1533. 1. 9. un qui fembloit mettre le Roi à cou vert de tout reproche, & qui en même temps temps lui procuroit un avanSleidan. tage, ce fut que le Duc de VirtemCommentar. berg engageât au Roi le Comté de Montbelliard moyennant cent vingt mille écus. Si c'étoit une contravention au Traité de Cambrai, elle étoit faite au moins de la maniere la plus adroite, & en apparence la plus légitime. De quoi pouvoit-on fe plaindre? Le Roi s'étoit-il interdit par le Traité de Cambrai la faculté d'acquérir par engagement un pays à fa bienféance? Pouvoit-il empêcher qu'on ne fît l'ufage qu'on voudroit du prix de l'engagement ? L'argent fut donc remis entre les mains des Députes du Duc de Virtemberg, & le Roi prit poffeffion du Comté de Montbelliard, tandis que les Confédérés levoient avec fon argent une armée dont le Landgrave de Heffe fut nommé Général, & qui étoit en marche avant que l'Empereur & le Roi des Romains euflent eu le temps de fe mettre en défenfe. Les Impériaux Impériaux furent aifément chaffés du Virtemberg où les légitimes Souverains furent rétablis. Cette expédition fut l'ouvrage de l'éloquence & de l'adreffe de Langei. Mais chofe rare dans les engagemens de Domaine qu'un petit Prince fait à un Souverain puiffant, le Comté de Montbelliard fut retiré dans la fuite par le Duc de Virtemberg, qui rendit au Roi l'argent qu'il en avoit reçu,à l'exception d'environ quarante mille écus, du paiement defquels les Ducs de Baviere fe rendirent cautions. Cette guerre de Virtemberg finit par un Traité entre le Roi des Romains & le Duc de Virtemberg. Ce Traité qui affura au Duc de Virtemberg la poffeffion de fon Duché, attira au Roi des Romains, deja trop mécontent d'y avoir été forcé de grandes plaintes de la part du Pape de ce qu'il reconnoiffoit pour amis des Princes ennemis de la Religion; Ferdinand s'excufa triftement fur la néceffité, fur l'a: Tome IV L mour de la paix, fur la crainte de 1533. plus grands maux. Ce Traité eft du Sleidan. mois de Juin ou de Juillet 1534, Commentar. L'Empereur le ratifia le premier Sep, tembre fuivant. 1. 9. CHAPITRE VII L ON voyoit ainfi la haine amener 1533. L'entrevue du Pape & du Roi à Marseille, le mariage du Duc d'Orléans avec Catherine de Médicis les projets, les vues que cette alliance fuppofoit, les liaisons du Roi avec la Ligue de Smalcalde, la dif- Belcar. 14 folution de la Ligue de Suabe, le 20. n. 53. rétabliffement des Ducs de Virtemberg, tant d'intrigues en Italie & en Allemagne, malgré la promeffe de ne fe mêler en aucune maniere des affaires de ces deux contrées, tels étoient les griefs de l'Empe reur. François fe plaignoit des efforts continuels de l'Empereur pour lui enlever fes Alliés, de l'admiffion des 1533. Génois dans la Ligue de Bologne, Mém. de des difcours injurieux, fouvent eaDu Bellay, lomnieux, par lefquels l'Empereur liv. 4. ne ceffoit d'attaquer fa réputation. Indépendamment de ces fujets de plainte qui tous avoient précédé ceux qu'il avoit pu donner à l'Empereur, il fentoit vivement mille marques de haine que l'Empereur lui prodiguoit en toute occafion & qu'il couronna fur-tout dans une affaire fort étrange, furvenue entre le Roi & le Duc de Milan vers le temps de l'entrevue de Mar1533. feille. Jufques-là le Roi de France & le Duc de Milan n'avoient eu aucunę relation particuliere. N'ayant point d'affaires à traiter enfemble, ils n'entretenoient point de Miniftres l'un chez l'autre. François Premier n'avoit jamais eu d'Ambaffadeur à la Cour de Milan, il regardoit Sforce comme un Souverain precaire, com me un ennemi fubalterne, fous le nom duquel l'Empereur lui enlevoir |