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entre quelques-uns de ces rochers entaffés les uns fur les autres. Le charitable Pasteur n'eut pas plûtôt appris cette défolation, qu'il courut & fe précipita pour ainfi - dire, dans les antres où les affligés n'attendoient plus que la mort. Il leur procura tout le foulagement de l'ame & du corps dont ils avoient befoin; & non content de la confolation présente qu'il leur donnoit par lui-même, il obtint du Prince en leur faveur une exemption de taille pour vingt

années.

Il va prê

cher à Dijon. Il fait

Son Diocèse lui paroiffant alors dans une fituation qui pouvoit lui permettre d'en fortir pour un peu de tems, il crut ne pouvoir pas réfifter aux inftances de grands du Parlement de Dijon, qui le prioit avec ardeur fruits en d'aller prêcher pendant le Carême en cette Ville, cette Ville. & qui ayant follicité fortement le Duc de Savoye d'en accorder la permiffion, l'avoit enfin obtenuë. La bénédiction que Dieu répandit fur les travaux Evangéliques de l'Evêque de Geneve, fit bien voir que le Seigneur vouloit que les étrangers profitalfent d'un zéle, qui étoit trop étendu pour demeurer toujours refferré dans un feul Diocèfe. Il fe fit un changement notable dans toutes les conditions de cette floriffante Ville. Le Prédicateur fembloit ne se délaffer des fatigues de la chaire, qu'en fe donnant à celles du Confeffionnal; il y écoutoit indiftinctement toutes les perfonnes qui fe préfentoient; il n'en fortoit que pour aller faire des inftructions en différens Monafteres; il paffoit le refte du tems, ou à confoler & à foutenir les mourans, quand il étoit averti qu'il y en avoit, ou à répondre aux perfonnes qui venoient le confulter dans les vifites particulieres qu'il recevoit fans difficulté.

Ce fut pendant ce Carême que le Saint connut Il fait conla Baronne de Chantal, qui étoit venuë exprès à noiffance

avec Ma- Dijon pour l'entendre, & dont la piété foutenuë & dame de conduite par celle de ce guide éclairé, a produit jufqu'à nos jours de fi abondans fruits dans l'Eglife.

Chantal.

Abbé d'A

Il partit de Dijon, laiffant toute la Ville pénétrée des verités qu'il avoit annoncées, & pleine du déplaifir que caufoit à tout le monde fon éloignement. Dès qu'il fut de retour à Anneffy, il entra avec joie *Vefpa- dans les vûes d'un Abbé*, qui vint lui faire part du fion Ajazza deflein où il étoit de bannir le relâchement qui rébondance, gnoit dans fon Monaftere. Il appuya cet Abbé de tout fon crédit ; & à fa follicitation, le Pape Cléles Feillans ment VIII. accorda des Bulles pour établir dans dans une l'Abbaye une Colonie de Feüillans à la place des anAbbaye à ciens Moines. Les Bulles eurent leur exécution. On la place des affigna à ces Moines des penfions convenables pour leur fubfiftance, & ils fe retirerent.

Il établit

anciens

Moines.

vifite de

cèfe.

Les foins que le faint Evêque fe donna pour le En 1605. fuccès de cette affaire, ne l'empêcherent pas de Il fait la faire la vifite de fon Diocèfe; vifite pénible s'il en fon Dio- fut jamais, soit à cause de la difficulté des chemins, qui, tracés à peine à travers les montagnes & les rochers, & fouvent couverts par les neiges & les glaces, n'étoient pas même praticables aux gens dé pied: foit à caufe du caractere des peuples qui, habitant des demeures inacceffibles à ceux qui auroient pû les policer & les inftruire, étoient également féroces & ignorans. Il n'y eut lieu fi impénétrable où le zélé Pasteur n'entrât; & il n'y eut d'homme fi brutte qu'il n'attirât, de fi ignorant qu'il n'enfeignât lui-même, & qu'il ne laifsât inftruit de toutes les verités néceffaires au falut.

Il fut obligé d'interrompre le cours de cette vifite Il prêche pour aller prêcher pendant le Carême à Chamle Carême à bery. Le grand nombre de converfions qu'il fit, & Chambery. parmi les hérétiques, & parmi les pécheurs de cette

Capitale,

Capitale, mit le comble à la confolation que lui avoit donnée la docilité des peuples qui habitoient les chaumieres & les cavernes ; mais comme il fe difpofoit à reprendre fa vifite pour la finir, il apprit que le Duc de Nemours, mécontent de la Cour de Savoye, alloit former le fiége d'Anneffy. Le faint Il fe jette Prélat crut qu'un bon Pasteur ne pouvoit abandon-dans Anner fon troupeau dans une fi trifte conjoncture : Il nefly affiégée par le fe jetta dans la Ville, defirant, s'il étoit poffible, Duc de Necourir lui feul tous les périls où fon peuple étoit ex- mours. pofé, trop content de partager avec ce peuple la confolation de donner au Souverain des marques de la plus conftante fidelité. Le Prince de Piémont fit lever le fiége, & François fe remit en marche achever fa vifite.

pour

les études.

