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troupeau tout ce que ce troupeau étoit en droit d'exiger de lui, il devoit fe mettre dans une fituation où il n'auroit qu'à vacquer à l'affaire de fon falut. Il fongea à fe donner un Succeffeur qui fût digne de En 1629. l'Epifcopat; & ce fut Jean de Paffelaigue fur qui il jetta les yeux. Il obtint en fa faveur l'agrément du Roi; & après avoir fait démiffion de fon Evêché, il fe retira en l'Abbaye d'Aunay, de l'Ordre de Cîteaux, pour pratiquer dans le calme de la folitude toutes les vertus à l'exercice defquelles le mouvement attaché aux fonctions Paftorales, ne lui avoit pas permis de fe donner entierement.

Cette Abbaye, que le Roi lui donna en recevant la démiffion de l'Evêché de Belley, eft fituée en Normandie. François de Harlay, Archevêque de Rouen, crut que la Providence lui envoyoit en la perfonne de ce grand Evêque un puiffant fecours, pour l'aider à foutenir le poids du gouvernement de fon Diocèfe; & le faint Evêque qui ne s'étoit point défait de fon zèle en fe défaifant de fon Siége Epifcopal, fut perfuadé que Dieu par la bouche de l'Archevêque, demandoit de lui qu'il reprît de nouveau le travail. Il fe rendit à la propofition que lui fit François de Harlay de l'affocier à fa follicitude Pastorale; & l'Evêque qui venoit de conduire en chef une Eglife dont il n'avoit à rendre compte qu'à Dieu feul, ne fit aucune difficulté de fe charger une feconde fois du fardeau de l'Epifcopat, en qualité de Vicaire général de l'Archevêque de Rouen; renon1. Cor. 9. çant, comme S. Paul, à fa liberté, pour devenir ferviteur de tous afin de gagner plus de perfonnes à Jefus-Chrift. Tant il eft vrai ce que dit le même Apô1. Cor. 13. tre, que la charité n'eft point dédaigneufe, & qu'elle ne cherche que les interêts du prochain.

19.

S.

L'ancien Evêque de Belley travailla avec tout le

fuccès capable de faire naître de grands regrets dans le cœur des peuples du Diocèfe qu'il avoit quitté, en même-tems que ce fuccès lui attiroit les bénédictions des Fidéles de l'Eglife de Rouen. Cependant, tout difpofé qu'il fût à continuer les travaux, s'il eût fçu que la volonté de Dieu eût été qu'il ne les difcontinuât pas, le fecret penchant, qui au milieu de fes travaux mêmes l'emportoit à la retraite, fans pourtant le dégoûter de fes occupations, lui fit croire que cette forte inclination venoit de Dieu; & il le remercia, de ce qu'après lui avoir fait l'honneur de le charger de la conduite de fon troupeau, il lui faifoit la grace de l'attirer dans la folitude, pour lui procurer le moyen de faire pénitence des fautes qu'il pouvoit avoir commises, & d'obtenir de lui miféricorde quand il rendroit compte de fon adminiftra

tion.

Il prit donc le parti de fe retirer pour toujours; & afin de fe dédommager autant qu'il le pourroit de la confolation dont il feroit privé, en ne travaillant plus au dehors pour l'utilité des Fidéles, il voulut avoir celle de paffer le refte de les jours avec les pauvres. Il vint à Paris; & ce fut l'Hôpital des Incurables qu'il choifit pour le lieu de fa demeure. Cependant, la réfolution qu'il avoit prife de ne plus fe donner qu'aux exercices qui ne le demandoient point au dehors, n'empêcha pas que le Roi, informé des grands biens que ce pieux Evêque étoit encore en état de faire dans un Diocèfe dont il feroit chargé, ne le nommât à l'Evêché d'Arras.

