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liés, fes Alliés d'Italie, en les facri1528. fiant. Les Vénitiens s'étoient corri1534. gés pour long-temps de l'abus d'intervenir dans les querelles des Puiffances étrangeres, les petits Etats d'Italie venoient de fentir l'infuffifance & la foibleffe de la protection des François. De nouvelles conjonctures offrirent à la France de nouveaux Alliés.

Mém. de

Liv. 4.

C'étoit directement vers l'Italie Du Bellay, que les efforts de la politique, comme ceux de la guerre, s'étoient portés jufques-là; il falloit déformais faire prendre aux premiers une voie indirecte, ce fut principalement en troublant l'Allemagne qu'il fallut s'ouvrir la route de l'Italie.

11 y avoit encore, à ne confulter que les intérêts immédiats de la politique, un Allié naturel de la France, Allié puiffant, qui pouvoit mettre des poids décififs dans la balance, Allié utile qui ne pouvoit que ferFrancifci I. Vir, & qui ne pouvoit point nuire, apud Freher. bien différent de toutes ces petites t. 3. rer. Ger Puiffances Italiennes, toujours ten

Litteræ

manic.

dantes à une neutralité impoffible,
toujours indifférentes fur les fuccès 1528.
du parti qu'elles avoient embraffé 1534-
par force,toujours prêtes fur la moin-
dre crainte, fur la moindre allarme
à groffir le parti contraire; celui-ci
étoit auffi effentiellement ennemi de

l'Autriche que François Premier lui-
même, il pouvoit la poursuivre à la
fois dans l'Allemagne & dans l'Ita-
lié : c'étoit le Turc, c'étoit Soliman
II, l'un des plus grands Princes, l'un
des plus redoutables Conquérans
dont l'orgueil Ottoman fe glorifie;
mais l'intérêt de la Religion, tel qu'il
étoit conçu alors, l'horreur de l'Eu-
rope entiere, le zele que la France
avoit toujours fait éclater contre cet
ennemi du nom Chrétien, le fouve-
nir de la bataille de Nicopoli, ce ti-
tre de Très-Chrétien, cette épée en-
voyée par Pie II. à Louis XI. avec
cette infcription:

Exerat in Turcas tua me, Lodoice, furentes
Dextera.

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Enfin mille préjugés légitimes & 1528. refpectables fembloient interdire à 534. jamais une pareille alliance. Auffi futon très-long-temps fans ofer l'avouer, & c'est ce qui fait la difficulté de fixer l'époque précife où la France commença d'agir de concert avec Soliman, les Hiftoriens étrangers avançant cette époque, & les Hiftoriens François s'attachant à la retarder pour dérober au moins quelques années à la honte de François Premier: car c'eft ainfi qu'ils envifagent cette alliance; & les efforts qu'ils font pour l'excufer par les conjonctures, Pour l'excufer leurs plaintes contre les prétendues calomnies de l'Empereur qui accufa peut-être François Premier de cette alliance avant le temps, font autant de condamnations qu'ils prononcent contre cette même alliance. Elle paroiffoit alors exécrable & monftrueufe. Il y a beaucoup fans doute à rabattre de cette idée; mais il est fûr que pour renverfer ainfi toutes les barrieres qui fembloient féparer les Chrétiens & les Turcs, il falloit dans

Epift. & Apolog. Francifci I.

apud Freher.

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le cœur de François Premier toute la haine qui l'animoit contre l'Empereur, & dans fon efprit toute la hardieffe que les Lettres d'un côté & les opinions des Sectaires de l'autre commençoient à infpirer: car c'eft en partie à la témérité de ces Sectaires qu'on a eu l'obligation, fi c'en eft une, de diftinguer beaucoup d'idées qu'une refpectueufe & timide ignorance confondoit autrefois; ils ont enhardi l'efprit à examiner, à rapporter chaque idée à fon vrai principe. L'ancien efprit des Croifades, eftimable à bien des égards, tenoit pourtant à un principe erronné; ce principe étoit qu'il falloit exterminer les ennemis du nom Chrétien, & fur-tout arracher à leurs profanations les lieux fanctifiés par le mystère de notre Rédemption; idée fublime d'une Chevalerie Chrétienne à la fois & romanefque, mais principe faux & dans l'ordre de la religion, & dans l'ordre de la politique. La Religion ne met à perfonne les armes à la main, & la politique

1528. 1534.

ne permet d'attaquer que fes voisins. 1528. L'expérience dégoûta de ces pieufes 1534. & imprudentes expéditions, les Croifades cefferent, mais leur efprit fubfifta; c'est par un refte de cet esprit que depuis le temps de Saint Louis jufqu'au temps de François Premier, toute l'Europe regarda comme un devoir de fufpendre fes querelles pour fe réunir contre le Turc, à chaque irruption que faifoit celui-ci dans quelque Etat Européen. C'étoient des Croifades défenfives au lieu des anciennes Croifades offenfives. A la vérité on ne rempliffoit pas toujours parfaitement ce devoir, parce qu'on étoit entraîné par le mouvement des intérêts politiques, mouvement plus puiffant & plus rapide que l'impreffion du devoir;mais enfin le principe étoit admis, c'étoit un devoir. Or ce principe étoit compofé d'idées bien confufes. On le croyoit à la fois religieux & politique, il n'étoit réellement ni l'un ni Pautre; il n'étoit point religieux, car encore un coup les intérêts de

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