1o. QUAND ON AIME UN OBJET, ON FAIT TOUT CE QU'ON PEUT POUR LUI PLAIRE. pour Quand on aime bien, on veut auffi être aimé être aimé, on tâche de fe rendre aimable: & qu'est-ce que tâcher de fe rendre aimable, finon de faire tout ce qu'on peut pour plaire à ce qu'on aime? En effet, voyez combien une femme employe de ménage mens, de circonspec tions, d'attentions, & même d'artifices, pour gagner & fe conferver le cœur de celui à qui elle a donné le fien. Elle met tout en usage pour cacher les défauts de fon corps & de fon esprit; elle ne neglige aucun moyen, aucune occafion 'de faire valoir les perfections de l'un & de l'autre; elle contraint fon humeur autant qu'il eft en fon pouvoir, afin qu'il ne lui échape rien qui puiffe être defagreable; fi elle eft naturellement colere,emportée,furieufe, elle fe fait la douceur même en presence de l'objet aimé ; fi elle est portée à se répandre dans le monde pour le voir, pour y être vûe, & y goûter les plaifirs qui s'y prefentent, elle gagne affez fur elle-même,pour ne s'y produire qu'autant qu'elle connoît que fon amant y peut con fentir, & que fon affection n'en fera pas alarmée. Si elle aime à faire de la dépense en habits, en meubles, en équipages magnifiques, en feftins fomptueux, elle lui fait entendre qu'il n'y auroit que la violence qui la pourroit engager à donner dans ces excès. Enfin elle ne se montre toujours que par de beaux endroits, que par des qualitez qui attirent, qui engagent, qui char ment, ment. L'objet aimé regle, pour ainfi dire, tous les difcours, toutes fes affections, tous les mou vemens toutes les démarches. Voilà en general cè que vous devez faire. Je m'attens bien que vous m'allez dire que cette pratique ne coûte pas beaucoup, ou plûtôt ne coûte rien quand on ai me ; mais quil nen và pas de même, quand on n'aime point. J'avoue D |