FABLE I X. La Nichée de petits Oyfeaux. POUR le befoin de leurs Petits, Un Roffignol & fa Compagne, Un jour de grand matin se mirent en campagne; par malheur ils furent pris, Mais Je ne fçai trop comment, il fuffit qu'on s'en doute; Il eft à préfumer qu'ils périrent en route. Se fit fentir à la couvée. Parmi la faim, la crainte & les foucis; Nul ne fut fenfible à vos cris. Le lendemain avant l'Aurore Tandis qu'au nid on fe défole. L'aîné de nos Oifeaux, ou du moins le plus fort Aux autres porta la parole. A ces mots il fe leve, étend fes foibles aîles, Il chancelle, il héfite, il panche; Reprend fa route & fans échec La leur partage, & chacun eft content. Et fit tant qu'il mit la nichée En état de quitter le logis paternel. Nulle raifon n'eft attachée Aux Animaux, le fait eft bien réel; L'inftin&t les fait agir, j'approuve l'axiome: Mais ce qui me furprend, j'y vois un naturel IL me fouvient qu'un certain Bucéphale, Tête droite, l'œil vif, bien caparaçonné, Un peu d'honneur, toujours environné Y fit-il mal, y fit-il bien? Comme il étoit hors de Service eut maigre quartier d'hyver. Aux Palfreniers il présenta Requête, Tous gens de race malhonnête, Et non aifés à manier. Que faire ! difoit-il: ah! que ma peine eft grande! Moi, qui fuis estropié, je ne vois que des fourds. Non, je voudrois le voir; mais toujours on m'abuse, Ne manquent-ils point de fourages? Et commande à l'inftant qu'on le change de lieu. On le panfe, on le choye, il a tout à souhait, Heureux qui fert un Maître fage! FABLE X I Les deux Chiens. UN jeune Dogue, vrai Forçat ; Se lamentoit fur fon état. Mal nourri, point de liberté, Pas même des Valets de Cour. Ne pourrai-je pas quelque jour Eft mon feul réconfort. Par cas fortuit, affez près de få loge, Paffa certain Gredin, bien choyé, bien nourri¿ Qui de Madame étoit le Toutou favori ; Il s'en approche & l'interroge. Mais es-tu fou? s'adreffant au Doguin, Si-tôt commençant ta carriere, Tu voudrois toucher à ta fin? Tu te déplais donc bien fur terre? Tu n'as pas fix mois accomplis, E |