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nommément du Bellay, frere de Langei, & parmi les étrangers, 1528. celui de Sigonius qui paroît avoir approfondi cette affaire.

8,

Doria, devenu l'ennemi déclaré Belcar. liv des François, commença par ravi. 20, n. 8. tailler Naples, qui n'avoit befoin que de vivres pour réfifter. Ces fecours firent trainer le fiege en longueur, les François fe virent attaqués par le plus redoutable de tous les ennemis, la pefte. On prétend qu'elle y fut portée par des ballots de hardes infectées, que les affiégés, au mépris du droit des gens, firent paffer dans le camp des François. Ce fléau emporta une grande partie de l'armée, & s'étendit jufqu'aux plus précieufes têtes. Vau-Belcar. liv. demont en mourut. Lautrec lui-même en fut atteint. Les affiégés reprenant courage, tiennent à leur tour les François comme affiégés dans leur camp; ils leur enlevent tous leurs convois; bientôt la famine fe joignit à la pefte; les défertions, fuites de ces calamités, devin

20. 11. 12,13.

rent tous les jours plus fréquentes; 1528, les reftes languiffans de cette armée long-temps triomphante, refferrés alors dans leurs retranchemens, bornoient tous leurs efforts & toute leur espérance à s'y défendre.

Guicciard.

liv. 19.

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Lautrec, au milieu du mal qui le confumoit, déployoit cette grande ame que la profpérité pouvoit quelquefois enfler de trop d'orgueil, mais que l'adverfité ne pouvoit abattre, & qui fe relevoit toujours plus forte & plus hardie au fein du malheur. On le voyoit fans ceffe courir dans le camp, vifiter les malades, les confoler, les fecourir, les raffurer, promettre à l'armée découragée des renforts qu'il follicitoit avec ardeur à la Cour, montrer aux foldats fatigués la fin prochaine de leurs maux. Sa vigilance embraffoit tout, il faifoit garder les paffages avec le plus grand foin, pour empêcher les défertions; les convois, appuyés de puiffantes efcortes , parvenoient quelquefois jufqu'au camp, ou du moins n'étoient pas enlevés fans combat; la garde fe

1528.

faifoit avec une exactitude qui prévenoit toute furprise. Mais la Cour, toujours pour le moins négligente, Belcar. livá ( 1 ) le fervit mal, elle lui envoya 19, n. 52, des fecours trop foibles & trop tardifs; lui-même il avoit trop différé à les demander foit que par une préfomption, qui étoit de fon caractere, il crût pouvoir s'en paffer, foit que par une foibleffe, qui eft d'un Courtifan, il craignît de fe rendre importun. Il réparoit alors, autant qu'il étoit en lui, & fes fautes de Courtifan, & fes fautes de Général; mais c'étoit bien de la constance perdue, & peut-être eût-il mieux vaÎu lever le fiege, comme la plupart Du Bellay des Chefs l'en preffoient. Son corps, moins robufte que fon ame, fuccomba enfin fous le poids de la fatigue & de la maladie ; il fe vit obligé de

(1) Beaucaire peint bien plus fortement cette né gligence, qu'il impute au Roi, Lautrecius, dit-il, in defperationem verfus, Francifci focordiam exe cratus eft, qui neque ullâ ratione, neque datâ fide, neque fuâ utilitate motus tot inutiles impenfas faceret, neceffarias omitteret, Belcar. rer. Gallicar, Jiv. 19 or $2

Mém. de

liv. 3.

garder le lit; il n'y confentit qu'à 1528. l'extrêmité, une inquiétude continuelle l'y confumoit encore plus que fon mal; il ne fongeoit qu'au falut de l'armée, il demandoit à tous momens des nouvelles de l'état des troupes; on le trompoit, & on avoit raifon; on l'affuroit que tout alloit bien, que la pefte avoit ceffé fes ravages. Il fe défioit de ces récits, & &, pour fon malheur, il voulut être défabufé; il fit venir deux Pages qui n'étoient préparés à rien, il leur ordonna, d'un air terrible, d'avouer la vérité, les menaçant de les faire fouetter jufqu'au fang s'ils lui déguifoient la moindre chofe : les Pages avouent en tremblant que le mal augmentoit chaque jour, & que la Belcar. liv. défolation étoit au comble. La pein30, A, 12. ture qu'ils firent des malheurs de Farmée faifit Lautrec & lui creva le cœur : il fe tourna de l'autre côté de fon lit en gémiffant, & expira.

Mort digne d'un cœur fenfible & d'un vrai citoyen. » Mort bien dif*férente, dit Brantome, de celle de

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Gafton de Foix fon coufin. « Mais quoi qu'en dife Brantome, l'avanta- 1528. ge eft tout entier du côté de Lautrec. Une témérité folle avoit précipité Gafton au-devant de la mort, une jufte fenfibilité avança la fin de Lautrec. Malheur à qui ne fent pas tout ce qu'a de noble & de refpectable le défefpoir d'un Général qui ne peut furvivre à la perte de fon armée ! Faut-il toujours avertir les hommes d'être fenfibles, ou de refpecter ceux qui le font ! Que le petit-fils du grand Confalve ferve ici d'exemple. Les honneurs que ce Seigneur Espagnol fit rendre au Général François, à l'ennemi de fa Nation, ont ajouté, à la gloire du nom de Confalve. Les reftes du malheureux Lautrec, enterrés d'abord dans un champ par fes derniers foldats, tranfportés depuis dans une cave à Naples, par un foldat Efpagnol qui efpéroit les vendre bien cher à fa famille, y repo- Mém. de foient fans éclat & fans honneur; le Du Bellay, petit-fils de Confalve leur érigea un liv. 3. tombeau de marbre parmi ceux de

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