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de Gênes; il voulut faire juger de 1528. la néceffité de conferver Doria, par les mouvemens que fe donnoit du Guaft pour le féduire; mais c'étoit parler une langue étrangere dans un pays où un fujet, quel qu'il fût, n'étoit toujours qu'un fujet, & où les talens paroiffoient bien moins néceffaires que l'obéiffance. Ce n'étoient pas feulement les jeunesCourtifans qui penfoient ainsi, le Chancelier Duprat, que fon expérience & fes lumieres rendoient l'oracle du, Confeil, ne vouloit jamais que l'au-. torité reculât ni fléchît, fyftême, Mém. de dangereux, & qui deviendroit inu Du Bellay, tile, fi l'autorité favoit mieux l'art de fléchir avec grandeur. Car. Sigon. Il fut décidé que Doria feroit déde vit. & reb. pofé du commandement, que fa Charge d'Amiral du Levant, ou de Général dés galeres, feroit donnée à Barbéfieux, qui iroit prendre poffeffion non-feulement des galeres. Françoifes, mais encore des galeres Gênoifes, & qui après s'être afluré d'André Doria, l'envoyeroit

liv. 3.

geft. Andr. Aur. lib. x.

en France recevoir le châtiment de fon infolence & de fa félonie. (1) 1528, Ce dernier ordre étoit plus aifé à donner dans le Conseil du Roi qu'à exécuter à Gênes. Il devoit être fecret, mais il ne put l'être affez pour échapper à Doria, qui avoit tant d'intérêt de le fcavoir; il en fut inftruit par les amis qu'il avoit à la Cour, fans que l'Hiftoire répande à cet égard le moindre foupçon fur Langei. Lorfque Barbéfieux fut arrivé à Gênes, fon premier foin fut d'aller rendre vifite à Doria qui l'attendoit fur fes galeres. Tandis que Barbéfieux préparoit en bégayant les difcours dont il vouloit l'éblouir, Doria lui dit; je fais ce ce qui vous amene; & lui montrant d'un côté les galeres de France, de

(1) Sur un bruit qui courut dans la fuite que Doria venoit infulter les côtes de Provence, Montmorenci écrivoit » Je voudrois qu'il y fût déja » pour le pouvoir faire pendre & étrangler.

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Dans une autre lettre il parle de le faire chatier comme tels paillards le méritent.

Dans une autre, il l'appelle le bon Gênois

qui eft en danger de faire comme S. Denys.

l'autre celles de Gênes: Voici, ajou #528. ta-t'il, les galeres de votre Maître que je vous remets, voici celles de ma République que je conferve, accompliffer le refte de votre ordre, fi vous l'ofez. On juge bien que ce refte de l'or dre ne fut pas accompli; mais les prédictions de Langei ne le furent que trop. Le Marquis du Guaft profitant des fautes de la Cour de Fran ce, & redoublant fes efforts auprès de Doria, l'amena enfin à traiter avec l'Empereur.

Guicciard. Liv, 19.

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Si cette défection peut avilir Doria aux yeux de l'auftere honneur la gloire qu'il eut de faire fervir cette défection même à la liberté de fa patrie, femble devoir l'illuftrer, à jamais. Gênes fut déclarée libre fous la protection de l'Empereur, Savone fut rendue aux Gênois; Doria s'engagea à commander douze galeres pour le fervice de l'Empereur, qui lui affigna foixante mille ducats d'appointemens.

On peut induire du récit de Martin du Bellay, que Doria ne reftitua

(1) point les galeres du Roi, comme il l'avoit promis, mais qu'il les 1528. fit paffer avec les fiennes au fervice de l'Empereur, procédé qui paroît ne recevoir point d'excufe.

&

Au refte il se présente ici une fingularité affez remarquable; les Auteurs François accufent de la défection d'André Doria, la hauteur & la précipitation du Confeil de France; au contraire, l'Italien Guichardin juftifie la Cour de France, rend la conduite du Général Gênois très-blâmable. Selon cet Hiftorien, Doria, moins par amour de la patrie que pour les interêts de fa propre grandeur, préparoit depuis long-temps la révolution de Gênes, & traitoit fecrétement avec l'Empereur. Lorfque les premieres traces de fon mécontentement furent apperçues, François Premier, touché de fes plaintes, lui offrit le payement de tous fes appointemens, la rançon

(1) Beaucaire le dit formellement. Belcar. liv. 20.

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de tous fes prifonniers, même celle 1528. du Prince d'Orange; il fit plus, il lui laiffa le choix ou de garder les prifonniers du combat de Salerne, ou d'en recevoir la rançon; enfin il voulut le fatisfaire fur l'article de Savone mais plus il faifoit d'avances à Doria,plus celui-ci reculoit, & redoubloit d'infolence & de dureté. Il traita enfin publiquement avec l'Empereur, & du moins il ceffa d'êGuicciard, tre perfide; car Guichardin foutient que depuis long-temps il trahiffoit Francois Premier; que fa flotte eût fuffi pour bloquer entiérement le port & affamer Naples, mais que luimême avoit plufieurs fois ouvert le paffage aux vivres, & que Philippin Doria en avoit fouvent fait porter par fes brigantins.

liv. 19.

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Il reste à décider fi le fuffrage d'un Italien, lorfqu'il eft favorable à la France, doit l'emporter fur le témoignage des François, lorfqu'il lui eft contraire.

Dans notre premier récit nous avons fuiviles Hiftoriens François,

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