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tout le

I acquiert gnoient tous les défordres que caufe le libertinage, en France & que l'héréfie entretient. François le fit fans dél'eftime de guifer ni affoibir la vérité dont il étoit le Minifmonde. tre; il le fit même avec tant de fuccès, qu'une Dame auffi diftinguée par fon efprit que par fa naif*La Com- fance,* après l'avoir entendu, renonça à l'erreur reffe de Per- dont elle étoit une des plus ardentes protectrices; & jamais il ne defcendoit de chaire, qu'il ne fût fuivi par plufieurs perfonnes, dont les unes demandoient à fe faire inftruire, les autres à fe reconcilier à Dieu par le Sacrement de la Pénitence.

drieuville.

IV.

Le Roi qui étoit à Fontainebleau pendant le CaIl a la rême, voulut l'entendre à fon retour. Ce Prince fut confiance touché des difcours du Prédicateur: non content d'Henry d'affifter à fes Sermons, il l'entretenoit fouvent fur les affaires de fa confcience; & il eut tant d'eftime lui, qu'afin de le retenir dans fon Royaume, il lui offrit un Siége confidérable & une penfion de quatre mille livres. François remercia le Roi, & le laiffa plein d'admiration pour un définteressement fi nouveau.

Il eft accu

renouvel

pour

La justice que ce Prince rendoit au mérite de fé par des François étoit applaudie des gens de bien; mais elle envieux de lui attira la jaloufie de quelques Courtifans qui euler la conf- rent recours à la calomnie pour le perdre dans l'efpiration du prit du Roi, & ils la porterent même, jufqu'à l'acMarechal cufer d'être venu en France pour renouveller la confpiration du Maréchal de Biron.

de Biron.

Le Saint Miniftre de J. C. en eut avis dans le moment qu'il alloit monter en Chaire. Son innocence le contint dans fa tranquillité; il ne fut feulement pas émû d'une accufation fi atroce, il parla avec la douceur, la force, la présence d'efprit qui lui étoient ordinaires, & en fortant de Chaire il alla Ilfe juftitrouver le Roi pour fe juftifier. Le Prince n'eut pas. plûtôt entendu les premieres paroles qui lui firent

fie auprès

du Roy.

de Paris en

comprendre ce que François lui vouloit dire, qu'il l'interrompit en en l'affurant que les rapports qu'on lui avoit faits, ne lui avoient jamais donné le plus léger foupçon contre lui : il l'affura de fa confiance, & fit publiquement fon éloge, après qu'il fe fut Il retourne retiré. Ainfi François comblé d'honneur de la part fon Diodu Roi, laiffa la Cour & la Ville pleines d'eftime cèfe. & de vénération pour lui, & partit pour retourner à Anneffy. Comme il étoit en chemin, il apprit la Claude de mort de l'Evêque de Genêve. Il auroit bien voulu Granier Eaffifter à fes obféques, mais il n'y avoit de tems: c'eft ce qui l'engagea de fe retirer auffi-tôt au Château de Sales, pour fe difpofer à fon facre.

pas

Mort de

vêque de Genêve.

de Sales.

Sa retraite fut de vingt jours ; il la fit fous la direction du Pere Fournier Jefuite. Son facre fut fait Sacre de le 8 de Décembre par Vefpafien Grimaldi Archevê- S. François que de Vienne, affifté des Evêques de faint Paul & * Métrode Damas.Ce fut à Torens**, où il avoit été bapti-politain de fé & où fa mere faifoit fa réfidence. Il y eut à cette Genêve. cérémonie un grand concours d'Eccléfiaftiques & de Nobleffe, qui tous, huit jours après, l'accompagnérent à fon entrée dans Anneffy. Le lendemain de fon arrivée ; c'étoit le troifiéme Dimanche de l'Avent, il commença fes fonctions par la plus importante & la principale de l'Epifcopat : il annonça lui- Conc. Trid. même la parole de Dieu à fon peuple, & fa fidé-feff. s. c. 2. lité dans l'accompliffement de ce devoir, s'eft tou- de reform. jours foutenue jufqu'aux derniers jours de sa vie

Comme il fçavoit que le Pasteur doit être le mo- Il fe fait déle du troupeau, il fe prefcrivit à lui-même une re- pour luigle qu'il fuivit conftamment, & il établit dans fa même réglement

**Torens étoit un gros bourg, appartenant à la maison de Sales, dont l'Eglife étoit grande & belle. Apparemment que l'Eglife de Torens étoit la Paroiffe du Château de Sales, ou felon la Bulle de Canonifation, il avoit été baptifé.

de vie.

un

fon

Diocèfe.

maifon un ordre dont il n'étoit permis à perfonne de s'écarter. Ses habits étoient fimples & propres, fans aucune affectation; il ne portoit point de foye, & il ne fortoit qu'en rochet & en camail. Il récitoit le Breviaire tête nue & à genoux. Il offroit tous les jours le faint facrifice. Il affiftoit les Dimanches & les Fêtes aux Offices de la Cathédrale, & chaque année il faifoit une retraite de dix jours.

