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AN. 1551. Ceux de l'empereur,& en dernier lieu les autres théo

logiens, les clercs féculiers précedés des réguliers, & ceux-ci felon l'antiquité de leur ordre. Les articles au nombre de dix étoient: 1°. Que le corps & le fang de Jefus-Chrift ne font pas veritablement dans l'Euchariftie, ni fa divinité, mais feulement comme dans un figne. 2°. Que Jesus-Chrift eft reçu dans l'Eucharistie & mangé spirituellement seulement par la foi, & non pas facramentalement. 3°. Que dans l'Euchariftie le corps & le fang de J.C.font avec la substance du pain & du vin, enforte qu'il n'y a point de transubstantiation, mais feulement l'union hypoftatique de l'humanité & de la substance du pain & du vin; de forte qu'il eft vrai de dire: ce pain eft mon corps, & ce vin eft mon sang. 4°. Que l'Eucharistic a été inftituée pour la feule remiffion des péchés. 5o. Qu'on ne doit pas adorer Jefus-Chrift dans l'Euchariftie, ni l'honorer par des fêtes, ni le porter en proceffion & aux malades, & que ceux qui l'adorent font de vrais idolâtres. 6o. Qu'il ne faut point conferver l'Eucharistie dans le tabernacle, mais qu'il faut la confumer & la donner à ceux qui font préfens: que ceux qui font autrement abusent de ce facrement, & qu'il n'eft permis à perfonne de fe communier foi-même.7°. Que le corps du Seigneur n'eft point dans les hofties, ni dans les particules confacrées qui demeurent après la communion, qu'il n'eft préfent que quand on le reçoit, & non pas devant & après qu'on l'a reçu. 8°. Qu'il eft de droit divin de communier le peuple & les enfans fous les deux efpeces ; & que ceux-là péchent qui obligent le peuple à ne recevoir qu'une

feule efpece. 9°. Qu'il n'y a pas autant fous une feule AN.1551, efpece que fous les deux ; & que celui qui ne reçoit qu'une feule efpece, reçoit moins qu'en recevant les deux efpeces. 10°. Que la foi feule eft une préparation fuffifante pour recevoir l'Euchariftie; & que la confession n'est point nécessaire, principalement aux fçavans; Qu'enfin on n'est point obligé de communier à Pâques.

III. Difpute des

théologiens

dans l'examen

cles.

lib. 12. c. z.

n. I. & 2.

Ces dix articles furent affez vivement débattus dans la congrégation du huitiéme de Septembre: ils furent divifés en deux claffes, l'une de ceux qu'on des dix artidevoit condamner absolument & d'un confente- Pallavic. ment unanime, l'autre de ceux dont la condamnation devoit être accompagnée de quelque déclaration. Le premier, le troifiéme, le cinquiéme & le fixiéme, en ôtant certains termes dont nous parlerons bien - tôt; le feptiéme & le huitiéme, furent compris dans la premiere claffe : le fecond qui difoit que Jefus-Chrift n'eft mangé que fpirituellement & par la foi, & non pas facramentalement; prefque tous regarderent cet article comme fuperflu, & opinerent qu'il le falloit omettre, tant parce qu'il eft compris dans le premier article, que de ce qu'aucun heretique ne nie la communion facramentale. Il y en eut qui déclarerent cet article herétique,voulant qu'on le condamnât en ces termes: que JesusChrist ne se donne pas facramentalement, qu'il ne se donne en même-tems fpirituellement ; & citerent Oecolampade comme auteur de cette opinion. Les avis furent partagés fur le quatriéme article, qui difoit que l'Eucharistie étoit inftituée pour la feule rémission des péchés : les uns le foutenoient catho

AN. 1551. lique, en ôtant le mot de feule, dont les hérétiques ne fe fervent point; mais d'autres penfoient le contraire, & vouloient qu'on le condamnât, foit qu'on laiffat le mot de feule, ou qu'on le retranchât, parce que l'Euchariftie n'eft point inftituée pour remettre les péchés.

