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Cet échec des François fut le der 1529. nier acte d'hoftilité de cette guerre. L'épuisement de toutes les Puiffances rendoit la paix néceffaire, Fran çois Premier vouloit revoir fes enfans, & foulager fes fujets. L'Empe reur, malgré tous fes fuccès, n'étoit fûr de rien. Son principal ennemi étoit écrasé dans le royaume de Na ples & dans le Milanès, mais la Ligue fubfiftoit toujours, & pouvoit, par des efforts plus heureux lui enlever ces deux Etats. Une grande partie du Milanès étoit encore entre les mains du Duc Sforce; au royau me de Naples, les reftes des François, joints aux nombreux partifans qu'avoit la France parmi la haute Nobleffe du pays, entretenoient toujours la guerre dans l'Abbruzze, dans la Pouille, dans la Bafilicate, guerre de fieges, épineufe, difficile, fans éclat, fans fuccès décifif, procurant peu de profit à l'Empereur, peu d'honneur à fes Généraux. D'un au tre côté les Turcs commençoient à preffer les Etats Autrichiens en

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Allemagne; la malheureuse Italie ravagée tour à tour par tant d'enne- 1529. mis redoutables & de dangereux amis, fatiguée du flux & du reflux perpétuel de tant d'armées refoulées fans ceffe par le fort de la guerre du Milanès au royaume de Naples, & du royaume de Naples au Milanès, l'Italie ne demandoit qu'à refpirer. Le Pape qui avoit éprouvé les plus grandes horreurs que la guerre puiffe entraîner, qui avoit langui dans les fers, qui avoit va faccager fa capitale, qui ne voyoit, depuis long-temps, que le péril & la mort autour de lui; qui ne pouvoit plus ni prendre parti, ni refter neutre, n'imaginoit de fûreté que dans la pacification univerfelle. Les Vénitiens ne prenoient à tous ces troubles qu'un intérêt foible, éloigné; ils vouloient que le Milanès reftât au Duc Sforce, & que Gênes fût libre ; ils s'embarraffoient peu à qui appartiendroit le royaume de Naples, pourvu qu'ils confervaffent les Places qu'ils y avoient

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conquifes; ils pouvoient auffi-biert 1529. obtenir tous ces objets par un Traité que par les armes. L'Angleterre qui n'avoit d'autre intérêt que celui de tenir la balance, pouvoit s'imaginer la tenir en paix comme en guerre. D'ailleurs l'Angleterre pouvoit arrêter lorfqu'il étoit queftion d'entrer en guerre, non lorfqu'il s'agiffoit de faire la paix. De plus, par des circonstances particulieres dont on aura lieu de parler dans la fuite le Roi d'Angleterre avoit trop befoin alors du Roi de Guicciard. France, pour ne pas approuver tout ce qu'il feroit.

liv. 19.

Belcar. liv.

Le Pape fit d'abord fa paix particu20. n. 23. liere avec l'Empereur. L'Empereur lui devoit bien des facrifices pour le dédommager de tout ce qu'il lui avoit fait fouffrir. Outre fa prifon & fes longs malheurs, les fuites de l'expédition du Connétable de Bourbon avoient fait defcendre du Trône de Florence la Maifon de Médicis. On a vu que cet Etat d'abord républicain, s'étoit accoutumé insensible

ment au joug de cette Maison. Il reprenoit cependant quelquefois avec 1529. violence la liberté qu'on lui ôtoit; l'efprit démocratique étoit prefque toujours en fermentation contre le defpotifme chancelant & incertain des Médicis. Léon X, qui avoit gou verné la Tofcane depuis la mort de Laurent de Médicis fon neveu, avoit éprouvé peu de contradictions. Clément VII fut moins heureux. Lorfque le terrible Bourbon menaçoit à la fois Rome & Florence, & tenoit toute l'Italie dans une attention pleine d'effroi, les Florentins qui n'étoient entrés dans la Ligue contre P'Empereur que comme fujets du Pape, ne voulurent plus l'être. Le plus grand bien de la fervitude eft de procurer la paix, & la leur ne faifoit qu'attirer chez eux les fléaux de la guerre. Ils fe foulevérent contre le Gouvernement, prirent les armes, forcerent le Palais, firent rendre un décret de profcription contre Hyp polite, & Alexandre de Médicis, coufins du Pape. La détention de ce

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Pontife augmenta encore l'infolence des mutins; il s'élevoit de toutes parts un cri de haine contre les Médicis, on s'indignoit de la foibleffe qu'on avoit eu de fervir l'ambition de Léon X. & de Clément VII. dans tous les projets qu'il leur avoit plu d'enfanter, & d'en avoir fait tous les frais. On fe rappelloit avec fureur que la guerre d'Urbin fous Léon X. avoit coûté à Florence cinq cens mille ducats, celle du même Pape contre la France, autant; qu'on en avoit fourni en différentes occafions trois cens mille autres aux Généraux de l'Empereur; que la guerre préfente en coûtoit déja fix cens mille. Ces calculs & ces raifonnemens ranimant l'amour de la liberté & la haine pour les Médicis on s'emporta contr'eux jufqu'aux plus violens excès; on abattit, on effaça leurs armoiries dans toute la ville; on brifa les ftatues de Léon & de Clément dans l'Eglife de l'Annonciade; on faifit les biens du Pape, on rétablit la démocratie. Le Pape

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