Les ftupides Poiffons retombent dans l'erreur; La Carpe, le Goujon, le Brochet tout s'empreffe Vous en gobe encore un. Fort bien ! Alors je me léve & lui crie, Que fais-tu donc, cruel? Mais je ne conçois rien A tes deffeins? tu n'est que tyrannie; Quoi! dévorer ces pauvres animaux Qui font charmés de ta préfence? L'avaleur de Goujons, tout bouffi d'arrogance, Me répondit ces mots : C'eft une vile populace Qui près de moi vient fe ranger, On peut juger par cette Fable Que Meffieurs les Poiffons n'ont guéres de bon fens; Cela leur eft très-pardonnable; Mais vous, Meffieurs les Courtisans, Et vous Peuple de tout étage En faites-vous voir d'avantage? FABLE X V. La Rofe & le Bouton. 'A Mademoiselle C✶✶✶. L'AVENIR, Un Rofier n'avoit que deux Rofes, Son droit d'aîneffe a pour moi mille attraits: Si douce que mon fort paroît des plus affreux; Fleurie, elle eft indépendante, Au même inftant on me fait taire. Vous vous plaignez, ce qui vous pique Apprenez de moi qu'une Fleur, Au lieu que le Bouton toujours fe fortifie ENVOY. De cette courte allégorie, FA BLE XVI. L'Enfant & le Serpent. Vit un Serpent, Il s'en faifit le croyant une Anguille. Doit-il fubir le moindre châtiment ? Quoi! punir ainfi l'innocence! FABLE X VII. Les Grenouilles. LEs malheurs des Petits touchent bien peu les Grands; On le va voir par cette Fable. Les Grenouilles un jour pouffoient des cris perçans De voir que du Soleil la chaleur redoutable Mettoit à fec tous leurs Etangs. Grand Jupiter, foyez-nous secourable, Difoient-elles, hélas ! des maux que nous fouffrons Votre Fils eft la caufe unique. Taifez-vous. Demain nous verrons, Dit Jupiter à la Gent Aquatique, Pour aujourd'hui je ne puis rien pour vous. Les Dieux ont toujours mille affaires. Les Grenouilles alors redoutant fon courroux Se taifent; mais cela ne les foulageoit guéres. Le lendemain avec certain plaifir, Le Soleil vit les Dames croaffantes A fon afpec s'agiter & gémir Et fe fourer toutes tremblantes Sous les Rofeaux, pour y trouver le frais : |