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Tyrans, puifqu'elle regardoit conme tels les Etrangers puiffans. Pou1535 voit-elle espérer que Charles-Quint, au lieu de garder pour lui le Milanès, ou de terminer fes longues querelles avec François Premier, en lui en accordant l'inveftiture, daignât en inveftir quelque Duc particulier? Il y avoit déja prefque regné fous le nom de Sforce, comme il regnoit prefque en Tofcane fous le nom d'Alexandre de Médicis, mari de fa bâtarde, & à Gênes qui étoit fous fa protection; mais au moins, pendant la vie de Sforce il reftoit encore une image de liberté dans ces Etats. Charles-Quint ne pouvoit partir di rectement ni de Gênes, ni de Milan, ni de Florence, pour fubjuguer le refte de l'Italie. Si au contraire il prenoit le Milanès pour lui, le joug le faifoit fentir à Gênes, s'aggravoit en Tofcane, & alloit bientot s'étendre aux autres Etats, furtout à l'Etat de l'Eglife, qui devoit être écrafé par les efforts que les rameaux épars de ce grand arbre, alloient fai

re pour se réunir des deux extrémités de l'Italie. Le véritable intérêt 1535. du S. Siége, étoit donc d'empêcher que l'Empereur ne prît le Milanès pour lui, & de s'unir avec François Premier pour traverfer cette réunion, dût le Milanès refter à François Premier, qui, après tout, étoit bien moins redoutable à la liberté de l'Italie entiere que Charles-Quint; mais plus il étoit néceffaire d'abaiffer en Italie la puiffance -de l'Empereur, plus il étoit dangereux de l'entreprendre, & difficile de l'exécuter. Auffi ne paroît-il pas que Paul III ait fuivi cette hazardeufe politique. L'exemple de Clément VII prifonnier, effrayoit Rome, l'Empereur étoit prefque à fes portes; Naples l'avoit reçu en triomphe au retour de fon expédition de &c. Tunis, où il avoit vaincu Barberouffe, la terreur de la Méditerrannée', & rétabli fur le Trône Muley-Affan Commentar que Barberouffe avoit détrôné. Non moins habile politique que généreux protecteur des Rois, il avoit gardé

Belcar. 1.

21. n. 4. 5. S.

9.10. 11. 12.

Sleidan.

pour lui la Goulette, il y avoit conf1535 truit un Fort qui dominant la baye de Tunis, donnoit une entrée facile dans ce pays, il avoit auffi détruit l'ancienne Hippone qui lui faifoit ombrage. Cette gloire nouvelle dont il venoit de fe couvrir le rendoit encore plus redoutable car la réputation augmente en effet la puiffance. Encouragé par le fuccès, & en fentant tout l'avantage des conjonctures, il réfolut dès le Mém. de moment de la mort de Sforce, de Du Bellay, garder pour lui le Milanès, qu'il Langey, 1.5. avoit déja voulu envahir du vivant même de Sforce. (1)

Guillaume

Mais il falloit cacher ce projet pour en affurer l'exécution; il falloit embraffer fon rival pour l'étouffer. Tout l'hiver de 1535 à 1536, fe paffa donc en négociations entre Charles-Quint & François Premier. Velly, Ambaffadeur de France, plus digne par fa franchise d'être Miniftre

(1) C'étoit pour le dépouiller qu'il lui avoit intenté autrefois cette grande accufation de félonie,

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de François Premier, que par fa fineffe de l'être auprès de Charles- 1535. Quint, fut chargé de folliciter au nom de fon Maître l'inveftiture du Milanès.

La mort de Claude de France; fille de Louis XII, & femme de François Premier, avoit introduit à cet égard un léger changement. Comme on vouloit combiner le droit héréditaire de la Maifon d'Orléans avec le droit qui pouvoit réfulter de l'inveftiture, & regarder le premier comme le droit fondamental dont l'autre n'étoit que l'acceffoire, François Premier ne pouvoit plus demander l'inveftiture pour lui. Le Milanès étoit le patrimoine de fes enfans. C'étoit donc pour le Duc d'Orléans fon fecond fils, qu'il le demandoit; par-là il entroit dans les vues de l'Italie entiére qui défiroit à Milan un Duc particulier. C'étoit par cette même raifon qu'il ne demandoit rien pour le Dauphin que fa qualité d'héritier de la Couron

My

ne de France, excluoit du Trône 1535. de Milan.

Le Duc d'Orléans, mari de Ca. thérine de Médicis, avoit, comme on l'a dit, du chef de fa femme des prétentions fur la Tofcane & fur le Duché d'Urbin. François Premier dont on ne peut trop louer la modé ration dans toute cette affaire, offroit de faire renoncer le Duc d'Or léans à ces prétentions; il offroit auffi confirmer fes renonciations au royaume de Naples.

Tout ce que la politique peut décemment fe permettre de mauvaise foi, d'artifice & de détours, fut épuisé par l'Empereur dans cette né gociation. Il fut toujours fur le point de conclure, & ne conclut jamais. Velly, conftamment trompé, entretenoit le Roi de fauffes espérances qu'il puifoit fans ceffe dans les difcours ou de l'Empereur, ou de fes Miniftres, de Cannes & Granvelle. Tantôt ceux-ci renvoyoient Velly à P'Empereur, tantôt l'Empereur le leur renvoyoit, & tour à tour ou

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