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par des gens apoftés, afin d'avoir un prétexte de lui faire trancher la 1534. tête ? Quelle marche du crime? La foibleffe eft quelquefois bien cruelle, ici elle est bien bizarre. En quoi ce crime hardi prouvoit-il à l'Empereur l'innocence de Sforce à fon égard? Seroit-ce parce qu'il n'étoit pas vraisemblable qu'un homme fi légérement immolé, fût revêtu d'un caractére public? Voilà peut-être ce qu'on peut imaginer de plus plaufible pour expliquer l'étonnante conduite de Sforce. Car enfin que le voyage de Taverne en France, que la demande qu'il fit à François Premier d'un Ambaffadeur, que ces vues qu'il propofa, ces mefures qu'il fit prendre, ces précautions qu'il indiqua, ne fiffent que couvrir un piége tendu de concert par l'Empereur & le Duc de Milan à François Premier, pour lui préparer l'affront le plus cruel, en vérité il n'y a pas moyen de fe prêter à cette idée, ce feroit un trop long enchaînement de crimes & de noirceurs.

1534.

Les fujets d'étonnement ne tariffent point dans cette affaire. Ce même Taverne, Chancelier du MilaMém. de nès, neveu de Merveille, & qui l'a Du Bellay voit demandé nommément

liv. 4.

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pour Effais de Ambaffadeur auprès du Duc, vint Montagne à la Cour de France juftifier fon

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1. i.ch. 9. tit.

des Menteurs. Maître, & foutenir que Merveille n'avoit point ce caractère d'Ambaffadeur. Accablé à l'inftant par les preuves de fon menfonge, troublé par des queftions auxquelles il n'avoit rien à répondre, & par des reproches dont il fentoit la juftice, preffé fur l'irrégularité de ce fupplice qu'on avoit fait fubir à Merveille dans la prifon, & pendant la nuit, il répondit en bégayant : Que le Duc en avoit ufé ainfi par refpect pour le Roi, & par égard pour le caractère d'Ambaffadeur dont Mer veille étoit revêtu. « Fourbe mal» adroit, lui dit François Premier; digne Miniftre d'un Maître affalfin, te voilà convaincu par ta pro >> pre bouche. Si le caractère d'Am » baffadeur avoit été auffi avili dans

» la perfonne de Merveille qu'il l'eft » dans latien ne,j'approuverois pref- 1534. » que fa deftinée; » & il chaffa de fa Cour ce Miniftre de fraude & d'impudence.

Fin du Livre troifiéme.

LIVRÉ I V.

Qui contient toute la Guerre de 1535, jufqu'à la Treve de Nice.

3 Avril

CHAPITRE PREMIER.

Mort de Sforce. Face nouvelle des affaires en Italie. Négociations entre l'Empereur & le Roi.

LE Roifentoit avec horreur cette 1534 indigne violation des droits les plus Pâques le faints; il appella fur le perfide Sforce la vengeance de Dieu & des homBelcar. 1. mes, il prépara la fienne, il écrivit à tous les Princes de l'Europe, & fur-tout à l'Empereur. Ces Princes parurent diverfement affectés de cette affaire, felon leurs difpofitions & leurs intérêts; ceux qui en témoi

20. mi 50.

1534.

gnerent le plus d'indignation, n'en témoignerent que par Lettres. Pour l'Empereur, il ne manqua pas de répondre que le Duc avoit juftement condamné un particulier fon fujet, qui rempliffoit fa Cour de cabales & de troubles. Sur cette réponse, Velly, Ambaffadeur de France, montre à l'Empereur une Lettre que le Duc de Milan avoit écrite au Roi, & par laquelle il reconnoiffoit dans Merveille le caractère d'Ambaffadeur. L'Empereur replique froidement que cette affaire ne le regardoit pas. Au refte il n'en fut que plus content de Sforce. It envoye chercher en Flandre la Prin- Sleidan. ceffe de Dannemarck fa niéce, il la marie au Duc de Milan comme pour lui payer le prix de fon crime.

D'après cette démarche il fut aifé de juger que la guerre alloit fe rallumer entre l'Empereur & le Roi de France, & que le Duc de Milan ne faifoit, pour ainfi dire, que prêter fon nom à l'Empereur, comme on avoit foupçonné le Roi de

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1. 9.

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