Et moi qui peux compter bien douze fois ton âge, Je ne fais que de naître, à ce qu'il m'eft avis. Ton air content n'a rien qui me soulage, Répliqua le Doguin, fans ceffe je languis Je me fens dévoré des chagrins, des ennuis Où la rigueur du fort me plonge. La vie eft courte, & ne paroît qu'un fonge A qui tout vient au gré de fes défirs; Mais elle eft bien trop longue à qui n'a nuls plaifirs. A Dom Bertrand confia fa Toilette. On en peut dire autant du peuple Auteur. Un peu de blanc, s'en barbouille & fourit. D Comment fourit un finge? en faifant laide moue; Sur fon chef étend une couche: Par tout fe plâtre & fe parfume. Elle éclate de rire, & n'y peut plus tenir. Et lui dit; mais bien-tôt on vous verra finir? Je vous parois d'un ridicule extrême, Quoi! parce que je fuis fardé? Vous ne l'êtes pas moins, le fait eft décidé Jugez maintenant de vous-même, ************** FABLE X II I. L'Homme qui fe plaint de fa Femme. ETRE toujours chez foi de fort mauvaise hu meur, Farouche, ennuyeux & mauffade Ayant un teint frais, vif, une bouche divine; Des yeux.... des yeux très-éloquens Le traître avoit mille envieux, Quitous auroient voulu, je penfe bien comme eux, Pour un inftant être à fa place. L'homme eft fingulier, tel bien que l'on lui faffe 32 Il n'eft jamais content. L'Amour & la Nature yous, Ingrat mortel? Vous nous faites injure: A qui les Dieux rendroient hommage? Oui, vous avez fait beau le dehors de ma femme, ************** FABLE XIV. Le Héron & les Poiffons. SUR le bord d'un Etang couché fur le Gazon, Ces jours derniers j'apperçus un Héron, Et je vis fur le champ un fingulier Tableau, Sans doute peint des mains de la Nature; Quitter leurs humides maisons, Nager d'une vitesse extrême, Et venir faire un cercle autour de notre Oyfeau. Il m'inquiétoit fort, & c'étoit un probléme Mais il n'étoit pas tems. Pour calmer mon défir; A l'eau mettre le bec, empaumer un poisson, Et là croquer fa proye. Ah! ah! belle leçon, 2 Qui pour récompenser de l'honneur qu'on lui rend, Je raisonnois tout feul, j'allois encor poursuivre, Car quand on réflechit, que de momens perdus! Allons au fait. Nous empliffons la marge, Et ma fable n'avance pas. Les Poissons avoient pris le large, Le Héron revint à la charge. La grandeur pour ce peuple a donc bien des appas! Avec encor plus de vîteffe |