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Henri VIII, ceux de François Pre-
mier qui le feconda bien, procure- 1529.
rent au Roi d'Angleterre des conful-
tations favorables des Univerfités
les plus célebres de France & d'Ita-
lie. On décida que la difpenfe de Ju-
les II. étoit nulle & contraire à la
Loi de Dieu; mais ce n'étoit encore
qu'une décifion de Jurifconfultes
il falloit un Jugement, la Reine fe
défendit, & il étoit aifé de juger qu'a-
vec de l'argent elle auroit eu pour
le moins autant de confultations en
fa faveur que Henri VIII.

Le Pape, qui avoit effuyé tant
d'outrages de la part de l'Empe-
reur, & qui avoit eu obligation de
fa délivrance aux efforts de la Li-
gue, (1) s'étoit trouvé d'abord af-
fez bien difpofé en faveur du Divor- 1. 18. 19.
ce; mais dans la fuite les intérêts
ayant changé, toutes les conféquen-
ces de cette affaire ayant été mûre-

(1) Tout ceci fe paffoit pendant la guerre. On fe fouvient que les Rois de France & d'Angleterre étoient les principaux Chefs de la Ligue.

Tome IV.

G

Guicciard

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Belcar. i.

19. n. 49.50.

ment pefées dans le Confiftoire, il ne 1529. fongea plus qu'à gagner du temps dans l'efpérance que la paffion de Henri Vill. fe diffiperoit; il délégua cependant des Juges pour inftruire l'affaire fur les lieux: c'étoient le Cardinal Volfey & Cardinal Campege. Il prévoyoit ament que le choix même de ces Juges feroit naître des incidens & des longueurs ; que la Reine ne manqueroit pas de récufer Volfey comme un Juge prévenu (1) & trop attaché à Henri VIII. Guichardin dit que pour fatisfaire Henri VIII. le Pape remit au Cardinal Campege, en l'envoyant en Angleterre, la Bulle de Divorce toute dreffée; qu'il lui ordonna de la montrer au Roi d'Angleterre & à Volfey, de les affurer qu'il la publieroit fi la procédure ne prenoit pas un tour favorable, mais de leur infinuer qu'il valoit mieux tenter le

(1) Des Mémoires portent que le Pape voulut déléguer des Juges pour décider cette affaire à Cambray, comme pays neutre,

fort d'une procédure réguliere pour
mettre de leur côté les apparences 1529.
de la justice; qu'en même-temps le
Pape avoit expreffément défendu au
Cardinal Campege de publier cette
Bulle & de terminer l'affaire fans de
nouveaux ordres. Cependant Vol-
fey, dont la Reine fe défioit le plus,
fut celui qui la fervit le mieux. Lorf-
qu'il eut découvert le vrai motif qui
faifoit agir le Roi, lorfqu'il fut qu'en
favorifant le divorce il travailloit
pour fa plus redoutable rivale d'au-
torité, il changea de conduite; on
prétend qu'il avertit le Pape qu'An-
ne de Boulen fuivoit les opinions
de Luther & qu'il étoit à crain-
dre qu'elle ne les infpirât au Roi
à qui elle avoit fu inspirer un defir
fi effrené de l'époufer. Ce combat
du Miniftre contre la Maîtreffe dut
fournir un fpectacle intéreffant à l'oi-
fiveté inquiete du Courtifan, Le Pa-
foit fur les avis de Volfey, foit
par d'autres raifons, évoqua l'affaire
au Tribunal de la Rote, après avoir
donné ordre au Cardinal Campége

pe,

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de brûler la Bulle de Divorce, ce 1529. qui fut exécuté. Henri, furieux de voir cette affaire fortir de l'Angleterre, où il lui étoit aifé de la faire juger en fa faveur, s'en prit à Volfey, & ce Cardinal fi puiffant, ce Miniftre fi abfolu, ce tyran de fon Maître, ce Juge des Empereurs & des Rois, ce Séjan de l'Angleterre, dont il fembloit que rien ne pût renverser la fortune, fut détruit d'un coup d'œil. Le Roi, paffant tout-à-coup d'une déférence aveugle 1530. à une haine implacable, le dépouil1531. la de fa dignité de Chancelier, d'une 1532. grande partie de fes biens, & le reGuicciard. légua dans fon Archevêché. Alors mille cris que la crainte avoit étouffés, s'éleverent de toutes parts contre le Miniftre opprimé. Le Roi avoit l'oreille ouverte à toutes les plaintes qu'on vouloit hafarder; il ordonna qu'on lui fit fon procès, il le fit arrêter; mais tandis qu'on le traînoit en criminel d'York à Londres, exemple éclatant de l'inconftance de la fortune & des révolu

1. 18. 19.

tions des Cours, la douleur & la dyffenterie, plus promptes que la rage de fes envieux, terminerent fa vie. La réputation de Volfey fut trop grande pour n'avoir pas été fondée fur quelques talens, mais l'orgueil & l'avarice les ont flétris. Il faut avouer au refte que le temps où il a régné a été le plus beau temps de la vie de Henri VIII, & celui où l'Angleterre a tenu la balance avec le plus de grandeur. Tant qu'il vécut, le fougueux Henri n'ofa s'abandonner à toute l'impétuofité de ses paffions; le principal éloge de ce Miniftre se tire de tout ce que Henri VIII. ne fit point pendant fa vie, & de tout ce qu'il fit après fa mort.

Le Roi d'Angleterre, fous prétexte de malverfations, confifqua la meilleure partie de fes biens, fur-tout fa beile maifon d'Hamptoncourt. Gregorio Leti (1) rapporte qu'un jour, qu'Anne de Boulen y étoit avec le Roi, peu de temps après leur

(1) Vie d'Elizabeth, Reine d'Angleterre.

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