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1529.

dre le Milanès pour lui-même, fans
renouveller les troubles qu'il vou-
loit alors étouffer, crut qu'il n'é-
toit pas même prudent d'y établir
fa Bâtarde & fon Gendre, en dé-
pouillant celui que le vœu de l'Ita-
lie entiere y avoit appellé. il don-
na un fauf-conduit à Sforce qui vint
le trouver à Bologne. Sforce parut
devant fon Juge avec une contenan-
ce modefte & affurée : » je ne veux
» point d'autre fureté que mon in-
»nocence, lui dit-il, »il jetta le
fauf-conduit aux pieds de l'Empe. Belcar. liv.
reur. Cette maniere franche & noble
plut à Charles-Quint. Le Duc rejetta
tout ce qu'il avoit fait fur les vio-
lences du Marquis de Pefcaire, qui
l'avoient forcé à prendre les armes
pour fa défenfe lorfqu'il s'étoit vu
preffé par ce furieux ennemi dans
le château de Milan. Pefcaire étoit
mort, il valoit mieux qu'il eût tort
que Sforce; d'ailleurs la conduite
de Pefcaire n'avoit jamais été bien
éclaircie. Ces confidérations join-
tes aux motifs politiques qui déter-

20. n. 28.

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1529.

minoient alors l'Empereur, donne rent beaucoup de poids à la juftification du Duc. Le Pape qui vouloit voir l'Empereur débarraffé de toute autre affaire, afin qu'il s'occupât uniquement de la réduction de Florence, employa fes bons offices en faveur de Sforce. L'empereur confirma donc l'inveftiture qu'il avoit autrefois donnée du Milanès à Sforce: il la confirma moyennant quatre cent mille ducats payables dans un an, & cinquante mille autres ducats payables d'année en année pendant dix ans. Le Duc confervant fes Etats à ce prix, perdit l'amour de fes fujets, qu'il fut obligé d'accabler d'impôts pour remplir des engagemens fi onéreux, & pour être en état de recompenfer les Seigneurs qui l'avoient le plus utilement fervi. Le fort du Duché de Milan étoit touGuicciard, jours d'être opprimé par fes ennemis ou par fes Maîtres.

Liv. 19.

L'Empereur pour s'affurer de plus en plus de la fidélité de Sforce, lui fit époufer dans la fuite la Prin

ceffe de Dannemarck sa niéce. (1) Les Vénitiens, par l'entremife du Pape, traiterent auffi avec l'Empereur en même-temps que Sforce. Ils furent obligés de rendre Ravenne & Cervia au S. Siége, d'évacuer toutes les Places qu'ils occupoient dans le royaume de Naples, & de fournir beaucoup d'argent à l'Empereur. Ce Traité fut non-feulement une paix. perpétuelle, mais encore une alliance défenfive entre l'Empereur, le Duc de Milan & les Venitiens; on régla le nombre de troupes que chacune de ces Puiffances entretiendroit toujours pour la défenfe de leurs Etats refpectifs. Le Duc d'Urbin fut compris dans le Traité comme Allié & protégé des Vénitiens; ainfi fon Duché d'Urbin lui fut af furé.

Il ne refta enfin que les Florentins à foumettre. Eux feuls ne goûterent point les douceurs de la paix. Ce

(1) Fille de Chriftiern II. Roi de Dannemarck, & d'Elifabeth foeur de Charles-Quint: elle fe nommoit Chriftine.

1529.

Le 23 Dicembre 1529.

Belcar. liv. 20. n. 29.

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1530. Belcar. liv.

20. n. 30.

vif enthousiasme qu'excite la liberté qu'on recouvre, plus encore que la 1530 liberté qu'on défend, enflammoit

Ev. 20.

Mém. de

Hiv. 3.

chez eux tous les efprits; ils oferent réfifter aux forces de l'Empereur, qui n'ayant plus d'autres ennemis à combattre fe raffembloient

Guicciard. toutes contre Florence. L'armée du Prince d'Orange avoit reflué du royaume de Naples dans la Tofcane; les Troupes occupées autrefois contre Sforce & les Vénitiens,venoient auffi fous la conduite du Marquis du Du Bellay, Guaft, preffer Florence du côté du nord, & donner la main à celles du Prince d'Orange; Malatesta Baglionè, qui, avec Etienne Colonne commandoit dans la ville, fit affembler tous les Officiers de la garnifon Pâques le dans l'Eglife S. Nicolas, & après 17 Avril leur avoir fait entendre la Meffe il les fit jurer par le faint facrifice de defendre la liberté jufqu'à la mort; mais lui-même il fut le pre mier à violer ce ferment, à entretenir des intelligences avec le Prince d'Orange, à traiter fourdement avec le Pape, pour être rétabli dans Pe

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roufe qui avoit appartenu à fa Maifon. Ses vues & fes intrigues ayant 1530. été découvertes, exciterent contre lui des foulevemens qu'il eut beaucoup de peine à calmer. Baglionè Etienne Colonne étoient à la folde de François Premier qui leur ordon- Mém. de noit hautement de fortir de Florence, & qui, dit-on, les engageoit en fecret à refter: il faifoit auffi tenir quelque argent aux Florentins, n'ofant pas leur envoyer d'autres fecours qu'il leur promettoit pourtant. Ces petites infidélités méritent à peine ce nom en matiere de politique, tant l'ufage les autorife.

J

Du Bellay, liv. 3.

Guicciardi

Les malheureux Florentins abandonnés à eux-mêmes, enveloppés de tous côtés a par des forces fupérieures, réduits aux dernieres horreurs de la famine, déchirés par les divi- liv. 20. fions, fuite de la défiance & de l'infortune, ne fe foutenoient plus que par le fanatifme républicain & par un défefpoir aveugle, reffources toujours redoutables, mais impuiffantes contre les talens du Prince

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