L'Aftre du Jour darde fur les Marais. Palpitant & presqu'aux abois A Jupiter adreffe fa priere, Qui plus touché que la premiere fois, Lentement fe prépare à redonner la vie A ce peuple affligé. Bref, il vint de la pluye ; Mais il étoit trop tard, autant que je le crois, Obliger promptement c'eft obliger deux fois, Fin du deuxième Livre. FABLES NOUVELLES. LIVRE TROISIÈME. A MADAME L✶✶✶. Ous êtes, aimable Philis, Ce que j'ai de plus cher au monde; Sur vous tout mon bonheur fe fonde, Si vous agréez mes Ecrits, C'en eft affez que tout autre les fronde, Je ne me plaindrai pas de ces événemens. Qui mieux que vous peut juger d'un Ouvrage? あ Vous qui reçûtes en partage On obfcurcit la vérité. On ne fait rien fans partialité, On établit des axiomes Sur les débris de la raifon; Enfin dans le fiécle où nous fommes Les paffions donnent le ton. Mais à cela que puis-je faire ? Rien. Bien d'autres prêchent envain; Vous récréer, vous toucher, & vous plaire; La jeune Anette aimable & faite au tour; Pour tout ce qui fentoit l'amour Avoit une haine fecrette; Au petit mot pour rire, à la moindre Fleurette, N'entendoit rien à ce jeu-là. Un jour dans le fond d'un Bofquet La Belle par pitié le ramaffe foudain, Au même inftant l'Oiseau change de forme. La Bergere s'écrie, ah, Dieux! que vois-je là ! Vous me trouvez donc bien difforme? Dit l'Oiseau métamorphofé, Je fuis l'Amour: ah ! lui répliqua-t'elle, Vous étiez trop farouche, il faut que tout me céde; FABLE PREMIER E. La Couleuvre & la Grenouille. DANS un Marais une Couleuvre Un beau jour fit une bonne œuvre, A la Couleuvre n'offroit rien, Et cherchoit fa bonne fortune, |