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1529.

remis en liberté, tenta par mille voies obliques de rendre à fa Maifon l'autorité qu'elle avoit eue à Guicciarde Florence; les Florentins recherche- liv. 19. rent contre lui l'appui des François, & le Pape flottant entre CharlesQuint & François Premier, n'osant depuis fa captivité ni rentrer dans la Ligue, ni en fortir, redoutant plus l'Empereur dont il avoit trop fenti la puiffance, espérant plus de lui, par la même raison, pour la réduction de Florence, mécontent d'ailleurs des intelligences que François Premier avoit entretenues avec les Florentins, prit le parti de traiter avec l'Empereur.

La bafe de ce Traité devoit être & fut le rétabliffement des Médicis à Florence; l'héritiere légitime de cette Maifon étoit Catherine de Médicis, fille de Laurent. Mais l'intérêt du nom faifoit préférer les mâles bâtards aux filles légitimes; la bâtardise, dans cette Maison, n'étoit un øbstacle ni à la grandeur, ni à la

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fortune; Clément VII. lui-même (1) étoit bâtard, & le nom de Médicis n'étoit porté alors avec éclat que par trois bâtards, Clément VII, fils naturel de Julien; Alexandre, (2) fils naturel de Laurent II; & Hyppolite, fils naturel de Julien II. Č'étoit à Alexandre que Clément VII. deftinoit le Gouvernement de Florence; il avoit fait Hyppolite Cardinal, partage dont celui-ci fut toujours mécontent. L'Empereur profita pour fa bâtarde, des vues qu'a voit le Pape pour les bâtards de fa Maifon; il donna en mariage à Alexandre de Médicis, Marguerite d'Autriche, qu'il avoit eue d'une Flamande nommée Marguerite VanGeft; il promit de le remettre en

(1) Lorfqu'il avoit été fait Cardinal, de faux témoins avoient déposé pour la forme contre la notoriété publique, qu'il étoit né en légitime mariage, parce que c'étoit une opinion reçue qu'un bâtard ne pouvoit être Cardinal, quoique cela ne fût établi par aucune loi.

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(2) Scipion Ammirato dit qu'Alexandre étoit fils naturel du Pape Clement VII. lui même, & non' de Laurent, poffeffion

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poffeffion de l'autorité que les Médicis avoient eue à Florence; pro- 1529 meffe dont le mariage de fa fille garantiffoit l'exécution. Il s'engagea de plus à faire rendre au Pape Modene, Reggio, & Rubiera, dont le Duc de Ferrare s'étoit emparé; il promit même, mais d'une maniere moins folemnelle & moins authentique, d'aider le Pape à reconquérir Ferrare, s'il en étoit requis en qualité d'Avoué, de Protecteur & de Fils aîné du Saint Siége: ce gar limathias fignifioit qu'il ne falloit pas compter fur lui pour la réduc tion de Ferrare; mais il s'engagea de la maniere la plus formelle à faire rendre au Pape Ravenne & Cervia, dont les Vénitiens s'étoient emparés en lâches ou en politiques pen dant la captivité du pape. Comme le plus grand avantage de Cervia confiftoit dans fes falines, il fut déci dé que les Milanois s'y fourniroient de fel pendant la vie du Pape & deux ans encore après. L'Empereur fe chargea d'y faire confentir Fer Tome IV. Es

dinand fon frere, Roi de Hon1529. grie, qui avoit auffi des falines dans le voifinage du Milanès. Le Pape de

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fon côté donnoit à l'Empereur l'inGuicciard, veftiture du Royaume de Naples, moyennant un cheval blanc pour toute reconnoiffance de fouveraineté, & en annullant le cens qu'il s'étoit réservé par fes Traités précédens avec l'Empereur. Ils partagerent entr'eux la nomination aux bénéfices de ce royaume; on permit aux Vénitiens d'accéder au Traité, mais à condition de rendre toutes les places qu'ils avoient prifes, foit à l'Empereur dans le Royaume de Naples, foit au Pape dans la Romagne.

A l'égard du Milanès, l'Empereur reprenant l'ancienne accufation de félonie contre Sforce, ftipula qu'on jugeroit ce Prince; que fi, par l'événement du procès, il étoit juftifié, le Duché lui feroit rendu; que s'il étoit jugé coupable, l'Empereur ne difpoferoit de ce Duché qu'en faveur d'une perfonne agréable au Saint Siege.

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On inféra auffi dans le Traité deux claufes qui étoient devenues de ftyle. lorfqu'on traitoit avec un Pape; ne concernant les Turcs, l'autre concernant les hérétiques. Clément accorda à l'Empereur & à Ferdinand. fon frere, te quart des revenus Eccléfiaftiques de leurs Etats, pour fe défendre contre les Turcs, on convint d'employer les armes fpirituele les & temporelles pour la convers fion ou la punition des hérétiques. Les claufes de ce Traité n'étoient Du Bellay, encore qu'arrêtées lorfque Charles liv. 3. Quint reçut la nouvelle de la déroute des François à Landriano; on! craignoit que ce fuccès nè l'empêchât de figner, il figna cependant, & ce fut encore un trait de modé ration que fes partifans eurent pull à blier. La ratification de ce Traités faite avec la plus grande folemnité dans la cathédrale de Barcelone, eft Juin.

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Par ce Traité, l'Empereur ne céx doit que ce qu'il vouloit, le Pape

Mém. de

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