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1527.

les fatisfaire tous deux. Les troupes Vénitiennes, jointes à celles du Duc, lui parurent fuffifantes pour achever la conquête du Milanès; il réfolut d'aller avec le refte de l'armée au fecours du Pape ; il attendit quelque tems des Lanfquenets qui lui manquoient. Quand ils eurent joint, il partit; mais il s'arrêta encore, d'abord à Plaifance, enfuite à Bologne ces délais furent longs. Plufieurs Auteurs jugent que ce tems eût fuffi pour chaffer entiérement les Impériaux de la Lombardie, ce qui rendant Lautrec plus redoutable à l'Italie, eût facilité toutes fes entreprises. D'autres le juftifient, & rejettent ces longueurs fur les ordres de la Cour de France, qui étoit alors amufée par des espérances de paix avec l'Empereur, auquel François I. auroit aifément facrifié la Ligue, fi l'Empereur eût voulu lui rendre fes fils. Quoi qu'il en foit, Lautrec employa ces délais utilement pour la Ligue, puifqu'il fut y attirer deux Alliés nouveaux: l'un fut le Mar

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quis de Mantoue, qui s'étoit piqué long-temps d'une neutralité difficile à obferver entre tant de grandes Puiffances, ennemies les unes des autres, & qui enfin avoit embraffé le parti de l'Empereur comme celui du plus fort; l'autre fut le Duc de Ferrare, qui depuis long-temps s'étoit entiérement dévoué à l'Empereur. Sa défection fut payée du prix le plus glorieux; elle valut dans la fuite à Hercule d'Eft fon fils, l'honneur de devenir beau-frere du Roi: il époufa la feconde fille de Louis XII, Renée de France, foeur de la feue Reine Claude.

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Guicciard Belcar. live 19. n. 41

liv. 18.

Mém. de Du Bellay

Lorfqu'Antoine de Leve vit que Lautrec s'éloignoit du Milanès, il fentit renaître l'efpérance de le re-liv. 3. couvrer; il comptoit pour peu de chofe les troupes de Sforce & des Vénitiens, qui qui reftoient pour la défenfe de cet Etat & qui étoient campées entre le Pô & le Tefin. Il fort de Milan, réfolu de forcer les poftes qui ferroient cette

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19. n. 40.

Place, & la gênoient pour Ies vivres, il court à Biagraffo & s'en empare; déja il fe promettoit la

Belcar. liv. conquête de toute la Lomelline lorfque le Maréchal de Lautrec inftruit de fes deffeins, détacha de l'armée qu'il menoit vers Rome, cinq ou fix mille Fantaffins choifis, avec quelque Gendarmerie, fous la conduite de Pierre de Navarre. Ce détachement reprit Biagraffo, & refferra de Leve dans Milan.

Lautrec s'avançoit toujours vers P'Etat de l'Eglife. Dès les premiers bruits de fon départ pour l'Italie, l'Empereur avoit fongé férieufement à délivrer le Pape, & à fe donner tout l'honneur de cette délivrance. Il fe trouvoit alors dans le même embarras où il s'étoit trouvé après la prife de François, Premier. Le foin de garder le Pape, occupant une grande partie de l'armée Impériale, la mettoit hors d'état de rien entreprendre; elle bornoit toutes fes opérations à bien veiller fur fon prifonnier; & tous les projets à nę

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le relâcher qu'à prix d'argent, quoi-" que l'Empereur en pût ordonner; 1527. car le pillage de Rome n'avoit fait qu'enflammer la cupidité du Soldat

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en la fatisfaifant. L'Empereur avoit Belcar. liv envoyé en Italie le Général de 19. n. 42 l'Ordre de Saint François, & un au.......” tre Négociateur nommé Véri de Migliau, avec des inftructions & des pouvoirs adreffés au Viceroi de Naples. Ce Viceroin'étoit plus Charles de Lannoy, il venoit de mou̟-rir à Gaëte, c'étoit. Dom Huges de Moncade fon ami, le feul des Grands Guicciard d'Efpagne, qui aimât Lannoy. Celui- Brant. Capit. -ci, en mourant, l'avoit défigné fon Etrang, art, fucceffeur fous le bon plaifir de l'Empereur qui àgréa ce choix.

2.

liv. 18.

Moncade

Mém. de

Le Général & Migliau ayant conféré avec le Viceroi, partirent pour Rome; & Moncade, qui dans un -commencement de Vice-royauté ne Du Bellay :croyoit pas devoir quitter fon Gou- liv. 3. vernement,fe fit répréfentér íà Rome par Serenon fon Sécrétaire. Le Général des Cordeliers, qui voudoit être Cardinal, fe montra très

favorable au Pape. Migliau qui n'a1527. voit point d'interêt perfonnel, qui n'envifageoit que ceux de fon Maître, qui fe défioit de la vertu des Traités, en voyant fur-tout l'inexécution du Traité de Madrid, & qui Belcar. liv. Craignoit la vengeance que le Pape 19. n. 42. voudroit peut-être tirer de fa captivité, lorfqu'il feroit libre, inclinoit affez à rendre cette captivité éternelle. Moncade qui n'étoit ni -Chrétien, ni humain, n'étoit pas fâché de nuire au Pape qu'il n'aimoit pas, & dont il étoit hai.

Tel étoit l'état de la négociation quant aux difpofitions des Nego

ciateurs.

L'objet de la négociation rouloit -principalement fur deux articles dont l'un regardoit l'armée, & l'autre l'Empereur ( car fans le concours tode ces deux Puiffances, rien ne pou-voit être folidement conclu:) Quant à l'armée las Négociateursexigeoient que le Pape hul payât tout -ce qui étoit du par l'Empereur; &comme l'Empereur ne prenoit

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