pour être punies, & fi l'on eût voulu les réprimer par la terreur, Pierre 1528. de Navarre eût été livré publiquement au fupplice, & non pas étouffé avec un fecret qui laiffe au moins la liberté de douter de ce fait étrange. Ce fut encore un excellent Capitaine que la France perdit. Sa longue expérience, l'art des Mines qu'il inventa ou du moins qu'il exerça le premier en Europe avec un fuccès marqué, tant de fieges qu'il conduifit, tant de malheurs qu'il éprouva, fur-tout celui d'être pris jufqu'à trois fois, l'ont diftingué parmi les Capitaines de fon temps. Confalve Ferdinand de Cordoue, ce généreux ami des Héros malheureux, rendit à fa mémoire les mêmes honneurs qu'à celle de Lautrec ce qui ajoute encore aux raifons de douter que Pierre de Navarre foit mort victime de l'injufte vengeance de l'Empereur. ( 1 ) (1) Confalve Ferdinand de Cordoue, fit enter Paul. Jova Brantome. Vies des Ca in élog. pit, étrang Quel qu'ait été fon fort, il n'ef1528. fraya point le Prince de Melphe Jean-Baptifte Caraccioli, qui venoit de fe livrer à la France pour le même fujet que Pierre de Navarre, c'eftà-dire, parce qu'ayant été pris par les François, l'Empereur l'avoit ou blié dans les fers. 20. n. 13. L'armée Françoife s'étoit retirée Belcar. liv. à Averfe, les Impériaux en firent Mém de auffi-tôt le fiege; le Marquis de SaDu Bellay, luces y ayant eu un genouil caffé 3. d'un éclat de pierre, fe détermina un Guicciard. peu trop promptement à une capitu liv. liv. 19. lation, par laquelle il remit au Prince d'Orange la ville & le château & rer Pierre de Navarre avec honneur, ainfi que Lau- Cantabri, folerti in expugnandis urbibus arte clariffimi, Confalvus Ferdinandus Ludovici filius, magni Confalvi Sueffiæ Principis nepos, ducem Gallorum partes fecutum, pro fepulchri "munere honeftavit. Hoc in fe habet virtus vel in hofte fit admirabilis. (1) Il fut fait Maréchal de France le 4 Décembre, 1544, à la place du Maréchal de Montpefat. Belcar. live d'Averfe, l'artillerie, les vivres, les munitions, les armes, les bagages, 1528. les chevaux, fa perfonne même & celle des principaux Officiers, 20. n. 13. Les Italiens de l'armée de Saluces s'engagerent à ne fervir de fix mois contre l'Empereur; les François devoient être renvoyés avec une efcorte jufqu'aux frontieres de France; le Marquis de Saluces promit même de fe rendre Médiateur auprès des François, des Vénitiens & de leurs alliés, pour les engager à remettre les Places dont ils s'étoient emparés dans le royaume de Naples. Un Traité fi humiliant ne pouvoit être exécuté dans tous fes points, & le Marquis de Saluces n'avoit pas une affez grande autorité dans l'armée pour la faire souscrire à fon infamie; ceux des François que la maladie n'avoit pas entiérement abattus, allerent fe join- Du Bellay, dre dans l'Abbruzze aux troupes que Renzo de Céré & le Prince de Melphe y avoient nouvellement levées; elles fe retirerent toutes enfemble à Mém. de liv. 3. Barlette & dans quelques autrés 1528. Places maritimes, d'où l'on ne put les chaffer. D'autres François qui, pour favorifer la retraite de l'armée à Averfe, étoient reftés dans le fort des Bafques devant Naples, firent du moins une capitulation plus honorable, & fortirent du Fort avec armes & bagages. Saluces n'eut pas long-temps à rougir de fon deshonneur, il mourut de fes bleffures à Naples, n'ayant eu le commandement pendant un inftant que pour voir perdre tout le royaume de Naples, & diffiper toute l'armée de la Ligue. CHAPITRE XVI, Derniere Expédition du Milanès, jufqu'à la Paix de Cambray, ou des Dames, & à la diffolution entiere de la Ligue, 1528. Guicciard tiv. 19. P ENDANT que toutes ces révolutions agitoient le royaume de Naples, il en étoit arrivé d'autres dans le Milanès. Les troupes Vénitiennes jointes à celles de Sforce, s'étoient chargées de refferrer Antoine de Leve dans Milan, & de le reduire par famine; mais le Duc d'Urbin, qui commandoit les troupes Vénitiennes, fe bornoit à couvrir les frontieres de la Républi que, & montroit beaucoup d'indifférence fur le refte des affaires de la Ligue. De Leve, à force d'extorfions & de nouvelles violences exercées fur les malheureux Milanois Belcar. liv trouvoit le moyen de faire fubfif- 20. n. 16. ter fes fes troupes. Il s'étoit emparé de |