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fa Ducheffe fut terminer avec tant de promptitude, eft un bienfait que 1529. les François ne doivent pas oublier, eux qui fe fouviennent fi bien de toutes les fautes de cette Princeffe; mais le pere Daniel fait à ce fujet une réflexionfévere,qui eft fans replique; c'est que la Ducheffe d'Angoulême ne répara point par ce Traité la double perte du Milanès, qu'elle avoit caufée par fa haine pour le Maréchal de Lautrec & pour le Connétable de Bourbon.

Cette paix de Cambrai fut négociée avec le même fecret que l'avoit été la Ligue de Cambrai en 1508. Les deux Plénipotentiaires farent impénétrables; tous deux accoutumées aux affaires & au fecret qu'elles exigent, favoient fe taire & diffimuler. (1) La diffimulation de la Ducheffe d'Angoulême avec le Miniftre des Confédérés, alla jufqu'à

(1) Afin de pouvoir conférer ensemble plus librement, elles s'étoient logées dans deux maisons contigues, & qui communiquoient l'une à l'autre,bis

l'artifice, elle les affuroit tous les 1529, jours qu'elle ne concluroit rien contr'eux, ni fans eux, mais la néceffité excufoit tout. S'ils furent trompés, ils voulurent bien l'être ; ils n'avoient qu'à confidérer l'état des affaires & la captivité des Princes, pour fentir que la France ne pouvoit fonger qu'à elle-même.

Guicciard,

liv. 19.

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Guichardin dit que quand le Roi, après la conclufion du Traité, alla voir Marguerite d'Autriche à Cambrai, il évita, pendant plufieurs jours, de voir les Miniftres de fes Alliés, redoutant leurs reproches, & ayant trop à rougir devant eux; que, forcé enfin de leur donner audience, il s'excufa fur la néceffité de racheter fes enfans, fur la jufte impatience qu'il avoit de les revoir, joignant à ces excufes de vaines promeffes pour l'avenir : on fentoit que liv. 26. hift. tout ce qui avoit l'air d'un manque de foi, coûtoit infiniment à fa franchife.

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Paul Jove,

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Parmi les Miniftres qui affifterent au Congrès de Cambrai pour les

1529.

Mém. de

Du Bellay,

Puiffances intereffées, Guichardin nomme l'Evêque de Londres, & le Duc de Suffolk (Charles Brandon) pour le Roi d'Angleterre. Il affure que rien ne fe décidoit fans l'agrément de ce Prince. Martin du Bellay affure au contraire que le Traité de Cambrai fut conclu fans que le Roi liv. 3. d'Angleterre y eût eu aucune part, & qu'Henri VIII en témoigna fon reffentiment à Langei, envoyé par François Premier pour traiter avec lui du remboursement des fommes déléguées par le Traité de Cambrai. Langei, par fa dextérité & par les fervices qu'il eut occafion de rendre au Roi d'Angleterre en profitant de fes foibleffes, fut calmer l'efprit de ce Monarque ; & comme Henri VIII. ne fe piquoit pas moins de grandeur d'ame que de politique, il remit à François Premier des fommes que celui-ci s'étoit chargé de payer à l'acquit de l'Empereur, & il fit préfent au Prince Henri, Duc d'Orléans, fon filleul, d'une fleur de lys d'or de cinquante mille écus donnée au

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trefois en gage au Roi d'Angleterre 1529. par Philippe d'Autriche, pere de Charles-Quint & que FrançoisPremier, par le Traité de Cambrai, s'étoit chargé de retirer. C'étoient là les vertus de Henri VIII. Prince d'ailleurs fi vicieux; on le reconnoiffoit à ce procédé noble qui adouciffoit à François Premier les conditions de la délivrance de fés

Mm. de

Du Bellay, Fils.

liv. 3.

Le premier

Ce fut le Maréchal de Montmorenci, dont la faveur étoit alors au plus haut dégré, qui fut choifi avec l'Archevêque d'Embrun (1) pour les aller recevoir. La cérémonie de leur délivrance fe fit au même lieu, avec les mêmes précautions & les mêmes marques de défiance que celle de François Premier. Comme c'étoit un échange d'hommes contre de l'argent, il fallut s'affurer de Du Bellay, la fomme, de l'aloi, du poids. On fit venir fur la frontiere des Directeurs des Monnoies de France

Juin 1529.

Mém. de

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*(1) Qui fut depuis le Cardinal de Tournon.

& d'Espagne, qui employerent quatre mois à cet examen. Dupleix pré- 1529. tend que le Chancelier Duprat avoit juftifié ces défiances, en faifant affoiblir l'aloi des écus, petite fraude dont il espéroit tirer pour fon Maître un léger profit, & qui ne fit que tourner à fa confufion; car il fallut, pour completter la fomme ajouter quarante mille écus. (1) On dépofa enfuite la fomme entiere dans quarante-huit caiffes de vingt-cinq mille écus chacune, qui toutes furent fcellées du fceau des Députés & de France & d'Efpagne. Au jour 20. n. 31 pris pour l'échange, on vit paroître fur la rive Espagnole de la Bidaffoa, la Reine douairiere de Portugal avec les fils de France, conduits par Dom Pedro Fernandès de Ve lafco, Connétable de Caftille; & fur la rive Françoife, Monmoren

(1) Dupleix rappelle à cette occafion que quand Saint Louis paya fa rancon aux Sarrafins, ceux-ci fe tromperent à leur préjudice de dix mille écus, & que S. Louis l'ayant fu, leur envoya cette fomme à l'infant, en les avertiffant de l'erreur.

Belcar: liv

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