A fon retour, il dreffa par écrit des avis aux Con- En 1666. feffeurs, qui parurent fi utiles, qu'ils furent depuis Il fait des publiés dans plufieurs Diocèfes & traduits en diver- établiffefes langues. Il établit à Anneffy des Ecoles publiques mens pour de Belles-Lettres, de Philofophie, de Théologie, II fonde un de Jurifprudence ; & comme la fcience eft perni- séminaire. cieuse fans la piété, il fonda dans le même tems un Séminaire, où les Eccléfiaftiques élevés & formés dans le goût de la vertu, fuffent dans la fuite en état, & par leurs difcours, & par leurs exemples, de la faire pratiquer aux peuples.

fait dans la

Son attention à ce qui regardoit l'avenir, n'inter- En 1607. rompit point celle qu'il devoit aux maux préfens. Il Grands partit pour vifiter l'extrêmité de fon Diocèfe, du fruits qu'il côté des Suiffes. Dans l'efpace de trois années qu'il vifite de fon passa dans ces lieux, il rétablit trente-trois Paroif- Diocèfe. fes, à qui il donna des Curés également recommandables par leur fçavoir & par leur vertu ; & l'affiduité avec laquelle il inftruifit les peuples fut fi heureufe,que dans cette contrée où il n'avoit pas trouvé

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tion à la Vie

cent Catholiques, il ne laiffa pas à fon départ cent Hérétiques.

Après fon retour à Anneffy, il fut preffé par plufieurs Seigneurs, & même de la part du Roi Henri IV. de compofer un Ouvrage, pour montrer que la

piété n'étoit pas le partage des feuls Eccléfiaftiques Il compofe ou des perfonnes retirées du fiécle, mais qu'elle étoit le Livre de à la portée de celles qui ont des engagemens dans le l'Introduc- monde & à la Cour. Le zele dont le charitable PréDévote. lat brûloit pour l'avantage des grands & des petits, Grand fuc- l'engagea bien-tôt à écrire le Livre intitulé: De l'Incès de cet troduction à la Vie Dévote, fous le nom de Philotée: Ouvrage. Ouvrage qui fut reçû avec tant d'applaudiffement & de goût, tant par les Eccléfiaftiques que par les Séculiers de tout état & de tout rang, que peu après qu'il eût paru, il fut traduit en toutes les langues de l'Europe.

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Excès.com- La jaloufie fufcita pourtant quelques contradicmis contre tions à ce Livre : Il y eut même un Religieux, qui Ouvrage. prêchant devant un auditoire nombreux, s'emporta en invectives contre l'Ouvrage & contre l'Auteur,

le même

& qui porta l'infolence jufqu'à brûler le Livre en Patience préfence de toute l'Affemblée. Le pieux Evêque de S. Fran- fouffrit cet attentat avec une patience furprenante ; çois de Sales à ce fu- il ne voulut pas même faire attention à l'infulte qui jet. étoit faite à fa dignité, de crainte que s'il en demandoit fatisfaction, il ne s'y mêlât quelque reffentiment perfonnel. Il demeura dans l'inaction; il ne rompit même le filence là-deffus, que dans la PréIl compofe face du Livre qu'il compofa depuis fur l'Amour de le Livre de Dieu, fous le nom de Theotime; encore en parle-t-il d'une maniere qui fait voir que l'amour propre étoit éteint en lui, & que l'unique but qu'il fe propofoit dans toutes fes actions, étoit le falut, & non pas l'applaudiffement des hommes.

l'Amour de

Dien.

L'envie ne s'étoit pas bornée à décréditer l'Evê- On veut que de Geneve dans le public; elle avoit entrepris le décrier de le décrier auprès du Pape. Mais le Saint Pere dans l'esprit du Pape,qui qui connoiffoit à fond le grand mérite du Prélat, lui donne loin de prendre de lui les idées qu'on vouloit en des mardonner, lui envoya une commiffion pour terminer ques de for le différend qui s'étoit élevé entre l'Archiduc d'Au- eftime en triche, l'Archiducheffe de Flandre, & quelques Abbés & Monafteres du Comté de Bourgogne. Fran-commif geant d'une çois accommoda tout en peu de tems, à la fatisfac-fion. tion des Parties: mais il eut beaucoup plus de peine En 1609. à remplir une autre commiffion qu'il avoit reçûe de Il réforme Rome pour réformer deux Abbayes qui n'étoient deux Ab pas dans fon Diocèfe, & qui même étoient fituées bayes fihors des Etats du Duc de Savoye. Il eut à effuyer les tuées hors murmures & les infultes des Moines féditieux qu'il cèfe. avoit ordre de réduire; il y en eut même un qui lui

de fon Dio

On attente

porta trois coups de pistolet; mais la protection de à fa vie. Il Dieu le préferva contre la fureur des rebelles; & le pardonne Seigneur touché de la douceur avec laquelle fon aux aflaffins Serviteur avoit fouffert cet attentat, accorda à fes & il les conprieres le repentir & la converfion de ceux qui l'avoient formé.

vertit.

Il facre

mus, Evê

François ayant exécuté fa commiffion, partit pour retourner au lieu de fa réfidence, & paffa par Bel-Pierre Caley, où Pierre Camus nommé à l'Evêché de cette Ville, l'avoit prié de faire la cérémonie de fa confé-que de Belley. cration. Le faint Evêque lui impofa les mains; & l'amitié qui avoit été jufques-là entre ces deux grands hommes, devint auffi intime que l'eft celle d'un pere En 1609. plein de tendreffe pour un bon fils, & d'un fils pénétré de refpect pour un bon pere.

Il eft invité

de la part de L'Evêque de Geneve ne fut pas plûtôt de retour Henri IV. à Anneffy, qu'il reçut des Lettres du Baron de Lux, d'aller à par lesquelles ce Seigneur lui faifoit fçavoir que le Gex.

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