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Efpagne, pour y être élevé : il donnoit tous les jours de nouvelles ma- 1534. tieres au reffentiment du Roi,

La France, de fon côté avoit fourni aux habitans de Genève des fecours contre le Duc de Savoye; elle avoit obligé celui-ci à lever le fiege de Genève. Cet affront récent (1) irritoit le Duc contre le Roi; & redoubloit fon attachement pour l'Empereur.

Tels étoient les motifs de rupture entre la France & la Savoye.

Les prétextes ne manquoient pas davantage. La France avoit fur divers Etats du Duc de Savoye, des prétentions dont les fondemens feront exposés dans une differtation à la fin de ce volume; elle en avoit fur le Comté de Nice, fur diverses Places du Marquifat de Saluces; elle demandoit l'hommage de la Baronnie de Faucigny; elle demandoit

(1) Genève le prétendoit Ville Libre & Impériale; les Ducs de Savoye qui avoient acquis les droits des Evêques de Genève & des Comtes du Genevois, prétendoienr l'affervir.

Tome IV.

M

1

fur-tout qu'on rendît compte au Roi de la fucceffion de Philippe Duc de 1534. Savoye, pere commun & de Charles & de Louife de Savoye, mere

Mém. de

Du Bellay, de François Premier.

1. 4.

1535.

Sleidan.

1. 10.

Le Roi envoye le Président Poyet demander au Duc de Savoye le paffage fur fes terres pour porter la Pâques le guerre dans le Milanès. Sur le refus 28 Mars. du Duc, Poyet le fomme de fatisfaire le Roi fur tous les objets dont Commentar. on vient de parler. Le Duc envoie demander du fecours, à l'Empereur. Il propofe d'échanger diverfes provinces qui confinoient à ce royaume, telles que le Génevois, qui auffi bien lui échappoit, le Comté de Nice, qui donne l'entrée en Provence, & quelques autres, contre des terres que l'Empereur lui auroit données dans d'autres pays. Par-là le royaume de France eût été ouvert aux armes de l'Empereur par des côtés qui n'ayant eu jufqu'alors pour voifin qu'un Prince peù redoutable, n'avoient pas été mis en état de défenfe. Le Roi fut cette propofition,

Hift. de la

elle irrita fon reffentiment en y joignant l'inquiétude. Il s'avança juf- 1535, qu'à Lyon, d'où il envoya déclarer la guerre au Duc de Savoye. Ainfi le theatre de la guerre fe trouva changé comme le fyftême politique; elle s'étoit faite jufqu'alors dans l'intérieur de l'Italie, elle s'arrêta fur la frontiere; on ne pouvoit plus pénétrer dans le Milanès que par la conquê te des Etats du Duc de Savoie. L'Amiral de Brion (Chabot) auquel le Guichenon Roi donna le commandement de Maifon de fon arinée, foumit la Breffe, le Savoye. Bugey, pénétra dans la Savoye, y 21. n. 19. prit Chambery, Montmélian, & n'éprouva quelque réfiftance que Sleidan. dans les montagnes de la Tarentaise. Déja il étoit parvenujufqu'au Mont- Vers la fin Cenis & le Duc de Milan voyoit d'Octobre approcher l'orage: Ce Duc mourut, Mém. de fur ces entrefaites, fans enfans. Cet-Du Bellay, te mort inopinée changea encore tous les points de vue politiques.

La vengeance de François Premier n'avoit plus d'objet, & fes droits au Milanès paroiffoient dé

Belcar. I.

Commentar.

1.9.

1535.

liv. 4

1535.

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1on rivale

que

formais fansconcurrence; cette Mai le fort fembloit avoir tiré exprès de la pouffiere pour exclure du Milanès la Maifon d'Or léans, (1) étoit éteinte. François Premier prétendoit n'avoir renoncé au Milanès qu'en faveur de Sforce & de fa poftérité. Que reftoit-il finon que la Maison d'Orléans rentrât dans tous fes droits, en les confirmant, non par le droit violent de conquête, mais par l'inveftiture qu'elle prendroit de l'Empereur.

Mais les convenances générales ...de l'Europe, & les convénances particuliéres de l'Italie, qui avoient toujours fait préférer l'heureufe ufurpation des Sforces aux droits légitimes des Princes de la Maison d'Orléans, fubfiftoient toujours. L'Italie, à travers toutes les tempêtes qui l'avoient agitée, avoit toujours tendu affez conftamment à rejetter de fon fein

)1) On fe rappelle que François Premier étoit de la branche d'Angoulême, branche cadette de la Maison d'Orléans. Au refte il n'y avoit d'éteinte dans la Maifon de Sforce, que la branche Ducale.

1535.

les grandes Puiffances qui pouvoient -détruire fa liberté. Si quelquefois entrainée par la force, elle avoit femblé s'écarter de fon objet, elle y étoit bientôt revenue par un penchant naturel. On l'avoit vue dans le temps des plus grands fuccès de CharlesQuint, & pendant la prifon de François Premier, offrir le royaume de Naples au Marquis de Pescaire, pour empêcher la réunion de ce royaume avec le Milanès dans une même main. Après cette réunion, ce qu'elle craignoit le plus, étoit que ces deux Etats fuffent partagés entre deux grandes Puiffances étrangeres, telles que la France & l'Efpagne; voilà pourquoi dans le temps même où elle parut s'intereffer le plus vivement en faveur de François Premier contre l'Empereur, elle exigea toujours que le Milanès fût donné à François Sforce, dont la puiffance n'étoit pas capable d'allarmer la liberté publique; mais par la mort de Sforce, elle fembloit n'avoir plus à combattre que pour le choix des

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