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brai, avoit renoncé indiftinctement à toute prétention fur l'Italie ; cette 1533. rénonciation indéfinie sembloit embraffer Gênes comme tous les autres Etats de l'Italie: mais l'Empereur pour ne laiffer aucune équivoque, vouloit former une confédération nouvelle de toutes les Puiffances Italiques,& y comprendre nommément les Génois non comme Républicains, mais comme fujets de l'Empire. Il eut pour cet objet une nou◄ velle entrevue avec le Pape, & encore à Bologne. Le Pape y prit plus que jamais le caractere de Pere commun des Fideles, & d'Arbitre de la Chrétienté. Pour prouver à François Premier qu'il ne prétendoit point prendre d'engagement confidérable contre la France, il lui fit dire qu'il voudroit bien avoir auffi une entrevue avec lui, lorfque l'Empereur auroit quitté l'Italie. Tout ce regne eft plein d'entrevues & de conférences entre les Souverains, qui n'en vivoient pas plus en paix pour cela.

1533.

La retraite précipitée de Soliman, avoit enlevé à François Premier & à Henri VIII. ou l'occafion de faire éclater leur zele, ou le prétexte d'en vahir l'Italie. Mais les affaires de Soliman n'étoient pas les feules qui les occupaffent à Calais; ils en traitoient d'autres qui intéreffoient le Pape, & qui lui infpiroient ce defir d'avoir une entrevue avec François Premier. L'affaire du Divorce étoit alors dans fa crife, le Pape l'avoit évoquée à Rome, Henri VIII. indigné vouloit humilier le Pape, & follicitoit François Premier de concou rir avec lui à la convocation d'un Concile, fachant qu'on ne pouvoit rien propofer de plus embarraffant pour le Pape. Henri confioit avec amertume & avec violence à François toutes fes plaintes contre Clément. François, qui s'attachoit fans ceffe à le calmer, étoit obligé de flatter fon reffentiment par d'autres plaintes qu'il faifoit auffi contre le Pontife, pour ne pas rendre fa mo dération fufpecte à fon fougueux al

lié. Cette modération habile triompha, il fut réfolu que François en- 1533. voyeroit des Ambassadeurs à Bologne, pour veiller aux opérations de l'entrevue, & pour y défendre les intérêts des deux Rois, de concert avec les Ambaffadeurs d'Angleterre. François chargea donc les Cardinaux de Grammont & de Tournon d'inftructions fieres & menaçantes, (1) mais qu'ils auroient la li- 1. 20. berté d'adoucir felon les conjonctures; car il étoit à craindre que le Pape ne fe jettât abfolument entre

f

(1) Elles contenoient de grandes plaintes fur les abus qui fe gliffoient dans la perception de l'Annate.. Se payent propines groffes fans caufe ny "raifon, & fi convient payer Huyffiers, Buveurs, "Ortolans, Chambriers, Prothonotaires, leurs » Serviteurs & Varletz, & pour la reftauration "des Apôtres, qu'ils appellent (Sacka) combien

que l'argent de ce provenu ayt efté ordinaire»ment employé à faire la guerre au Roi, & outre "cela y a grande multiplication de Bulles, ou il "ne feroit befoin d'en avoir que une, & fi fe

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payent plufieurs autres chofes fruftratoires, où » il n'y a aucune raifon ne apparence, de forte » qu'il femble que ce soit un vray engin & retz à "prendre argent....... mefmement on eft fort fcan dalifé des groffes fommes de deniers qui fe payent pour le fait des Palyons (Pallium) combien » que ce foit chofe mere (purement) fpirituelle.

Guicciard.

1533.

les bras de l'Empereur, il ne lui falloit même que de la foibleffe pour cela, & il lui falloit du courage Mém. de pour foutenir la neutralité entre Du Bellay ''Empereur prefent & fes ennemis

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abfens. Les Ambaffadeurs François
devoient donc parler beaucoup de
Concile, mais its devoient d'un au-
tre côté faire la propofition la plus
flatteule pour le Pape, & la plus pro-
pre à le détacher du parti de l'Em-
pereur, celle du mariage de Cathe-
rine de Médicis avec le Duc d'Or
léans, fecond fils de France. Le Pa-
pe à qui l'on avoit déjà infinué quel-
que chofe de cette propofition, &
qui regardoit avec raifon l'alliance
du Sang de France comme le com-
ble des Grandeurs pour la Maison de
Médicis, trouva bon & fit trouver
bon à l'Empereur que les deux Car-
dinaux entraffent aux conférences de
Bologne, revêtus de tous les pou-
voirs néceffaires pour traiter au nom
du Roi. Au moyen de cette admif-
fion, ce n'étoit plus une fimple en-
trevue de deux Monarques qui con-

1

férent à l'amiable de leurs affaires

c'étoit un Tribunal érigé au Pape 1533. dans Bologne, pour y juger la caufe politique de l'Italie, contradictoirement plaidée en fa préfence par l'Empereur en perfonne, & par les Repréfentans du Roi de France.

Mém. de

Sur la propofition que faifoit l'Em- Du Bellay, pereur d'une Ligue défenfive de l'I- liv. 4. talie, dans laquelle les Génois feroient compris, les Ambaffadeurs de France difoient que rien ne pouvoit enlever au Roi le droit de foumettre & de châtier des fujets rebelles, puifqu'il ne s'étoit point dépouillé de ce droit par le Traité de Cambrai; que s'il avoit voulu facrifier fes droits fur Gênes, il les au- Guicciardé roit facrifiés expreffément, comme 1. 20 il avoit fait à l'égard du royaume de Naples & du Milanès; que ce ne feroit point troubler la paix de P'Italie que de punir les révoltes des Génois; que le Traité de Cambrai étoit la loi commune de l'Empereur & du Roi de France, loi à laquelle on ne pouvoit après coup ni ajou

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