paroifles. Il fut arrêté une fois par un parti & troubles de conduit au Marquis de Vitri qui commandoit: il la fut reçû & renvoyé avec honneur. Par le Traité de Paix qui mit fin à cette Guerre, la Bailliage de Gex fut cédé au Roi. Comme les Hérétiques y dominoient, le zéle de François l'emporta à Paris pour Il vient à y ménager les intérêts de la Foi ; & il fe conduifit Paris pour avec tant de fageffe, que malgré toutes les maximes les intérêts de la politique qui faifoient la régle des Miniftres gion. d'Etat, il obtint de la Religion du Prince, tout ce qu'il fouhaitoit en faveur des Catholiques.

La réputation de François avoit donné depuis long-tems en France, une haute idée de fes vertus. & de fes talens : c'eft ce qui fit que dès qu'on fçût qu'il étoit à Paris chacun s'empreffa de le connoître, & s'applaudit de l'avoir connu. Les Ducheffes de Mercœur & de Longueville fe mirent fous fa conduite, & la premiere de fes Dames ayant perdu fon époux, Philippe Emmanuel de Lorraine Duc de Mercœur, elle pria le Coadjuteur de Genève de faire fon Oraison Funébre en l'Eglife de Paris. Le Prélat la fit le 27 Avril 1602. & ily fit entter toute la fincérité & tous les fentimens de Religion qu'on peut fouhaiter, pour rendre ces fortes d'actions parfaites. Le Cardinal de Berulle l'engagea de l'aider dans le deffein qu'il avoit de former la Congrégation des Prêtres de l'Oratoire,& d'établir en France les Carmelites Déchauffées. Le Roi le demanda pour prêcher pendant le Carême à la Cour où re

de la Reli

En 1602.

Il prêche

à S. Jean en Greve le 15 Août 1602.

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