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Duc en profita pour fon inftruction; mais il ne fe rendit

pas encore.

Les Miniftres Proteftans qui redoutoient les fui

part

des

tes de ces conférences redoublerent leurs efforts Infultes pour les interrompre : ils répandirent des Libelles qu'il foufdiffamatoires où le faint homme étoit traité de faux fre de la dévot & de féducteur; mais leur fureur fut fans effet. Miniftres! Le Duc plein d'eftime & de vénération pour le Pré- Calvinilat,l'engagea de promettre que le Carême fuivant, il ftes. reviendroit prêcher à Grenoble, & il lui donna la douce efpérance de voir l'ouvrage de sa converfion confommé. François revint comme il l'avoit pro- En 1618. mis; & il eut la confolation de voir fes vœux accomplis. Le Duc de Lefdiguieres abjura.

Converfion & ab

Duc de

Les biens infinis, en tout genre, qu'avoit faits de juration du grand Evêque, l'avoient mis en vénération par tout, Lefdiguie& particulierement à la Cour de Savoye. Le Duc res. qui vouloit honorer de tout fon pouvoir, l'Ambassade qu'il envoyoit au Roi Louis XIII. pour demander Chriftine de France, fœur de ce Prince, en mariage avec le Prince de Piémont fon fils, ne crut pas faire encore affez de charger de cette commiffion le Cardinal de Savoye fon fils puis-né, s'il n'envoyoit avec lui l'homme le plus précieux de fes Etats, & de Savoye. qui feul en faifoit tout l'honneur. L'Evêque de Genêve eut ordre d'accompagner le Cardinal à la Cour de France, & il obéit.

Il eft envoyé en

France avec le Cardinal

à le con

Il ne fut pas plûtôt arrivé à Paris, que fes anciens En 1619. amis, & les perfonnes qui afpiroient à l'honneur Grand emde fon amitié vinrent en foule le vifiter. A peine preflement pouvoit-il fuffire à fatisfaire le grand nombre de noître & à ceux, qui tout à la fois lui demandoient, les uns des l'entendre. Sermons, les autres des Conférences publiques, ceux-ci des entretiens particuliers, ceux-là le foulagement qu'ils attendoient de la confeffion de leurs

péchés. Il fe livroit à tout, fans manquer à ce qu'il

ceffe de

lui donne

devoit à fes cheres filles de la Vifitation, que depuis peu, il avoit établies à Paris, & qui ne pouvoient le voir auffi fréquemment qu'elles le fouhaitoient.

Le mariage fut célébré avec toute la pompe ordinaire aux François, à ces auguftes cérémonies. La Prin- La Princeffe fe fit un plaifir & un devoir d'offrir au Prélat la charge de premier Aumônier de fa MaiPiémont fon; mais cet honneur ne lui paroiffant pas compala charge tible avec l'obligation de la réfidence, il remercia de premier avec tous les fentimens du plus grand respect & de Aumônier la plus vive reconnoiffance. Cependant la Princeffe qui fe faifoit honneur d'avoir à la tête des Officiers Eccléfiaftiques de fa Maison, un Prélat du mérite de l'Evêque de Genêve, voulut qu'il eût le titre de premier Aumônier, fans être obligé d'en faire les fonctions.

de fa Mai

fon.

Il fe défendit avec encore plus de fermeté, d'accepter l'offre que Jean-Paul de Gondi Cardinal de La Coad- Retz Evêque de Paris, lui fit de la part du Roi, de le jutorerie prendre pour fon Coadjuteur. Ce fut en vain que le de Paris lui Cardinal tenta le zéle du Prélat, en lui expofant Il la refufe, les biens infinis qu'il auroit à faire dans cette pre

eft offerte.

miere ville du Royaume. Le fimple Pasteur, fidele à fon Epoufe, c'eft ainfi qu'il nommoit fon Eglife, crut qu'il ne lui étoit pas permis de la laiffer pour en prendre une autre. Il remercia très-humblement le Roi, de l'eftime dont il lui donnoit de fi éclatantes En 1620. marques, & dont il fe croyoit fi indigne; il retourna en Savoye,& alla faire fa réfidence à Anneffy. Il apprit à fon retour, que fes gens d'affaires avoient intenté en fon nom plufieurs procès ; il les Son dé-accommoda tous. Il remit même à un Gentilhomfintéreffeme contre qui il en avoit gagné un pendant fon abfence, tous les dépens qu'il étoit en droit de lui faire payer; & comme il crut n'avoir aucun droit pour fon ufage particulier, fur les revenus de fon Evêché,

mient.

pendant qu'il n'avoit pas fervi fon Eglife par luimême; tout l'argent qui avoit été épargné pendant fon féjour en France, fut employé à faire des aumônes, & à décorer de plufieurs piéces d'argenterie, l'Autel de fa Cathédrale.

les eft facré

de Genêve.

Jean-François de Sales, frére du faint-Evêque, qui à la poftulation du Prélat avoit été nommé par Le Frére le Duc de Savoye à la Coadjutorerie de Genêve, de S. Franavoit, après avoir reçû fes Bulles, été confacré à çois de SaTurin, fous le titre d'Evêque de Calcédoine. Il en Evêque de partit pour aller trouver l'Evêque fon frère à An- Calcédoine nessy. François lui confia le foin de partager avec pour être lui le gouvernement du Diocèle, toujours prêt à Coadjuteur foutenir lui feul tout ce qui fe préfentoit de plus pénible. Le Coadjuteur aidé des lumieres du faint Evêque travailloit de concert avec lui, lorfque le Il préfide Pape Gregoire XV. adreffa un Bref à François, avec au Chapiordre d'aller à Pignerol préfider au Chapitre Géné- tre Général ral des Feuillans. Il le fit, & fa prudence ayant con- lans. duit l'Affemblée à une heureufe conclufion, il retourna chez lui, & paffa par Turin.

des Feüil

En 1620.

