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1529.

tout, on déféroit en tout à fes avis; il refufa d'être chargé de l'adminif tration des deniers publics, de concourir à l'élection du Doge & des autres Magiftrats : cette modération politique affermit fon pouvoir en défarmant la défiance & la jaloufie. Gênes fatiguée de fes longues agitations, fe repofa, pour ainfi dire, à l'ombre de ce grand homme; la fureur de parti fit place aux vues de commerce, il ne fut plus queftion parmi les Gênois, d'être grands ni puiffans, ils ne fongerent qu'à être riches, libres & à-peu-près égaux. Mém. de Ainfi furent remplis, à la gloire Du Bellay, éternelle du généreux Doria, les deux grands objets de fon Traité défintéréffé avec l'Empereur ; la liberté de Gênes, l'afferviffement de Savone.

Ev. 3.

Barbésieux fembla rougir de fes fuites perpétuelles devant les galeres de Doria; il ofa enfin les envifager, les attaquer même, à la hauteur de Nice & de Monaco : Doria eut une galere coulée à fond

mais ce combat ne produifit rien. Le Comte de Saint Pol fe voyoit 1529. prefque abandonné des Vénitiens qui lui avoient fait manquer fon expédition de Gênes & de Savone qui ne fongeoient qu'à paffer l'Adda pour fe renfermer dans la défense de leurs frontieres qu'on n'eût point attaquées, qui s'applaudiffoient de la liberté que Gênes avoit recouvrée, par l'intérêt qu'avoient tou tes les Puiffances d'Italie à l'affoibliffement des puiffances étrangeres. Ils avoient promis à Saint Pol de lui fournir des troupes pour réduire diverfes Places du territoire de Gênes, & pour la refferrer du moins du côté de la terre; ils lui manque rent de parole. Saint Pol erra longtemps dans le Tortonefe, l'Alexandrin, la Lomelline, fans forces fuffifantes pour rien entreprendre toujours fe plaignant des Vénitiens, toujours implorant leur fecours, & ne l'obtenant jamais.

Il imagina pourtant un projet dont le fuccès eût pu renverfer l'édifice

naiffant de la liberté Génoife. Le pa 1529. lais d'André Doria, fitué fur le bord de la mer, & prefque contigu aux murs de Gênes, n'y touchoit pour

tant pas entiérement : c'étoit un bâ Mém. de timent ifolé, fans défense. Saint Pol Du Bellay, réfolut de l'y furprendre & de l'en

liv. 3.

Guicciard.

lever; il fit faire, pendant la nuit, une marche forcée à deux mille hommes d'infanterie, foutenus de cinquante chevaux commandés par Villacerf, & par Montejan qui vouloit prendre fa revanche du mauvais fuccès de fon expédition de Savone. Mais de Vitade, d'où ils étoient partis à quatre heures du foir, la diftance étoit fi grande qu'ils ne purent arriver que quelques heures après le lever du foleil; on les vit. Doria eut le temps de fe jetter dans une Belcar. liv. barque, les François n'eurent que celui de piller fon palais & de retourner promptement fur leurs pas.

Jiv. 19.

20. n. 18.

Après bien des entrevues du Duc Sforce, du Duc d'Urbin & du Comte de Saint Pol, après bien des plaintes réciproques, bien de froides

excufes & de profondes diffimulations, on fit femblant d'agir de con- 1529. cert & avec ardeur; on envoya des troupes & de l'argent de France & de Venife, mais toujours moins qu'on n'en avoit promis, & bien moins qu'il n'en falloit. Antoine de Leve reçut auffi du fecours. Les forces, foit féparées, foit réunies des François, des Vénitiens & des autres Italiens

ne purent empêcher deux mille cinq cens Efpagnols arrivés à Gênes dejoindre ce Général à Landriano: on courut à leur rencontre dans l'Alexandrin, dans le Tortonefe, dans tout le Milanès; ils fe détournerent par le Plaifantin, pafferent le Pô la nuit à Arona, & de détours en détours arriverent à Landriano, fans avoir rencontré les Alliés. Ceux-ci s'en vengerent Du Bellay, par la prife de Mortare & de No- liv. 3 vare, entre le Tefin & la Seffia de S. Angelo & de S. Colombano dans le Lodefan; ce fut le Comte de S. Pol, prefque feul, qui fit toutes ces conquêtes,

& qui

réduifit

par

Mém. de

degrés Antoine de Leve aux deux 1529. Places de Milan & de Côme.

Il reftoit toujours à forcer de Leve dans Milan par un fiege régulier, ou à l'affamer par un blocus; le Comte de S. Pol propofoit le premier de ces deux partis, les Vénitiens le fecond Sforce n'avoit pas affez d'autorité pour décider entr'eux & comme on ne pouvoit rien entreprendre contre Milan fans les Vénitiens, ce furent eux qui l'emporterent. D'ailleurs les efprits n'étoient pas difpofés aux grandes entreprises, ils fe tournoient tous vers la paix; François Premier qui s'étoit déjà laffé de la guerre pour lui-même, commençoit à s'en laffer même pour fes fujets; il n'efpéroit plus recouvrer fes enfans que par un Traité avec l'Empereur. Les Vénitiens, inftruits de ces difpofitiens conformes aux leurs, fongeoient auffi à traiter, & fe refu foient aux expéditions ou coûteufes, ou périlleuses. Il fut donc décidé qu'on fe borneroit au blocus

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