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l'Allemagne d'intrigues très-impor1533. tantes, en obfervant toujours, felon les intentions de fon Maître, de ne conclure aucun Traité offenfif contre la Maison d'Autriche, pour ne violer le Traité de Cambrai que le moins qu'il feroit poffible.

1534.

Guicciard. 1. 20.

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Le procés des Ducs de Virtemberg contre Ferdinand, Roi des Romains, attiroit alors l'attention de tout le Corps Germanique, & pouvoit dégénérer en une guerre civile. Il faut reprendre cette affaire d'un peu plus haut. Ulric, Duc de Virtemberg, Prince avare, injufte & violent, opprimoit fes fujets & outrageoit Sabine de Baviere fa femme, parce qu'elle l'invitoit à Sleidan.1.9. les foulager. Ses violences furent paffim. pouffées à un excès fi infupportable, que d'un côté les Ducs de Baviere, Guillaume & Louis, freres de Sabine, de l'autre la Nobleffe de Virtemberg, en firent des plaintes publiques en pleine Diete. Ulric fut mis au Ban de l'Empire, fa gé

néreuse femme obtint fon pardon; il promit de la mieux traiter & de ré- 1533. parer les torts dont fe plaignoient fes fujets. Il oublia bientôt une promeffe arrachée par la crainte, & pourfuivit le cours de fes violences. Un de fes Officiers, chargé de quelque ordre injufte, fut tué par les habitans d'une place nommée Ruthinghem. Auffi-tôt Ulric fait le fiège de cette Place, & s'en rend maître. Ce fut le fignal d'une révolution qui entraîna la perte d'Ulric. L'Empire avoit les yeux fur lui. Il exiftoit depuis long-tems une Ligue, connue fous le nom de Ligue de Suabe, car en Allemagne Pindépendance de tant d'Etats & de Souverains, donnoit lieu fans ceffe à des Ligues & à des confédérations, & peut-être le Corps Germanique ne fubfiftoit-il que par ces affociations & ces reffources irrégulieres qui détruiroient un Etat Monarchique. C'étoit à la Ligue de Suabe que la Maifon d'Autriche avoit dû la plus grande partie de

fa puiffance en Allemagne; ce fut 1533. cette même Ligue qui renverfa Ulric du Trône dont il étoit fi indigne. Elle lui déclara la guerre, Guillaume de Baviere, s'étant mis à la tête des troupes de Suabe, s'empara de tout le Virtemberg, & força Ulric d'aller chercher un afyle à Montbelliard, dont Georges fon frere étoit Souverain. Ce fut au retour de cette expédition que les troupes de Suabe fe voyant fans emploi & voulant

x519.

s'en procurer, fe vendirent à Charles d'Autriche (1) qui difputoit alors l'Empire à François Premier. Les fcrupules de François Premier l'avoient empêché d'accepter leurs fervices pour forcer les fuffrages des Electeurs. Charles fit ce que FranMém. de çois n'avoit ofé faire, & conquit Du Bellay, l'Empire prefque autant qu'il l'obtint. Il acheta enfuite le Duché de Virtemberg de cette même Ligue de Suabe qui l'avoit conquis, & il le comprit dans la ceffion qu'il fit de

Liv. 4.

(1) Voir le chap. 1. du kv. 2.

fes Etats d'Allemagne à Ferdinand fon frere,

Cette profcription d'Ulric paroiffoit jufte à tout le monde Ulric étoit odieux, & Ferdinand jouit en paix de fa dépouille pendant plufieurs années; mais Criftophe, fils d'Ulric, élevé parmi les malheurs de fon pere, avoit les vertus de fa mére. Il étoit enfant lorfqu'Ulric fut déthrôné, fes intérêts ne parurent point alors mériter d'attention, mais lorfqu'on vit ce jeune Prince parvenu à l'âge de gouverner, réclamer le Trône paternel, faire parler pour lui les graces de fa jeuneffe, fes malheurs, fes vertus, ce fpectacle intereffa l'Allemagne. Les Ducs de Baviere qui avoient profcrit le pere, s'attendrirent fur le fils; c'étoit leur neveu, c'étoit le fils de cette four fi chére pour laquelle ils avoient pris les armes contre fon barbare époux; il leur offroit d'ailleurs l'occafion d'affoiblir la Maifon d'Autriche contre laquelle ils étoient engagés dans la

1533.

Ligue de Smalcalde. Mais Ulric vi 1533. voit encore, & le jeune Cristophe eût été bien indigne de l'intérêt qu'il commençoit à infpirer, s'il eût confenti à profiter de la dépouille de fon pere, auffi ne fépara-t'il point fa caufe de celle d'Ulric, les Princes qui le conduifirent dans cette affaire, étoient trop habiles pour permettre qu'un vernis odieux gâtât un perfonnage fi intereffant. Ce fut donc le fils, qui appuyé d'un grand parti & de toute fon innocence, demanda grace pour les crimes de fon pere, expiés par l'infortune. Il s'adreffa à la Ligue de Smalcalde, qu'il mit bientôt toute entiére dans fes intérêts; il s'adreffa au Roi de France qui, en alléguant le Traité de Cambrai pour fe difpenfer d'embraffer fa querelle avec éclat, ne laiffa pas de lui promettre & de lui accorder fes bons offices. Chriftophe fit mieux encore, plein d'une noble confiance dans la juftice de fa cause, il ofa s'adreffer à cette même Ligue de Suabe, qui avoit dé

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