La partie du fixiéme article dans laquelle il eft dit, qu'il n'eft pas permis de fe communier foi-même, fit quelque difficulté; car le refte de l'article fut genéralement condamné. Quelques-uns vouloient qu'elle ne fût vraie qu'à l'égard des féculiers, & qu'ainfi on devoit marquer qu'elle n'étoit fauffe que par rapport aux prêtres. D'autres foutenoient qu'elle n'étoit hérétique dans aucun fens ; le fixiéme concile de Carthage dans le canon 101. ne l'ayant point condamnée, & ayant au contraire ordonné à ceux qui fe préfentent pour communier, de recevoir l'Euchariftie dans leurs mains, qu'ils tiendroient en forme de croix, & non point dans des vafes d'or ou d'argent. Enfin les derniers vouloient que le cas de néceffité fût exclu à l'égard des laïques. La condamnation des feptiéme & huitiéme articles paffa fans contredit. Sur le neuviéme où il eft dit qu'une efpece ne contient pas autant que toutes les deux, & que par conféquent celui qui ne communie que fous une efpece, reçoit moins, la premiere partie de l'article fut jugée condamnable, en l'entendant quant au facrement; la feconde ne fut pas jugée hérétique par quelques-uns, en l'entendant de la grace dont on reçoit plus fous les deux efpeces que fous une feule, mais il y en eut d'un avis contraire; & quelques-uns demandoient qu'on formât l'article de

telle forte qu'on n'y fit aucune mention de grace ; AN.15518
mais feulement du facrement, pour éviter toutes les
difputes fcholaftiques. Ainfi l'article eut befoin d'ex-
plication.

Le dixiéme article qui concernoit la foi comme la feule préparation à l'Eucharistie, enforte que la confeffion n'étoit point nécessaire, & où l'on nioit l'obligation de communier à Pâques : la premiere & la troifiéme partie furent fimplement condamnées de tous, c'est-à-dire la foi comme feule préparation fuffifante, & la communion pafcale; mais il n'en fut pas de même de la feconde qui regardoit le précepte de la confeffion avant que de recevoir I'Euchariftie. Les uns difoient qu'il n'étoit pas néceffaire de fe confeffer pour communier dignement, quand on manque de confeffeur,quoiqu'on foit coupable de péché mortel; mais que la contrition fuffit avec le vœu de la confeffion qu'on fera dans fon tems: & de-là ils concluoient qu'on ne devoit pas condamner cette propofition. Mais d'autres prétendoient que la confeffion étoit simplement néceffaire, & qu'ainfi l'énoncé dans l'article étoit hérétique, & qu'on devoit le condamner comme tel. Enfin les derniers propofoient pour temperament, de retrancher le mot d'hérétique, & de qualifier la propofition d'erronée, de fcandaleufe, conduifant à la perte manifeste des ames, & ouvrant la porte à beaucoup de communions indignes, & affuroient que ce n'étoit qu'en ce fens-là qu'on pouvoit la condamner. Melchior Canus s'oppofa à la condamnation de cet article, témoignant que la doctrine qu'il conte noit avoit été enseignée par le Cardinal Cajetan, le

AN.1551. pape Adrien VI.& l'évêque de Rochester, dans l'ar

IV

Avis du lé

articles.

Pallavic.

lib. 12. cap. 2. n. 9.

ticle feiziéme contre Luther, pàr Paludanus, Richard, Theophylacte, faint Jean Chrysostome, Panorme, & d'autres. Et le même Canus ajoûta que ce n'étoit pas là toutefois fon fentiment, la tradition de l'église étant contraire à cette propofition, d'où il conclut qu'il laiffoit à la prudence du concile à la condamner; mais qu'il ne croyoit pas qu'on dût la qualifier d'hérétique. Martin Olavius procureur du cardinal d'Ausbourg dit qu'il croyoit que la confef fion devoit précéder la communion pour éviter les divers abus qui s'enfuivroient, mais qu'il ne jugeoit pas qu'on dût la décider comme néceffaire. Ambroise Pelargue vouloit qu'on ajoûtât cette clause,si l'on a la commodité d'un confeffeur.François Villarva Hieronymite & théologien de l'archevêque de Grenade dit, que cette obligation n'étoit pas fondée fur un précepte divin, mais feulement fur une loua, ble & preuse coûtume de l'églife. Cela fut cause qu'on ne détermina rien pour lors.

Ces différens avis & les réponses des théologiens. gat fur la con- ayant été recueillis, furent communiqués aux peres. damnationdes du concile dans les deux congrégations du dix-feptiéme & duvingt & uniéme de Septembre pour procéder à la condamnation de ce qu'il y avoit de mauvais dans les articles; mais avant que de prononcer: les anathêmes, le légat jugea à propos de don-ner quelques avis pour fatisfaire fa confcience. Il dit fur le neuviéme article, qu'il ne croyoit pas qu'on dût définir fi celui qui communie fous les deux efpeces reçoit plus de grace qu'en communiant fous une feule, plufieurs théologiens jugeant cette pro

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pofition

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