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allié. » LeRoi, difoit l'Ambaffadeur, » ne pouvoit faire moins pour une 1532, » fi fainte & fi importante expédi» tion, où il s'agiffoit de l'intérêt » de toute la Chrétienté, que de » fournir beaucoup d'argent, de »prêter fa Gendarmarie & fa flot

» te. «

François fentit l'ironie, & la repouffa fortement. » Je n'ai point d'argent à fournir, dit-il, ce n'eft » point en Banquier que je (1) fe» conde mes Alliés. Je ne prête point »ma Gendarmerie, je la mene moi» même aux combats. Ma flotte » inutile pour l'expédition de Hon» grie, eft néceffaire pour garantir » mes provinces de Languedoc & » de Provence des Pirates dont la » Méditerranée eft infestée. Mais fi

l'Empereur craint à la fois pour » la Hongrie & pour l'Italie, parta>geons les efforts de la défenfe com» mune, qu'il se charge de défendre

(1) Il avoit pourtant confenti à feconder le Vai vode en Banquier.

» la Hongrie, j'irai à la tête de cit 1532. » quante mille hommes défendre » l'Italie. «<

Ce n'étoit ni l'argent, ni la Gendarmerie, ni la flotte de François Premier que Charles-Quint demandoit, c'étoit une pareille réponse. Il ne manqua pas de la publier à la Diete de Ratisbonne & dans toute l'Europe, avec des circonftances aggravantes, pour appuyer l'imputation qu'il faifoit à fon rival d'avoir appellé Soliman dans la Hongrie. » Vous voyez, difoit-il, qu'il tarde » à cet ambitieux de mettre à profit

l'embarras qu'il m'a fufcité. Il brû»le d'envahir de nouveau l'Italie, à » laquelle mes armes l'ont forcé de >> renoncer. Digne allié, digne com» plice des infideles, il trame avec » eux la ruine de la Chrétienté, fou>>lant aux pieds la religion, l'honneur, les engagemens les plus fa» crés. «<

La vraisemblance donnoit du poids à ces difcours; François avoit peine en détruire l'impreffion, quoiqu'il

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28. Octobre

15320

FRANÇOIS I. 187 montrât le plus grand zele contre 1532. les Turcs, quoiqu'il fit propofer au Pape par Dinteville Evêque d'Auxerre, fon Ambaffadeur à Rome une Ligue générale contr'eux; quoique dans une nouvelle entrevue (1) avec le Roi d'Angleterre à Calais, les deux Rois fe fuffent Traité du engagés par un Traité (1) à raffembler une armée de quatre-vingt mille hommes pour obvier aux dampnées confpirations & machinations, & réfifter aux dampnés efforts & violences du Turc, ancien ennemi & adverfaire de notre fainte Foi. Tout ce zele parut. moins fincere qu'un certain article inféré dans ce Traité ne parut fufpe&& prendrons le chemin, difoient les deux Rois, que nous verrons être

(1) On avoit expreffément ftipulé que cette entrevue fe feroit fans drap d'or ni d'argent; on fe fouvenoit encore de la dépenfe qu'avoit entraînée' le fameux camp du drap d'or. Lettre écrite de Vindfor, le 10 Septembre 1532.

(2) Il y avoit eu la même année entre les deux Rois un autre Traité, figné le 30 Avril à Weftminfter par Henri VIII. & le 21 Mai à ChâteauBriant, par François-I.

plus à propos & nécessaire pour nous. 1532. trouver au-devant dudit Turc. L'Empereur rapprochant cet article de la réponse faite à son Ambassadeur infinuoit que ce feroit en Italie

iv. 4.

Commentar,

que

les deux Rois iroient chercher Soliman, pendant qu'il feroit en Hon

grie. Mém. de Les plaintes de l'Empereur, réDu Bellay, pandues depuis long-temps dans l'Allemagne, y révoltoient tous les efprits contre François Premier. Langei, témoin des mauvais effets qu'elles produifoient, en avoit d'autant mieux fenti la néceffité de s'affurer du parti Proteftant. Le Roi balanSleidan. çoit depuis long-temps à s'engager dans la Ligue de Smalcade par ref pect pour cette Religion qu'on l'accufoit de braver, & pour ce Traité de Cambrai qu'on l'accufoit de violer. Entraîné enfin par les fougueufes follicitations de Henri VIII, & par les fages remontrances de Langei, il confentit à faire un Traité avec les Princes Proteftans d'Allemagne, mais ce ne fut qu'une Ligue

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défenfive. Elle fut conclue à Eflin

guen. Il configna cent mille écus en- 15320

tre les mains des Princes de Baviere, pour être employés à leur défenfe feulement; il infifta fur la condition qu'on n'en feroit aucun ufage à moins qu'on ne fût attaqué; il Mém. de croyoit, à la faveur de cette reftric- Du Bellay tion ne donner aucune atteinte réelle à la paix de Cambrai ; cependant il avoit renoncé un peu indiftinctement à fe mêler des affaires de l'Allemagne,

Ç'eût été trop pour l'Empereur d'être attaqué à la fois à l'oueft de l'Allemagne par les Princes Proteftans, & au fud-eft par le Turc; il fut habilement affoupir la Ligue de Smalcade, en accordant aux Réformés le libré exercice de leur Religion jufqu'au Concile général qu'il pro mettoit de faire convoquer dans fix mois, & que les Proteftans croyoient defirer ou feignoient de defirer. Par cette indulgence non-feulement il défarma les mécontens prêts à écla ter, mais encore il réunit les Protef

liv. 3.

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