pendant quelque temps, mais qui enfin, quelques précautions qu'elles prennent, ne manque pas dans la fuite de fe découvrir. Il fautune bonne fois & pour tou jours, tenir pour certain, que la paffion d'a mour ne fe cache pas long-temps. Un gefte, une œillade, le filence même la découvre. Une expreffion de haine contre l'objet aimé, un mépris, un emportement ; B tout cela peut la faire foupçonner, pour peu que ceux qui en font témoins, fçachent distinguer ce qui eft affecté de ce qui eft naturel; & quand une fois le foupçon a fait le premier pas, bien-tôt on penetre dans les plus fecrets replis du cœur. Tout le monde s'y connoît, l'enfant, le païfan, le fimple, l'idiot y entendent fineffe; & ce qui eft encore très affuré, c'est qu'on ne peut foutenir long-temps un déguisement qui" "de-. mande qu'on fe faffe une fi importune & si fati gante violence. Il y a tant d'occafions où la paffion peut s'échaper, qu'il est comme impoffible de la contenir toujours dans · les bornes que la prudence preferit. On fe laffe même quelquefois fi fort de cette conduite gênante, que pour s'en tirer, on s'accroche à je ne fçai quelles raifons qu'on imagine comme autant de juftifications d'un commerce, dont on fe propofe de ne plus rou gir, s'il vient à être connu. C'est donc une dangereuse & foible ressource pour une femme qui ne veut point s'attirer l'indignation de son mari pendant qu'elle en aime un autre, que de prétendre fi bien déguiser fon commerce illégitime, qu'il ne s'en apperçoive jamais. Concluons |