Le zelé Prélat, toujours prêt à rendre service à l'Eglife, & à fuivre la volonté de Dieu, toute oppofée qu'elle parût au deffein qu'il avoit déja commencé d'exécuter, crut la reconnoître dans une nomination où il n'avoit aucune part. Il accepta l'Evêché.

Mais il parut que le Seigneur ne l'avoit mis dans fa fituation où il étoit, que pour lui donner la confolation d'y finir fes jours; car avant que les Bulles pour cet Evêché fuffent venues de Rome, il mourut dans le lieu de fa retraite le 26. Avril 1652. dans la foixante-dixième année de fon âge. Il avoit fouhaité que fon corps fût inhumé dans l'Eglife de l'Hôpital des Incurables: fa volonté fut exécutée.

Jean-Pierre Camus, Evêque de Belley, fut un des plus faints Prélats de l'Eglife de France. Il avoit beaucoup d'efprit dans un corps très-penitent, le cœur brûlant d'amour pour Dieu, & de zéle pour le falut du prochain. La grandeur & la piété de fes fentimens le font admirer dans le grand nombre d'Ouvrages qu'il a compofés, & en particulier dans les Lettres qu'il écrivit à faint François de Sales, fon intime ami; Lettres qui, comme celles que ce faint Prélat lui écrivit, font dignes des Evêques des premiers fiécles.

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LETTRE

Ecrite par Monfeigneur l'Evêque DE SOISSONS, à l'Auteur de ce Recueil.

JAY

'Ay lu, Monfieur, avec grande attention, & avec autant de plaifir, votre Manuf crit intitulé, l'Esprit de faint François de Sales. Cet Ouvrage fera un fort bon effet dans le Public, & vous pouvez en efperer du fruit. Rien n'est plus propre à exciter la ferveur, & à montrer aux Ames le chemin de la vraie perfection, que ce Recueil. J'efpere que Dieu le bénira par le fuccès. Je m'eftimerai heureux d'y avoir quelque part en vous excitant à ne pas differer de le donner aux Fidéles, Je me recommande, Monfieur, à vos faints Sacrifices, afin que je puiffe participer à l'efprit d'un Saint qui doit nous fervir de modele. Je fuis avec la confidération poffible, Monfieur, entierement à vous.

† J. JOSEPH, Evêque de Soiffons.

17 Decembre 1725.

23:33

APPROBATION de M. VIVANT, Docteur en Théologie, de la maison & Société de Sorbonne, Chancelier en l'Eglife & de l'Univerfité de Paris, Chanoine de ladite Eglife, & Vicaire Général de fon Eminence Monfeigneur le Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris.

CE

E n'eft ni aux fentimens, ni aux Paroles de faint François de Sales, qui font comme l'ame de ce Livre, ni aux réflexions du célébre M. Camus Evêque de Belley, qui en font comme le corps, que je compte donner mon approbation. Cet Ouvrage eft un de ces Livres autorifés dans lesquels il n'y a rien que de refpectable; à la lecture defquels la vraie pieté apporte cette fage intelligence qui découvre la vérité & la faine doctrine, fous les expreffions même (fi quelqu'une s'y rencontroit) dont quelques faux fpirituels auroient pu abufer. Le nom de ce livre en fait l'éloge; & l'approbation que je donne, eft au deffein qu'on a pris de le donner de nouveau au Public; au difcernement apporté dans le retranchement de plufieurs, tant répétitions, que mêlanges de paffages Latins & citations d'Auteurs prophanes, que le goût d'à préfent éloigne des Livres de pieté ; & à la fidelité avec laquelle on y a non-feulement confervé le même fens dans le changement de quelques expreffions ufées, mais encore renfermé dans ce feul Volume, (auquel on a réduit les fix de la premiere édition,) tout ce qui étoit effentiel à l'Ouvrage, tout ce qui en fondoit le titre, tout ce qui étoit de S. François de Sales. On a ajouté au Livre de M. de Belley quelques autres pièces, dans lesquelles on connoîtra & on fentira aifément l'efprit d'un Saint que Dieu a

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