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voyant leurs droits s'éloigner voyant que le Roi avoit trois fils & plufieurs filles, tous iffus de la Reine Anne, & qui par conféquent les excluoient, mirent peu de chaleur dans leur oppofition, l'avis de la réunion l'emporta.

Mais on ne vouloit pas feulement que les Etas y confentiffent, on vouloit qu'ils la demandaffent; c'étoit lui donner un caractere & plus authentique & plus favorable, mais c'étoit ce qui révoltoit fur-tout les oppofans à la réunion. Quoi ! s'écrioient-ils nous demanderons la fervitude comme une grace ! Le Député de Nantes s'oppofa fortement à cette propofition, il déclara que fes pouvoirs ne s'étendoient pas jufques-là; qu'il croiroit trahir la confiance dont on l'avoit honoré, & facrifier par une lâche prévarication, les intérêts de fa Patrie, s'il prêtoit les mains à une pareille dé. marche fans avoir confulté de nouveau fa Communauté. Montejan foldat téméraire, négociateur mal

1532.

1532.

D. Lobi

adroit, courtisan, peu accoutumé à trouver de la résistance, quand il parloit au nom du Roi, s'emporte, éclate, fe leve de fon fiege pour maltraiter, le Député. Cette indécence révolte la fierté Bretonne les Etats indignés fe foulevent & veulent fe féparer; enfin les efprits fages calment les efprits échauffés; ils leur font comprendre que fi la réunion est un bien pour la Bretagne, comme on vient de le reconnoître, la démarche que le Roi demandoit aux Etats devénoit pour eux un honneur & un devoir: on fe rendit à ces raifons, la réunion fut demandée & accordée, la Charte en fut donnée au mois d'Août 1532:

Cette Charte déclaroit, confor neau, Hift. mément à la Requête des Etats, le de Bret. liv. Duché de Bretagne irrévocablement

22. n. 107.

& inféparablement uni à la Couronne, fes privileges réfervés en leur entier; le Dauphin y étoit nommé Propriétaire de ce Duché, l'ufufruit réfervé au Roi; le Roi défendoit à tous ceux qui defcendoient de la Mai

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de

fon de Bretagne par femmes.
prendre le nom de Bretagne, d'en 1532.
porter les armes pleines & fans dif-
férence; il ordonnoit aux bâtards
de cette Maison de brifer leurs ar-
mes par une barre.

Le Parlement de Paris fit des re-.
montrances fur quelques articles de
cette Charte, principalement fur
celle qui déclaroit le Dauphin Pro-
priétaire de ce Duché. Il le regar-
doit
apparemment comme réuni de·
droit ainfi que de fait à la Couron-
ne, foit par la mort du dernier Duc
fans enfans mâles, foit par les ma-
riages d'Anne de Bretagne avec
Charles VIII & avec Louis XII ; il
représentoit cette qualité de Proprié-
taire donnée au Dauphin, comme
une espece d'aliénation du Domaine
ou d'avancement d'hoirie, qui ne
pouvoit avoir lieu, tant que le Roi
occupoit le Trône, le Domaine ne
pouvant être donné aux Enfans de
France qu'en appanage. Le Parle-
ment fe déterminoit par des maxi-
mes domaniales d'un ordre plus uni-

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1

1532.

verfel & d'une influence plus étendue que les loix particulieres de la Bretagne ; mais le Roi, content d'avoir terminé cette affaire délicate d'une maniere plus douce & plus heureufe qu'il ne l'avoit efpéré, ne neau, Hit changea rien à la Charte de réunion. de Bret. liv. Le Dauphin fut couronné Duc à 22. n. 107. Rennes le 14 Août; il eut toujours, comme Duc de Bretagne, fon fceau & fes Chanceliers particuliers.

D. Lobi

Belcar. liv.

Sleidan.

La Ducheffe d'Angoulême ne vit 20. n. 38. point faire cette réunion dont elle Commentar. s'étoit fouvent occupée avec le Roi liv. 8. fon fils; elle avoit été malade à FonDu Bellay, tainebleau pendant prefque toute

Mém. de

liv. 4.

Guichenon, Hift.général.

l'année 1531; elle fe crut enfin guérie, & voulut prendre la route de Romorentin; elle ne put aller que jufqu'à Grès en Gâtinois, où elle mourut le 22 Septembre de la même année 1531.

L'Hiftorien de la Maifon de Sa

de la Maifon voie, Guichenon, l'a comblée d'é

de Savoye

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tom. 1. pag. loges, (1) parce qu'elle étoit de la

602 & fuiv.

(1) Voir dans Guichenon { loc. citat. ) la liste des

Maifon de Savoie ; mais la France hait fa mémoire, quoiqu'elle fût mere 1532 de François Premier. Le badinage peu décent & peu ingénieux, par lequel Marot (i) prétend repréfenter la douleur des diverfes provin ces de fon appanage à fa mort, perfuade peu la fincérité de cette douleur.

Le fupplice de Semblançai, l'acharnement avec lequel les De Foix furent traverfés & le Connétable de Bourbon perfécuté, ont plus diffamé cette princeffe que les talens qu'elle employa pendant fes deux Régences, fur-tout dans les temps orageux de la feconde, ne l'ont illuftrée.

Poetes qui l'ont célébrée, & quelques-uns de leurs vers. Il y en a entr'autres du Chancelier Olivier, qui ont été traduits par Colletet.

(1) Coignac s'en coingne en sa poitrine blême;
Romorentin la perte rememore :

Anjou fait joug:, Angoulême eft de même.
Amboife en boit une amertume extrême:
Le Maine en meine un lamentable bruit.

Eglogue fur la mort de Madame Louise
de Savoye, Mere du Roi.

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