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tous les vivres, il en avoit fait des 1528. magafins; les Milanois n'avoient que le rebut des foldats, & ne l'avoient qu'au prix qu'il plaisoit à de Leve d'y mettre.

Cependant ni les troupes de de Leve, ni celles de la Ligue, n'étoient en état d'agir. On attendoit de part & d'autre des renforts néceffaires.

Le Duc de Brunswick affembloit des troupes dans le Tirol & dans le Trentin, pour l'Empereur. Le fuccès des Lanfquenets de Fronsberg, attirant en foule les Allemands en Italie, Brunfwick eut bientôt dix mille hommes de bonne Infanterie appuyés de fix cens chevaux.

D'un autre côté la Ligue attendoit le Comte ( 1 ) de Saint Pol qui devoit partir inceffamment de France avec une armée à-peu-près auffi forte.

(1) Prince de la Maison de France, de la bran◄ ehe de Bourbon-Vendôme. Voir l'Introduction chap. 4.

Tout dépendoit de la diligence,

vertu inconnue alors à la Cour de 1528. France, où l'on ne fongeoit aux af

liv. 3.

faires que quand on étoit las des plai- Mém. de firs. Brunswick étoit déjà en Italie Du Bellay, avant que le Comte de S. Pol fût feulement en état de partir.

liv. 19.

Une autre négligence venoit de Guicciard faire perdre Pavie à la Ligue. Cette Place, avec une très-forte garnifon, étoit très-mal gardée, parce que perfonne ne faifoit fon devoir. Antoine de Leve, qui ne s'occupoit que du fien, vint efcalader la nuit, par trois endroits, cette importante Place, & l'emporta. Il réduitit auffi Mortare, & tout cela fans le fecours du Duc de Brunfwick, qui ne lui fervit de rien, même dans la fuite; car de Leve & Brunfwick ayant formé, après leur réunion, le fiege de Lodi, la pefte, le défaut de paiement, l'inconftance, diffiperent peu-à-peu les Lanfquenets, & le fiege de Lodi fut, levé. En vain le Marquis du Guaft, Belcat. liv. ayant obtenu d'André Doria un con- 20. n. 14. gé de dix jours fur fa parole, vint

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à Milan travailler avec le Duc de 1528. Brunswick à retenir les Laníquenets; ils vouloient de l'argent, Brunfwick n'en avoit point, de Leve n'en vouloit point donner, les Lanfquenets partirent au grand contentement d'Antoine de Leve, qui ne vou loit partager avec eux ni l'autorité ni le pillage, & qui fe flattoit que la négligence des François lui laifferoit reconquérir le Milanès avec fes feules troupes : il ne refta de toute l'armée de Brunfwick, que deux mille Allemands qui s'attacherent à de Leve, & qu'il voulut bien recevoir.

Mém. de

Liv. 3.

Le Comte de S. Pol arriva enfin Du Bellay, avec une armée beaucoup moindre qu'elle ne devoit l'être moindre même qu'on ne le croyoit en France; car, grace à la négligence des Généraux & à l'avarice des Commiffaires de l'armée, les troupes étoient toujours payées comme complettes, & ne l'étoient jamais ; ces funeftes effets de l'inapplication des Princes ne peuvent être trop re

さす

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marqués,

gne,

marqués, ils expliquent pourquoi la France qui abondoit, fous ce re- 1528. en braves foldats, en grands Capitaines, en citoyens pleins d'a mour pour leur Maître, de zele pour l'Etat de paffion pour la gloire, ne réuffiffoit dans aucune... de fes entreprises. Tout fe faifoit à contre-temps, & d'une maniere infuffifante; la diffipation du Roi étoit trop bien imitée par fes Courtifans , par fes Miniftres, par fes Généraux; trop bien apperçue par ces hommes mercenaires & avides, par-tout déteftés & par-tout em+ ployés, qui ont intérêt que que l'Etat foit mal gouverné, que le Prince ait des foibleffes, & que les peuples foient malheureux. Les (1) fecours n'arrivoient jamais dans le temps où ils 19. n. 52. auroient pu être utiles. On ne les envoyoit qu'à l'extrêmité, on en en

(1) Ordinairement en France, dit l'Historien du Chevalier Bayard, ne fe font pas volontiers les provifions de faifon ne de raison, Eft-ce un défaut de la Nation, ou feulement de quelques-uns de fes Chefs?

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Belcar. liv

voyoit trop peu. L'argent moins 1528. bien fourni encore que les foldats ne fuffifoit jamais aux befoins, & il falloit que le peu qu'on fourniffoit, effuyât toutes les déprédations qu'entraîne une administration négligée.

Guicciard.

Ev. 19.

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Le Comte de S. Pol paroiffoit arriver fous d'heureux aufpices. Safoible troupe, qui n'eût pu réfifter à l'armée du Duc de Brunswick, n'avoit plus cette armée à craindre elle étoit diffipée. La jonction du Comte de S. Pol avec les Confédérés ne fut point traversée, & ne pouvoit pas l'être; elle fe fit vers les bords de l'Adda dans le Lodefan, après que S. Pol eut paffé le Pô près de Crémone : alors les troupes des Confédérés fe trouverent monter presque au double de celles d'Antoine de Leve, mais c'étoient des forces de Confédérés, que la divifion affoiblit toujours. Les Vénitiens tout au plus ne trahiffoient pas la caufe commune, mais ils la fervoient bien mal. Uniquement occupés du foin de garder leurs fron

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