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la Religion, uniquement relatifs à une autre vie & à une autre patrie, ne doivent armer perfonne fur la terre. Il n'étoit point politique, car il importoit peu aux Etats feptentrionaux & occidentaux de l'Europe, que le Turc envahît quelques provinces au fud-eft. La crainte qu'un peuple conquérant n'engloutiffe par dégrés tous les Etats de la Chrétienté, ne peut jamais être un reffort puiffant que pour des Etats voifins; les autres comptent les barrieres,& fe raffurent par leur force & par leur nombre. L'intérêt présent & certain eft seul fenfible pour eux, les intérêts éventuels & purement poffibles fe perdent dans les ténebres incertaines d'un avenir éloigné qui n'exiftera peut-être jamais.

On commença donc fous François Premier à démêler toutes ces idées jufqu'alors confondues; on comprit que la différence de Religion laiffant une égalité parfaite entre tous les peuples, quant aux motifs de vivre en paix ou en guerre,

1528.

1534.

1534.

& la Religion Chrétienne en parti 1528. culier, n'offrant à toutes les Nations du monde que des principes de paix, c'étoit la politique feule qui pouvoit décider de la paix & de la guer re, & donner des ennemis ou des alliés, felon les intérêts préfens, certains, & propres à chaque Na

tion.

D'après ces idées, rien ne devoit empêcher François Premier & Soliman II. de s'unir pour abaiffer la Maifon d'Autriche, comme firent dans la fuite Guftave Adolphe & Louis XIII, malgré la diverfité de fentimens en matiere de Religion; la chofe étoit entiérement égale: car la différence des fimples Sectes aux Religions difparoît ici; le même principe s'applique aux unes & aux autres, & fi une puiffance Chrétienne ne peut s'unir avec une Puiffance Mahometane contre une autre puiffance Chrétienne que la politique rend leur commune ennemie, une Puiffance Catholique ne peut pas plus s'unir avec une puiffance Luthé

1529.

1534. Littera

Francifci I. apud Freher,

tienne contre une autre Puiffance Catholique. Mais ces idées ne fe développerent pas tout d'un coup, il fallut long-temps facrifier fes intérêts à la décence publique, rougir d'un t. 3. rer. Ger Allié néceffaire, quelquefois même manicar, s'armer contre lui. Comment foutenir les clameurs de toute la Chrétienté? Ce fut dans ces agitations, dans cette alternative perpétuelle de vouloir & de n'ofer s'allier avec les Turcs, que fe paffa tout l'intervalle de la paix depuis le Traité de Cambrai jufqu'à la guerre de

1535.

Pendant tout ce temps, l'affaire du Divorce avoit fixé l'inconftant Henri VIII. dans l'alliance de François Premier, qui n'avoit ceffé de folliciter pour lui le Pape, le facré Collége & tous les Docteurs de France & d'Italie. Henri VIII. alors paroiffoit plus ennemi de CharlesQuint qua François Premier luimême, parce que Charles - Quint défendoit à Rome les droits de Ca

1529. 1534.

re,

therine d'Arragon fa tante. Henri n'oublioit rien pour engager François Premier à renouveller la gueril lui offroit de l'argent pour cela, il s'allarmoit des moindres négociations qui s'entamoient entre ces deux Princes. Lorfque par l'évocation de l'affaire du Divorce à Rome, & plus encore par la Sentence d'excommunication, le Pape fut devenu l'ennemi de Henri VIII, celui-ci exigea hautement que le Roi de France, fon Allié, rompît comme lui les liens de l'unité, il s'indignoit de la modération du Roi, qui, loin de partager fon emportement, ne cherchoit qu'à le calmer, Tous deux prêtoient l'oreille aux plaintes & aux propofitions des ProMém. de teftans d'Allemagne, qui ne demanDu Bellay doient qu'à fe foulever contre l'Em

Liv. 4.

pereur.

Le Pape voyoit tous les jours quelques Etats échapper à l'obéiffance du Saint Siege. Déja la Réforme lui avoit enlevé une partie de l'Allemagne, une partie de la

Suiffe,

Suiffe, & pénétrant jusques dans le — Nord, lui faifoit perdre infenfible- 1529. ment le Dannemarck & la Suede. L'Empereur allarmé pour fon autorité dans l'Allemagne, vouloit y 1. 20. étouffer le Luthéranifme dont l'ef

1534.

Guicciard

Sleidan.

prit général lui paroiffoit trop ré- Commentar publicain, il propofoit la voie du 1 7 Concile, mais le Pape trouvoit ce remede plus dangereux que le mal. Indépendamment des inconvéniens ordinaires de ces affemblées par rapport à l'autorité pontificale, Clément craignoit qu'on n'allât rechercher le vice de la naiffance, & celui de fon élection, qui n'avoit pas été entiérement éxempte de fimonie; il craignoit qu'on ne lui fît un crime de l'afferviffement de la Tofcane, il craignoit tout, car la crainte étoit fa paffion dominante. » C'é» toit, difoit-on, le plus habile po- Guicciard »litique de l'Europe, pourvu qu'il 1. 20 »ne fût pas troublé par la crainte. mais il l'étoit fouvent.

Son perfonnage naturel depuis les Traités de Barcelone & de Cam Tome IV

H

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