Mais pourtant elle nous trace Le chemin que l'on doit tenir Quand on veut parvenir.
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UN jeune Oyfeau s'ennuyant dans son nid ̧
Difoit, quoi ! fuis-je trop petit? Allons, allons, fuivons ma mére. Etourdiment il prend l'effor;
A dix pas loin, il tombe à terre Et de fa chute il s'enfuivit la mort. Ce jeune Icare par fa chute
De bien des gens nous trace le portrait : Tel réuffit à fon fouhait, Et qui veut l'imiter gliffe & fait la culbute.
UN Roffignol depuis long-tems
Avoit contracté l'habitude
De vivre feul, & dans fa folitude Chaque faifon lui sembloit un Printems. Pour fon malheur il vit une fémelle, Elle lui plut; les foupirs, les foucis Vinrent lui troubler la cervelle. Ce n'eft pas tout. Il époufa la Belle, Et quelque tems après nâquirent des petits. Le pauvre Roffignol ne fut plus connoiffable, Du foin des fiens il fe vit tourmenté, Et par l'apas d'un plaifir peu durable Il perdit fa tranquillité.
L'Abeille & fa Fille. UNE Abeille jeune, étourdie,
Pour compofer un miel parfait, Se régloit fur fa fantaisie, Et croyoit chaque Fleur utile à cet effet. Modérez-vous, difoit fa mére,
Pourquoi tant de vivacité ?
Triés vos Fleurs. Non, non laiffez-moi faire, Vous verrez ma capacité,
Lui répliquoit la jeune Abeille. Notre indocile au milieu de l'Eté,
Fut à fa mere, & dit, enfin j'ai fait merveille Venez, voyez, goutez mon miel, Il eft, comme on n'en trouve guére. Elle le goûte. Hélas! ma chére, Vous n'avez produit que du fiel. Il est beau d'aimer la lecture, C'eft prendre un honnête plaifir; De l'ame elle eft la nourriture Mais on ne peut trop la choifir.
UN Serin bien privé, mais fouré de malice,
A fes différens tours donnoit tant de crédit, Il les faifoit avec tant d'artifice,
Qu'un Chat fort doux en étoit tout contrit, 'A chaqu'inftant fur lui tomboit la follenchére. Le Chat rufé, déguifant fa colére,
Un jour fit femblant de dormir;
Et le Serin n'ayant rien mieux à faire, Dit, voilà maître Chat qui repose à loisir,
Allons, voyons, que cet inftant ine flate? Je veux par quelque tour... quand il fut avancé, Grippe Minaut d'un coup de patte
En le privant du jour le paya du paffé. Desmaux les plus légers faifons-nous un fcrupule,. Quelques légers qu'ils foient, ils flétriffent les loix : Le tems s'écoule, & le mal s'accumule, Et l'on fuccombe fous le poids.
N Paon vivoit dans une baffe-cout;A Orgueilleux comme on ne peut être
Et fon orgueil augmentoit chaque jour. Nombre d'Oyfeaux étoient à même maîtres Et fieur Paon les méprifoit tous:
Mais un jour la Gent volatile
Dit, il faut le chaffer, que fait-il parmi nous ? Avec tous les attraits c'est un meuble inutile; Il croit être l'Oifeau du Souverain des Dieux. Et ce n'eft elt que pour foi que le fot a des Que ne fuit-il un plus fage fyftème.
Quiconque défire qu'on l'aime,
Doit prifer les mortels & fe croire moins qu'euxa
N Curieux augmenta fa Voliére D'une Linotte à fin caquet,
Qui tous les jours fe levoit la premiere, Et faifoit bien claquer fon fouet Vifitant l'un, vifitant l'autre, Rien n'étoit fait, rien n'étoit dit, Dont le Maître ne fut inftruit. Ah! Médifans, quel dessein est le vôtre ! Le Maitre bon, fur fon rapport, Sévérement faifoit justice, Tant qu'à la fin il reconnut fon tort. Mais, fe dit-il, j'apperçois l'artifice'; La Linotte eft un monftre affreux Qui ne fe butte qu'à médire,
Et la Mort doit payer fes foins officieux. Les vices fur les cœurs ont un puiffant Empire A mal parler on eft toujours enclin,
Etouffons ce honteux systême.
Le tort qu'on fait à fon prochain Souvent rejaillit fur foi-même.
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