Dans fa maison, tout fe faifoit auffi régulièrement que dans un cloître. On fe levoit, on faifoit la priere en commun, on alloit à la Meffe, on fe mettoit à table, on prenoit la récréation, on se retiroit aux heures marquées. Pour ôter aux Eccléfiaftiques tout prétexte de loger chez eux leurs parentes les plus proches, il fe priva de la confolation d'avoir avec lui fa mere dans fa maifon Epifcopale. Pour tous Officiers près de fa perfonne, il avoit deux Aumôniers. Pour domeftiques il avoit deux valets de Chambre, l'un defquels avoit pour fonction d'introduire les perfonnes qui venoient chez le Prélat. Il n'avoit qu'un feul valet pour le fervice commun, un autre pour préparer ce qui fe fert fur la table, &'un troisiéme pour la propreté de la maison. Sa table étoit frugale. On faifoit la lecture de quelque bon Livre jufqu'au milieu du repas; le refte du tems fe paffoit en quelque converfation aifée, agréable & édifiante.

Pour introduire la réforme des mœurs parmi les peuples de fon Diocèfe, il commença par réprimer, Reglemens autant qu'il le put, l'excès & l'éclat des divertiffepour mens publics. Il ordonna que le S. Sacrement feroit expofe pendant le carnaval; il prêcha lui-même pendant ces jours de fcandale; & par ce moyen, il détourna grand nombre de perfonnes des plaifirs illicites, aufquels on fe fait alors un devoir de bienféance de fe livrer. Il fit faire des catéchifmes publics chaque jour du Carême, tous les Dimanches & toutes

les Fêtes pendant l'année. Il voulut que les Cures fuiffent mifes au concours, pour être conferées à ceux qui auroient le plus de capacité. Il inftitua des Confrairies du S. Sacrement pour animer & foutenir les Catholiques dans la Foi, contre la fauffe créance des Calviniites. Il affembla le plûtôt qu'il put un Synode des Curés de fon Diocèfè, & il y dreffa un Rirael pour l'adminiftration des Sacremens.

affaires de

l'Eglife.

Dès qu'il eut remedié, felon tout fon pouvoir, Il va à Tuaux maux les plus preffans, il partit pour aller à Tu- rin pour les rin folliciter le Duc de Savoye de confommer l'extirpation du Calvinifme dans fes Etats. Quoique le féjour qu'il fit en cette Ville ne fût pas long, le faint Evêque ne laiffa pas d'opérer de grands fruits à la Cour. Le Prince, qui en étoit le témoin, vouloit le retenir plus long tems; mais les affaires de l'Eglife le demandant ailleurs, le Duc le laiffa partir pour Il accomaller accommoder une grande conteftation qui divi- mode un foit le Chapitre de fa Cathédrale d'avec celui de la Collégiale d'Anneffy, & pour aller à Gex preffer le élevé entre Duc de Bellegarde, qui commandoit pour le Roi le Chapitre Henri IV. de faire mettre à exécution les Edits ce Prince lui avoit accordés pour le rétabliffement celui de la de la Foi Catholique dans tout le Bailliage.

que

différend

qui s'étoit

de fa Cathédrale &

Conver

Collégiale Le faint Evêque réüffit dans l'une & dans l'autre d'Annefly. entreprife. A Gex, fes difcours & fes exemples feconderent l'autorité & opérerent la converfion d'un fions qu'il grand nombre de perfonnes, entr'autres celle de fait à Gex. deux Gentilshommes de la Maifon du Duc de Belle

pro

garde. Ce fuccès irrita les Miniftres Calviniftes : ils On attente à la vie. crurent que le moyen le plus affuré d'arrêter le grès que faifoit le Prélat, étoit de fe défaire de lui; & ils chargerent un empoifonneur d'éxécuter leur deffein. L'attentat fut confommé de la part des impies: mais Dieu qui étoit attentif à la confervation

du Pasteur de fon troupeau, lui fauva la vie. François, après avoir fouffert de cruelles douleurs, guérit parfaitement, & il trouva dans le crime de fes Il embrafle ennemis le motif & le moyen de s'employer avec fes ennemis fruit à leur converfion. Il les combla de careffes & & illes conde bienfaits; & par cet acte de charité à eux inconvertit. nu, il leur donna une fi haute idée de la Foi Catholique, qu'ils crurent qu'ils ne pouvoient pas errer en embraffant la Religion que fuivoit un homme fi plein de l'efprit du Chriftianifme.

des Moines

Cette importante converfion fut fuivie de celle d'un nombre infini de perfonnes de tout état dans le Bailliage de Gex ; & quoique l'application continuelle qu'il donnoit à l'inftruction des hérétiques, Il réforme semblât devoir occuper uniquement fon zéle, il ne les mœurs laiffa pas de l'étendre dans le même-tems à la réford'une Ab-me d'une Abbaye ⋆, dont les Moines & l'Abbé baye. exemts de la jurifdiction de l'Ordinaire, croyoient * L'Abbaye qu'à l'abri de leur dépendance immédiate du Saint de Six dans Siege, l'Evêque n'avoit pas même droit d'être fcanle Foffigny. dalifé de leurs débordemens. François tenta cette En 1605. pénible & délicate entreprife, & il en vint à bout.

En peu de tems la difcipline monaftique devint floriffante dans cette maifon, & elle s'y foutient encore aujourd'hui avec une grande édification.

Il n'eut pas plûtôt achevé cette grande œuvre, qu'il en fit une feconde d'un autre genre, dans la Il foulage contrée où étoit cette Abbaye. La rapidité des eaux les peuples qui, pendant un orage furieux, couloient comme d'une Con- des torrens, avoit détaché les rochers des montapar un fu- gnes; & ces rochers roulant avec impétuofité juf rieux ora- qu'au fond des vallées, avoient écrasé fous leur

trée défolée

ge.

maffe les maifons de plufieurs villages, fait périr partie des hommes & des beftiaux de ces lieux, & enfeveli l'autre dans les efpaces qui fe trouvoient

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