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345 mans lui avoient écrites de Lyon pour le remercier de les avoir recommandés au Roi, dont ils recevoient toute forte de bons trai temens. L'Arrêt de profcription contre toute la Nation Allemande, n'étoit donc encore qu'une chimere. En même tems on vit arriver de la Foire de Lyon des Négocians de tous les cercles de l'Empire. Langei qui favoit combien ils avoient à fe louer du Roi, ne négligea pas cette cir conftance, il écrivit à tous fes amis pour demander que ces Négocians fuffent interrogés, & que leurs témoignages fuffent rendus publics. Ils démentirent tous & le défi & l'Arrêt de banniffement; ils attefterent la réfidence actuelle de Leiderkerke en France; ils dirent qu'à la vérité tout annonçoit une rupture prochaine, mais qu'elle n'avoit point encore éclaté, que le Roi les avoit reçus avec une bonté diftinguée qu'il leur avoit même promis de protéger leur commerce en cas de guer se, & de les traiter comme fes Su

1536.

jets; qu'il étoit entré avec eux dans 1536. les détails les plus obligeans; que prévoyant par une attention deli-' cate le peu de fûreté qu'il y auroit pour eux de voyager avec des fommes un peu confidérables, fi laguerre venoit à s'allumer, il avoit offert de leur fournir l'argent dont ils pourroient avoir befoin pour leur commerce, ajoutant qu'ils ne le lui rendroient qu'après la guerre, ou qu'ils le remettroient en Allemagne aux perfonnes qui leur feroient indiquées. En effet le Roi ne s'étoit pas abandonné lui-même dans cette conjoncture. Inftruit des calomnies de l'Empereur, il avoit faifi le moyen le plus noble de les détruire. Sa généreufe politique à l'égard des Négocians Allemans, le fervit bien, & Langei fut en tirer un bon parti.

Pendant que la vérité perçoit avec effort, fes progrès enhardirent Langei à pouffer jufqu'à Munick pour redemander au Duc de Baviere les cent mille écus que le

Roi avoit confignés entre ses mains (1) pour la défenfe de l'Allema- 1536. gne, lorfqu'à l'occafion de l'élection du Roi des Romains, elle avoit paru menacée des armes de l'Empereur. Le motif de ce dépôt n'ayant plus lieu, le terme où il devoit être rendu étant arrivé, le Roi ayant befoin de fon argent ; il étoit naturel qu'il le redemandât; mais le Duc de Baviere s'excufa de le rendre fur la crainte ou véritable ou feinte que P'Empereur ne le foupçonnât d'avoir donné de l'argent à fon ennemi pour lui faire la guerre. D'ailleurs déguifant peut-être, fous les apparences du zèle, l'empreffement d'échapper aux follicitations: » Vous » n'êtes point en fureté ici, dit-il » à Langei, fi l'Empereur ou le Roi

des Romains viennent à fçavoir » que vous y êtes je ne tarderai pas » à recevoir l'ordre de vous livrer » entre leurs mains, & je ne pour» rai me dispenser d'obéir.» Langei

(1) Voir le chap. 4. du liv. 3.

fut contraint de retourner dans for

1536. alyle.

Mém. de

21. n. 39.

Ne pouvant fe préfenter aux Elec Langei, 1. C. teurs, il leur avoit écrit ; & de. l'aveu du Roi il les avoit établi Belcar. 1. Juges de fes différends avec l'Em-· pereur, & des droits des Princes fes fils au Milanès: il ne demandoit que. la convocation d'une Diéte où il pût faire entendre. fes raifons; il avoit envoyé fes Lettres de créance. à l'Electeur Palatin, comme au Doyen du Collége Electoral; l'Electeur Palatin répondit que le Roi des Romains avoit été nommé Vicaire de l'Empire; que c'étoit à lui qu'il falloit s'adreffer, & que les Lettres de créance alloient lui être renvoyées.

Lorfque Langei fe vit ainfi renvoyé aux ennemis de la France, il n'espéra plus ni Diéte, ni juftice; mais il ne négligea point la juftifica tion de fon Maître; il adreffa fes. Lettres de créance directement aux Electeurs & aux Princes de l'Empire, il leur répéta que le Roi en

appelloit à leur équité de toutes les injuftices de l'Empereur; qu'il ne vouloit prendre qu'eux pour Juges de fes droits; il détruifit toutes les calomnies dont on avoit noirci le Roi; il expofafes raifons, il écrivit tout ce qu'il auroit dit en pleine Diéte. Ses Lettres furent éloquentes & hardies. Il s'y plaignit amérement de ces embûches dreffées, de ces Emiffaires difperfés fur toutes les routes, pour enlever ou affaffiner les Miniftres du Roi. « Procédé, s'é. » crie-t'il, moins injurieux encore pour ce Prince qu'humiliant pour » le Corps Germanique. Qu'eft donc » devenue l'ancienne fplendeur, »l'ancienne dignité du Saint-Empire? Qu'eft devenue cette liberté »fi chere, cette indépendance dont » vous étiez fi jaloux? Efclaves de » l'Empereur, vous ne recevez plus, »d'Ambaffadeurs fans fa permiffion. » Vous fouffrez que l'entrée de vos "Etats foit fermée aux Miniftres » d'un grand Roi votre allié, dont

les grands fervices viennent de

15367

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