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1528.

Paul. Jov.

in élog.

fes

peres dans l'Eglife de Sainte Ma rie la Neuve, uniquement guidé par ce mouvementtendre & refpectueux qu'infpire aux coeurs fenfibles le fpectacle ou le fouvenir des malheurs de l'humanité. ( 1 )

Le Pape, qui avoit dû fa délivranBrant. Hom- ce à Lautrec, lui fit faire de magnimes illuftres. fiques obfeques à Rome, & François art. Lautrec. Premier à Paris dans l'Eglife de No

tre-Dame. Lautrec méritoit en effet qu'on honorât fa mémoire ; fes tafens étoient dignes d'eftime, fon courage d'admiration, fes fervices de reconnoiffance, fes malheurs de pitié. Le peuple quelquefois injufte, haïffoit en lui la fource de fa faveur fous François Premier. Dès le regne de Louis XII, on avoit répandu

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(1) Tel eft le fens général de l'Epitapho que ce petit fils du grand Confalve fit faire à Lautrec, & que voici Odeto Fexio Lautrecco, Confalvus Ferdinandus, Ludovici filius corduba, magni » Confalvi nepos, cùm ejus offa, quamvis hoftis, »ut helli fortuna tulerat, fine honore jacere comperiffet, humanarum miferiarum memor » in avito facello, Duci Gallo Hifpanus Princeps pofuit,

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ita

un ridicule ineffaçable fur la carriere Militaire de Lautrec. Il avoit eu 1528. le malheur d'être choifi pour efcorter à Pife les Prélats du Concile, que Louis XII. y convoquoit contre Jules II. Cette commiffion d'escorter des Prêtres, quoiqu'ennoblie par fon objet, donna lieu à ces plaifanteries fi redoutables qui fouvent étouffent une réputation naiffante, ébranlent une réputation établie, & dont l'influence ne peut être détruite qu'à force d'exploits. Ceux de Lautrec furent mêlés de trop de fautes pour produire tout leur effet. Sa valeur, à la vérité, fut non-feulement irréprochable, mais éclatante: en condamnant la témérité de Gafton à Ravenne, en s'efforçant de la réprimer, il la partageoit, & il penfa en être la victime; il combattoit feul contre une armée entiere, pour arracher Gafton à la mort : cette époque eft la plus brillante de fa vie. Mais les négligences qu'il parut affecter pendant la campagne de 1521 dans le Milanès, l'inflexibilité barbare avec

20. n. 12.

laquelle il gouverna ce Duché, l'o 1528. piniâtreté aveugle avec laquelle il Belcar. liv. fuivit fes projets fans les communiquer, fans confulter l'expérience des vieux Chefs, la préfomption qui préfida fouvent à fes démarches, qui fembla prendre plaifir à appeller le danger, à le laiffer parvenir au comble pour le diffiper tout-à-coup par un trait de génie; qui rejetta la vic toire quand elle s'offroit, pour la rappeller enfuite malgré elle; les pertes, les défaites qu'entraîna cette conduite équivoque, ont obfcurci fa gloire, l'ont fait confondre dans la foule des Capitaines du fecond ordre, ont empêché qu'on ne lui tînt compte de tout ce qu'il avoit fait à la journée de la Bicoque, & de ce qu'il fouffrit devant Naples. (1)

(1) Beaucaire dit qu'il eut comme Demetrius I, Roi de Macédoine, le furnom de Poliorcetes ou Preneur de villes. Beaucaire ne fe trompetil pas? Ce furnom paroît convenir bien mieux au fameux Pierre de Navarre, qui mourut peu de tems après.

1528. Guicciar.

liv. 19. ? Belcar. liv.

On perdit tout en le perdant; le Marquis de Saluces, qui prit le commandement de l'armée, n'avoit pas les mêmes reffources dans l'efprit d'ailleurs il étoit malade, le peu qui 20. n. 13. reftoit de troupes étoit découragé ; André Doria étoit à Gaëte avec douze galeres. Les ennemis, enhardis par la mort de Lautrec, femblcient vouloir attaquer le camp qu'ils avoient toujours refpecté pendant fa vie ; ils venoient de furprendre Nole, Sarno, Capoue; il étoit à craindre que les François ne fe trouvaffent preffés entre ces Places, celle de Naples & la mer. Dans ces malheureufes conjonctures, le Marquis de Saluces ne put fe refufer aux inftances de cette armée détruite qui demandoit la retraite : on la fit pendant la nuit, & d'abord en affez bon ordre; mais enfuite les ennemis en ayant été avertis, vinrent la troubler, ils défirent l'arriere-garde, & pénétrant jufqu'au corps de bataille que commandoit Pierre de Navarre, ils firent celui-ci prifonnier ; on le

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Id. Ibid.

Mém. de v. 3.

Du Bellay

conduifit à Naples, il étoit malade, 1528. il mourut peu de temps après. On a écrit qu'il fut étouffé entre deux matelas par ordre de l'Empereur en punition de ce qu'il s'étoit attaché au fervice de la France. Cependant lorfque le même Pierre de Navarre avoit été pris à Gênes par les mêmes Impériaux, quelque temps auparavant, il avoit été traité comme un prifonnier ordinaire, il avoit été délivré moyennant une rançon, & l'on n'avoit point exigé qu'il quittât le fervice de France. Quelle rage foudaine auroit donc pû engager l'Empereur à faire affaffiner lâchement un vieillard qui n'étoit plus à craindre, & qui ne l'avoit point offenfé? Car c'étoit fous Ferdinand le Catholique que Pierre de Navarre avoit quitté le fervice d'Efpagne pour celui de France, parce qu'après la bataille de Ravenne, où il avoit été pris par les François, la Cour d'Espagne avoit refufé de payer fa rançon. D'ailleurs ces défections étoient trop communes alors

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