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15291

obtenoit tout ce qu'il vouloit, le Duc de Ferrare, les Vénitiens & les Florentins étoient facrifiés,

C'étoit à la France à les défendre dans le Traité qu'elle alloit faire; mais elle avoit affez de fes intérêts à difcuter, le fort des armes ne l'a voit pas mife en état de ménager, ceux des fes Alliés. C'étoit gagner. beaucoup, fi elle obtenoit quelque adouciffement au Traité de Madrid. On fe rappelle que le Roi eût exé-> cuté ce Traité fi dur, fans l'article de la ceffion de la Bourgogne, auquel fes fujets n'avoient pas même voulu confentir. Pourvu que cet article fût changé, pourvu qu'il pût revoir fes enfans, il étoit déterminé à recevoir toutes les conditions que l'Empereur voudroit lui prefcrire; en effet, la paix de Cambrai, ainfi que la convention de Madrid, fut moins un Traité de Puiffance à Puiffance, qu'une fuite de conditions impofées au vaincu par le vainqueur,

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Le Roi renonça au Duché de Mifan, au Comté d'Aft, au royaume 1528. de Naples; & bien loin d'affurer aux Vénitiens les Places dont ils s'étoient emparés dans ce royaume, François s'engagea lui-même à leur en demander la reftitution les armes à la main, liv. 19. s'il le falloit.

Guicciard.

Un autre article très-important, Mém. de fut la renonciation du Roi à toute Du Bellay, fouveraineté fur la Flandre & fur liv. 3. l'Artois, & la ceffion qu'il fit à l'Empereur de tous fes droits fur Tournay, ainfi que fur Arras.

L'Empereur eut la générofité de ne point abandonner le Duc de Bourbon, même après fa mort. Il exigea que fon procès fùt annullé, fa mémoire réhabilitée, fes biens rendus à fes héritiers. Nous avons dit (1) jufqu'à quel point cette claufe fut exécutée. L'Empereur, pour faire voir qu'on ne perdoit rien à le fervir, voulut que toutes les confifcations auxquelles la derniere

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guerre avoit donné lieu, fuffent ren1529. dues. Cette claufe refta fans exécution à l'égard du Prince d'Orange, en faveur de qui elle avoit principalement été faite. L'Empereur s'en plaignit, mais il ne fit que s'en plaindre.

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Le Roi promit encore de ne fe mêler jamais des affaires ni de l'Allemagne, ni de l'Italie: promeffe trop vague pour pouvoir être fidellement remplie.

Il ne fut plus queftion de la Bourgogne.

On mit au Traité de Cambrai le même fceau qu'on avoit voulu mettre au Traité de Madrid; c'est-à-dire, le mariage de François Premier avec Eléonore, Reine Douairiere de Portugal, & foeur aînée de l'Empereur; on ajouta feulement, par rapport à la Bourgogne, cette claufe dont il étoit aifé de prévoir l'inexécution:

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que s'il naiffoit un fils de ce ma»riage, il hériteroit du Duché de » Bourgogne au préjudice des fils du » premier lit, «<

1

On convint d'envoyer des Députés à Bayonne & à Fontarabie, 1529. pour la délivrance des Enfans de France; le Roi s'obligea de payer deux millons d'écus d'or pour leur rançon, dont douze cens mille écus en recevant fes fils; fur les huit cens mille autres, le Roi s'engageoit à faire remettre à l'Empereur pour environ cinq cens mille écus de terres fituées dans la Flandre, l'Artois, le Hainaut, le Braban, & qui avoient paffé, par des alliances, dans les branches de Bourbon-Montpenfier & de Bourbon-Vendôme; il fe char geoit auffi d'accquitter l'Empereur envers le Roi d'Angleterre, d'environ cent mille écus qui reftoient, il-fe chargeoit encore de quelques autres fommes.

Les Vénitiens les Florentins, le Duc de Milan, le Duc de Ferrare, les Bannis du royaume de Naples, & tous les Seigneurs Napolitains qui avoient pris le parti de la France, furent facrifiés.

Guicciard.

De toutes ces victimes qu'on aban- liv. 19.

donnoit à la vengance,

foit de l'Em

1529. pereur, foit du Pape, les Vénitiens étoient la plus confidérable. Ce Traité conclu à Cambrai, & conclu parMarguerite d'Autriche, tante de Empereur, rappelloit aux Vénitiens la fatale Ligue faite contr'eux en 1508, au même lieu par la même femme. «La ville de Cambrai, dit »le Doge André Gritti, eft le Pur»gatoire des Vénitiens; c'eft là que les Empereurs & les Rois de France font expier à la République la faute qu'elle fait toujours de s'al

Belcar. liv.

Mém. de

liv. 3. Sleidanus. commentar.

My. 6.

lier

avec eux. «

La paix de Cambrai fut publiée le 20. n. 24,25.5 Août, on l'appelle auffi la paix des Du Bellay, Dames, parce qu'elle fut l'ouvrage de deux femmes qui négociérent en femble à Cambrai en qualité de Plénipotentaires, affiftées feulement par quelques Miniftres pour la difcuffion des divers articles. Ces deux femmes étoient Marguerite d'Autriche pour l'Empereur, & la Ducheffe d'Angoulême pour le Roi de France. Cette paix fi néceffaire, que

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