Grand Sei

gneur.

Pendant le féjour qu'il fit en cette Ville, il profita de la confiance avec laquelle un Seigneur des plus qualifiés de la Cour, lui fit part des mouvemens intérieurs qui le portoient à fe convertir. Ce Il converSeigneur avoua au faint Evêque, que la réfiftance tit un qu'il faifoit à ces mouvemens, étoit moins causée par la paffion qu'il confervoit pour la perfonne qui la lui avoit infpirée, que par la crainte de devenir, s'il changeoit de conduite, le fujer de la plaifanterie des courtifans: François lui fit bien-tôt comprendre combien ce refpect humain achevoit de le rendre indigne des infpirations que Dieu par fa miféricorde vouloit bien lui envoyer: il s'infinua avec tant de ménagement dans le cœur de ce pécheur ébranlé, que fans l'obliger à quitter

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un diamant

fes emplois, il l'engagea de faire une confeffion gé
nérale, de rompre tout commerce avec la perfonne
pour qui il avoit un attachement criminel, & de fe
retirer dans la fuite à une de fes Terres, où il a fini
fa vie
par une mort chrétienne & édifiante.

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Après cette éclatante converfion qui fut accompagnée de plufieurs autres, le Prélat partit pour reCondition tourner en fon Diocèfe. Il alla prendre congé du à laquelle Prince & de la Princeffe de Piémont; & il en reçut il accepte un diamant. Il ne l'accepta cependant que par refde la Prin- pect, & à condition qu'il lui feroit permis de le ceffe de vendre pour en diftribuer le prix aux pauvres. Piémont. Il y avoit peu de tems qu'il étoit arrivé à Annelly, lorfqu'il reçut ordre du Duc de Savoye de fe renLe Duc de dre à Avignon : ce Prince devoit avoir une entreSavoye lui vuc avec le Roi Louis XIII. Le Saint étoit alors ordonne de très incommodé. Cependant fon devoir l'emporta fe rendre à fur l'attention que bien d'autres auroient eue à leur Avignon. fanté. Avant de partir il fit fon Teftament; & après

euë

avoir répondu à un nombre infini de perfonnes qui vinrent le confulter fur les affaires de leur confcience, il alla voir fes filles de la Vifitation, dont les adieux l'attendrirent extrêmement ; il prêcha avec une onction qui parut toute nouvelle ; & il partit En 1622. accompagné de toute la Ville qui le conduifit & le quitta à une lieuë d'Anneffy, après avoir reçû fa bénédiction.

fon départ

Il arriva à Avignon la veille du jour que le Roi Son arri- devoit y faire fon entrée. Il vit ce Prince, & il en vée à Avireçut de grandes marques d'eftime & de vénération gnon & dans un long entretien qu'il eut avec lui. Quelques jours s'étant écoulés, la Cour de France prit le chemin de Lyon, & celle de Savoye l'y fuivit. Comme on étoit au mois de Décembre, le faint Prélat fouffrit beaucoup par le froid, fur les chemins cependant tout fatigué & tout abbatu qu'il

de cette Ville.

troit à fon arrivée à Lion, il ne voulut pas accepter aucune des maifons commodes qu'on lui offroit:

& il aima mieux prendre fon logement chez le Jar- I arrive dinier de fes Filles de la Vifitation.

à Lion.

forces

f

La veille de Noël la Reine Marie de Medicis, mere du Roi, l'honora de la commiffion d'aller en fon nom, planter la croix à l'Eglife des Récolets, & à ce fujet il fit un Sermon où toute la Cour af fifta. Le lendemain le Prince & la Princeffe du Piémont fe confefferent à lui, & il leur donna la Communion à la Meffe qu'il célébra. L'après midi du même jour, il donna l'habit à deux Poftulantes dans le Monaftere de la Vifitation, & il prêcha encore, à cette cérémonie. Le jour fuivant il fentit que fa Il s'appervue s'affoibliffoit, & que les forces de fon corps for çoit que fes diminuoient; il raffembla ce qui lui en reftoit pour foibliffent dire la Meffe, & il crut en avoir affez pour partir de confidéraLyon, après le diner; mait il étoit fi abatu, qu'il blement. fut contraint de fe mettre au lit. Quelques heures Sa maladie. après il tomba dans une efpéce de létargie, de laquelle fortant à la voix de ceux qui lui parloient de Dieu, il donnoit par fes réponfes les marques d'une grande préfence d'efprit. Il eut même celle de confoler fes domeftiques qu'il voyoit pleurer autour de lui, leur faifant excufe des peines qu'il leur avoit données. Enfin, furvint une attaque d'apoplexie fi accablante, que les remedes les plus violens furent fans effet. On lui adminiftra l'extrême-Onc- Sa mort tion, & il mourut fur les huit heures du foir, le 28 en 1622. Décembre 1622, la vingt - uniéme année de fon Epifcopat, & la cinquante-fixiéme de fon âge.

Quelque tems après qu'il eut rendu le dernier foupir, on fit l'ouverture de fon corps pour l'em

baumer. On trouva fon fiel condenfé par parties en Son fiel autant de petites pierres : preuve évidente, que la eft trouvé grande douceur qu'on avoit admirée en lui dans pétrifié,

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